L’Allemagne a fait son choix
« L’Europe a plus que jamais besoin d’un gouvernement allemand fort », affirmait le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dans une lettre de félicitations adressée à la chancelière Angela Merkel, qui s’est adjugé un quatrième mandat lors des élections législatives du 24 septembre. Attendu avec intérêt, ce scrutin a amené des modifications dans la hiérarchie du Législatif fédéral.
Corina Cristea, 13.10.2017, 14:33
« L’Europe a plus que jamais besoin d’un gouvernement allemand fort », affirmait le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dans une lettre de félicitations adressée à la chancelière Angela Merkel, qui s’est adjugé un quatrième mandat lors des élections législatives du 24 septembre. Attendu avec intérêt, ce scrutin a amené des modifications dans la hiérarchie du Législatif fédéral.
Les conservateurs ont remporté ce scrutin haut la main, avec 33% des suffrages, un résultat pourtant inférieur de 8,5% à celui de 2013. Invité au micro de Radio Roumanie, le professeur Ioan Bogdan Lefter brosse le tableau politique de l’Allemagne post-électorale. : « Les sociaux-démocrates arrivent en deuxième position et les près de 20% de voix qu’ils ont recueillies leur confèrent un rôle plutôt modeste quand il s’agit d’influencer la gouvernance. En plus, par la voix de Martin Schultz, ils ont fait savoir leur intention de ne plus former de coalition avec les chrétiens – démocrates, comme par le passé. Les quatre partis qui ont récolté ensemble plus de 40% des voix compliquent un peu le jeu. Il s’agit de l’Alternative pour l’Allemagne, la droite ultra radicale, des libéraux, des écologistes et du parti de gauche Die Linke. Etant donné la compatibilité des libéraux et des verts avec l’Union chrétienne-démocrate, c’est probablement de cette zone que sortira une coalition et cela non pas sans difficultés, vu les divergences existantes entre les quatre partis mentionnés ».
C’est l’Union chrétienne-démocrate qui s’est adjugé le plus grand nombre de sièges au Bundestag, mais le score obtenu pendant les récentes législatives reste le plus faible jamais enregistré depuis 1949. Les socialistes ont annoncé que juste après la fermeture des urnes ils passeraient dans l’opposition. Le leader du Parti social-démocrate, Martin Schultz, estime, lui, que la chose la plus déprimante, c’est le renforcement de l’Alternative pour l’Allemagne. « C’est un véritable tournant », a expliqué Schultz, défenseur constant de la politique d’ouverture aux migrants menée par la chancelière Merkel. Le professeur Ioan Bogdan Lefter poursuit son analyse : « Les élections se sont déroulées dans le calme et leur résultats ont été très prévisibles. Reste à résoudre les problèmes liés à la formation de la coalition et à l’entrée au Parlement du parti d’extrême droite. C’est un signal inquiétant, c’est vrai, mais le nombre de voix recueillies par ce parti ne risque pas de mettre en danger la démocratie allemande. On va voir ce qui se passera au Parlement. Mme Merkel demeure un leader de grande envergure. Elle dominera l’Allemagne, l’UE et la politique mondiale dans les années à venir aussi. »
Les analystes s’accordent à dire que les négociations en vue de la constitution du nouveau gouvernement ne commenceront véritablement qu’après le 15 octobre, date à laquelle les conservateurs espèrent remporter les élections locales en Basse-Saxe. Un premier pas vers la création d’une nouvelle coalition, c’est la décision du ministre des Finances, Wolfgang Schaeuble, d’accepter de quitter son poste pour prendre la présidence de la chambre basse du Parlement. Ainsi, une autre formation politique pourra-t-elle désigner un titulaire du poste resté vacant.
Un aspect pas du tout négligeable dans les conditions où le Parti libéral-démocrate, par exemple, a déjà fait connaître son intention d’obtenir ce fauteuil pour entrer dans la coalition dirigée par la chancelière Angela Merkel. Les agences de presse rappellent le fait que Wolfgang Schaeuble est devenu un des politiciens européens les plus influents durant la crise de la dette dans la zone euro.
La chancelière allemande espère que l’autorité de celui-ci confèrera une visibilité accrue à la fonction de président du Bundestag. Ioan Bogdan Lefter explique les retombées, hors des frontières allemandes, des résultats du récent scrutin législatif : « La première chose que je puisse dire, c’est que la stabilité de l’Allemagne profite à l’ensemble de l’Union européenne et au monde entier. Et là je me réfère à la stabilité d’une Allemagne qui s’est très bien portée ces dernières années, plus précisément depuis que Mme Merkel remplit les fonctions de chancelière. Une Allemagne qui dispose d’une économie forte et stable, qui joue un rôle remarquable en tant que médiateur et qui constitue la principale force politique sur le plan euro-atlantique et global. Cette Allemagne qui a tiré profit même des politiques d’austérité censées rétablir l’équilibre dans les économies frappées par la grande crise financière, transformée en crise économique dans les années 2007-2008 ».
Il ne faut pas oublier non plus, ajoute le professeur Lefter, le rôle de Berlin en tant que principale force de négociation et de décision dans plusieurs affaires de politique récente de l’UE, telle la situation de la Grèce et la migration. (Corina Cristea)