Les défis du mandat de la Roumanie à la tête de l’UE
Membre de l’UE depuis janvier 2007, la Roumanie assurera la présidence tournante de l’Union durant le premier semestre de 2019, quelques mois plus tôt que prévu après la décision de Londres de quitter le projet communautaire. Ce sera donc une première et en même temps un défi pour la Roumanie qui, du coup, se verra offrir l’occasion de faire la preuve de ses capacités, opinent les autorités de Bucarest. «On devrait gérer ce projet comme de véritables professionnels, en étant capables d’avancer des solutions de compromis qui paraissent acceptables aussi bien pour les Etats membres que pour les institutions européennes dans leur ensemble».
Corina Cristea, 08.09.2017, 12:28
Membre de l’UE depuis janvier 2007, la Roumanie assurera la présidence tournante de l’Union durant le premier semestre de 2019, quelques mois plus tôt que prévu après la décision de Londres de quitter le projet communautaire. Ce sera donc une première et en même temps un défi pour la Roumanie qui, du coup, se verra offrir l’occasion de faire la preuve de ses capacités, opinent les autorités de Bucarest. «On devrait gérer ce projet comme de véritables professionnels, en étant capables d’avancer des solutions de compromis qui paraissent acceptables aussi bien pour les Etats membres que pour les institutions européennes dans leur ensemble».
Invité à Radio Roumanie, le conseiller présidentiel Leonard Orban, sur les attributions du pays à la tête du Conseil de l’UE: «Il est notamment chargé d’assurer la poursuite des projets en déroulement, qu’il s’agisse de débats législatifs ou de décisions à mettre en place. Ce n’est pas facile puisqu’il faut instaurer la cohésion et le consensus entre les différents membres. A part cela, il est évident que chaque pays présidant le Conseil a ses propres priorités qu’il se voit contraint d’adapter par la suite aux défis du moment et aux évolutions au niveau européen. Car, cela ne sert à rien d’avancer une priorité que l’on n’arrive pas à accomplir. Du coup, compte tenu du contexte politique très compliqué, il ne faut pas créer de fausses attentes pendant la présidence roumaine du Conseil».
Pourquoi un contexte si compliqué? Il suffit de penser au Brexit ou encore aux négociations en marge du prochain cadre financier pluriannuel qui auront lieu dans les six premiers mois de 2019 pour comprendre que la Roumanie n’aura pas une mission facile.
Et ce n’est pas tout, rappelle Leonard Orban : «Pourquoi? D’abord, parce que les futures élections pour le Parlement européen tomberont sous le mandat de Bucarest, ce qui signifie que toute une série de dossiers législatifs devra être menée à bon terme avant le début du mois d’avril. Cela se traduira par une immense pression sur la Roumanie qui devra achever ce processus législatif durant les trois premiers mois de son mandat. Ensuite, il y sera question du futur budget européen d’après 2020. On s’attend donc à ce que de vifs débats aient lieu pendant la présidence tournante de la Roumanie qui se verra obliger de se doter d’une équipe de professionnels véritables. A ces deux défis, d’autres viennent s’ajouter, tel le Partenariat oriental qui constitue une priorité pour Bucarest. Et la liste pourrait continuer car il y a toute une série de sujets et de décisions à prendre pendant le mandat roumain».
A part le Partenariat oriental, plusieurs préoccupations sont liées à la présidence roumaine, notamment l’organisation d’un sommet en Roumanie, la poursuite du processus d’élargissement, la sécurité dans la région de la mer Noire, l’évolution de la stratégie danubienne ou encore la gestion de la vague migratoire.
Autant de défis à relever dans un contexte régional assez trouble, selon le professeur Vasile Puscas qui a mené les négociations d’adhésion de notre pays à l’UE: « Pendant que l’est de l’Europe traverse un processus d’intégration euro asiatique, les esprits s’enflamment dans les Balkans où, pour citer Bob Kaplan, «les revenants semblent de retour». Entre temps, des régimes autocratiques sont en place dans le nord et le nord-ouest du continent. Tout cela pour dire que sans avoir enregistré de succès importants pendant ses 10 ans et 4 mois au sein de l’Union, la Roumanie se verra enfin offrir la chance de faire la preuve de son attachement au projet d’intégration européenne. Si on arrive à se montrer actifs pendant ce mandat, on aura l’opportunité de booster notre économie et de construire une société équilibrée sous tous les aspects, ce qui nous permettra d’avancer des initiatives crédibles, à même de se voir mises en place. Car tous les yeux seront rivés sur nous pour voir si on arrive ou pas à mettre en place nos projets. Une fois que la Roumanie fera une priorité de la mise en place des politiques européennes, ses projets européens resteront crédibles.».
Dans la perspective du futur mandat européen de la Roumanie, le gouvernement de Bucarest a décidé de la création d’un Conseil national chargé des préparatifs et de l’exercice de la présidence de l’Union, tandis qu’un département spécialement consacré à ce projet a vu le jour au sein du ministère des Affaires étrangères.