L’UE, quelle direction?
L’émergence du populisme à travers l’Europe et les États-Unis, la crise provoquée par le Brexit, les défis que pose la nouvelle administration américaine par rapport aux règles commerciales – ce sont là autant de sujets d’inquiétude pour la chancelière allemande et le président français qui se sont retrouvés récemment à Berlin pour une rencontre bilatérale. « L’Europe se confronte à de grands défis intérieurs et extérieurs qui ne peuvent être relevés que si les Etats membres, les institutions européennes, les principaux acteurs économiques et la société civile se disent prêts à coopérer afin d’assurer la stabilité et la prospérité des citoyens européens », ont lancé à l’unisson les deux leaders dans un discours pro-unité.
Corina Cristea, 03.03.2017, 12:39
L’émergence du populisme à travers l’Europe et les États-Unis, la crise provoquée par le Brexit, les défis que pose la nouvelle administration américaine par rapport aux règles commerciales – ce sont là autant de sujets d’inquiétude pour la chancelière allemande et le président français qui se sont retrouvés récemment à Berlin pour une rencontre bilatérale. « L’Europe se confronte à de grands défis intérieurs et extérieurs qui ne peuvent être relevés que si les Etats membres, les institutions européennes, les principaux acteurs économiques et la société civile se disent prêts à coopérer afin d’assurer la stabilité et la prospérité des citoyens européens », ont lancé à l’unisson les deux leaders dans un discours pro-unité.
On ne saurait pourtant ignorer les aspects financiers qui pèsent lourd dans le contexte actuel. L’union économique et monétaire repose sur une coordination des politiques fiscales des Etats membres, sur une politique monétaire commune et la circulation d’une monnaie unique – l’euro. Pourtant, il est important de préciser que malgré un effort collectif pour préserver un marché européen commun, il reste parmi les 28 des pays tels la Grande Bretagne, le Danemark et la Suède qui ont refusé leur passage à l’euro, tandis que d’autres n’accomplissent pas encore les critères d’adoption. La dernière crise économique a mis en évidence les défaillances de la monnaie unique, opine l’économiste Joseph Stiglitz, lauréat du Prix Nobel. A son avis, susceptible d’amener plutôt des divergences que des convergences, la structure d’organisation européenne actuelle est incapable de relever les défis posés par l’existence d’un groupe hétérogène de pays, utilisant la même monnaie, alors que l’intégration économique est surclassée par l’intégration politique.
Après avoir démontré, l’an dernier, sa capacité à tenir tête aux problèmes mondiaux, l’économie européenne devrait poursuivre sa reprise cette année et en 2018: pour la première fois depuis près de dix ans, les économies de tous les États membres de l’UE devraient croître sur l’ensemble de la période (2016, 2017 et 2018), selon les prévisions d’hiver récemment rendues publiques par la Commission européenne. De l’avis du commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, «l’économie européenne a prouvé sa résistance devant les nombreux chocs qu’elle a subis tout au long de l’année dernière. Bien que la croissance économique se maintienne, le taux de chômage et celui des déficits est à la baisse. Pourtant, vu le degré si élevé d’incertitude, il est important de recourir à tous les instruments politiques afin de soutenir l’économie européenne».
De l’avis des analystes, la cohésion européenne semble menacée aussi bien par la décision de Londres de quitter la grande famille que par d’autres décisions, telles les quotas de réfugiés fixés pour chaque pays. Il arrive de plus en plus souvent que les médias alertent sur la possibilité que d’autres Etats suivent l’exemple de la Grande Bretagne et quittent le bloc communautaire. C’est un aspect qui domine les discours politiques en cette année électorale.
L’eurodéputé Iuliu Winkler, vice-président de la Commission chargée du Commerce international au Parlement européen, explique : « Les mesures contre la crise ont laissé la porte ouverte au populisme, en creusant des failles déjà existantes entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud. Et je pense aux différences par rapport à la culture du travail ou encore par rapport à la rigueur budgétaire ou tout simplement par rapport aux réactions de ceux contrains à passer 50 ans de leur vie du mauvais côté du Rideau de fer. Mais, comme si tout cela ne suffisait pas, l’Europe a reçu un coup encore plus dur il y a deux ans quand elle s’est vue prise d’assaut par des vagues de réfugiés. La crise migratoire a aggravé toutes les autres crises».
Iuliu Winkler rappelle que deux événements majeurs ont marqué 2016: le résultat du référendum britannique et celui des élections américaines. En plus, dans quelques semaines, la première ministre britannique, Theresa May, fera l’annonce officielle du déclenchement du Brexit, un événement lourd de conséquences pour l’UE. Du coup, 2017 s’annonce déjà une année tumultueuse. (Trad. Ioana Stancescu)