Limitations pour un air plus pur
Près d’un demi-million d’Européens meurent chaque année à cause des maladies provoquées par les millions de tonnes de gaz et de particules rejetées dans l’atmosphère suite aux activités humaines : à commencer par le dioxyde de souffre, qui arrive dans les pluies acides qui détériorent les bâtiments et brûlent la végétation et jusqu’aux particules microscopiques qui peuvent provoquer des maladies respiratoires et cardiovasculaires. Et cela même si tout au long des dernières décennies, les émissions polluantes ont considérablement baissé dans de nombreux pays.
Corina Cristea, 09.12.2016, 13:17
Les coûts de la pollution sont estimés à 330 – 940 milliards d’euros par an, somme qui inclut aussi les dégâts économiques directs de 15 milliards d’euros en raison des jours de travail non effectués, 4 milliards d’euros de frais de santé et 3 milliards d’euros de profit en moins engendrées par la faillite des cultures et un milliard d’euros de dégâts sur les bâtiments, selon les chiffres de la Commission européenne.
Tenant compte de tous ces aspects, les décideurs politiques ont constamment cherché des solutions. Une d’entre elles pourrait être, selon les députés européens, la constitution de seuils maximum plus stricts dans les pays européens pour ce qui est des principales émissions polluantes de l’atmosphère. Réunis à Strasbourg, les eurodéputés ont débattu et voté une nouvelle directive dans le domaine qui établit des objectifs nationaux de réduction des émissions pour cinq facteurs polluants de l’air avant 2030, par rapport à 2005 : dioxyde de souffre, oxydes d’azote, composés organiques volatils non méthaniques, ammoniaque et autres particules fines en suspension, c’est-à-dire la poussière fine produite par les véhicules, le transport maritime et respectivement la suie provenant de la combustion interne des moteurs.
Selon l’Agence européenne de l’environnement, ces polluants proviennent de différentes sources, telles le chauffage, l’industrie, les transports, l’agriculture ou bien la production d’électricité. Le Parlement européen a accepté que le méthane soit exclu de la proposition définitive même si celle-ci ne le spécifie pas. De l’avis des spécialistes, même si le méthane existe dans l’atmosphère dans de concentrations moindres que le dioxyde de carbone, il est responsable pour 18% de l’effet de serre généré par les activités humaines.
« La réduction de la pollution s’impose parce qu’elle représente le principal facteur environnemental qui produit des décès au niveau de l’UE » a souligné devant le plénum du Parlement européen, le rapporteur Julie Girling. «Le contexte politique a connu un changement dramatique ces trois dernières année, le thème de la qualité de l’air devenant un sujet sensible à l’agenda public, suite notamment au scandale Volkswagen et du problème des rejets dans des conditions de trafic réel. Peut-être qu’il s’agit aussi du fait que nous nous sommes finalement rendu compte que ces 10 dernières années tous nos efforts avaient été ciblés sur le dioxyde de carbone, négligeant ainsi la qualité générale de l’air », a ajouté Julie Girling.
Julie Girling: « Nous savons déjà depuis un certain temps que l’Europe doit entreprendre quelque chose pour dépolluer l’air et cette prise de conscience est un pas important. C’est une partie de la solution nécessaire pour améliorer la santé de nos citoyens. La pollution de l’air est la principale cause des décès dus à l’environnement dans l’UE. Plus de 400 mille personnes meurent prématurément et beaucoup de personnes sont vulnérables et ont besoin de médicaments et d’hospitalisation. La pollution atmosphérique touche également l’environnement par les dépôts acides. En décembre 2013, la Commission européenne a publié la directive sur la qualité de l’air et a fixé des objectifs pour réduire les émissions d’ici 2030 dans tous les Etats membres. A mon avis, c’est un problème que l’on doit résoudre au niveau de l’UE, la contamination de l’air ne connaissant pas de frontières. Je pense que de meilleurs règlements visant la qualité de l’air sont nécessaires et on doit les promouvoir. »
« Il s’agit là d’une urgence de santé publique et entre 2020 et 2030 nous améliorerons les résultats de 50%. Ce qui signifie que 200 mille personnes ne mourront plus prématurément chaque année, ce qui est d’une importance capitale » – soulignait encore le rapporteur Julie Girling, en juillet dernier, après le vote de la Commission Environnement. Une certaine flexibilité dans le respect des limites fixées est prévue, mais uniquement dans certaines conditions. Ainsi, par exemple, si pendant une certaine année, un Etat membre n’a pas pu respecter ses engagements en raison d’un hiver très rude ou d’un été très sec, le pays en question pourra calculer la moyenne de ses émissions annuelles pour l’année en cours, l’année précédente et l’année à suivre.
En même temps, les Etats membres sont appelés à introduire dans leurs programmes nationaux de contrôle de la pollution atmosphérique des mesures applicables à tous les secteurs économiques concernés, y compris l’agriculture, l’industrie, les transports routier et naval interne, mais aussi le chauffage des logements. « Je pense que ce vote est un pas dans la bonne direction. Ce n’est pas la solution parfaite, mais elle marque le début d’un long chemin à parcourir pour améliorer de manière significative la santé de nos citoyens » – a ajouté le rapporteur européen. Selon le commissaire européen à l’énergie et au climat, Miguel Arias Canete, les résultats auxquels on a abouti sont une grande réussite, ayant des effets positifs sur la santé des Européens. Ils permettront d’éviter la moitié des décès prématurés et certaines maladies d’ici 2030. Ces mesures non seulement seront bénéfiques pour les citoyens, mais elles ouvriront également la voie à l’application de la version amendée du protocole de Göteborg, ce qui aura un impact sur les pays touchés et sur la pollution transfrontalière. (Trad. : Alex Diaconescu, Dominique)