Ralentir les changements climatiques
Signé en 2015 par presque 200 pays et ayant comme but de limiter la croissance de la température de la Terre, l’Accord de Paris sur les changements climatiques devrait entrer en vigueur au mois de novembre. Cet accord international qui établit les règles directrices de l’approche mondiale des changements climatiques après 2020 est le troisième document significatif de ce domaine, après la Convention cadre des Nations Unies relative aux changements climatiques de 1992 et le Protocole de Kyoto de 1997.
Corina Cristea, 21.10.2016, 14:45
A Washington, le président Barack Obama a confirmé que l’accord entrera en vigueur au mois de novembre suite à son adoption par quelques-uns des pollueurs les plus grands du monde. « Les Etats-Unis et la Chine, les plus grandes économies au monde et les plus importants émetteurs de polluants, ont rejoint cet accord et aujourd’hui le monde a officiellement traversé un seuil pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Aujourd’hui, le monde entier a franchi ce pas, selon lequel si nous suivons les engagements mentionnés, cet accord pourrait entrer dans l’histoire comme un repère majeur de notre planète », affirme le leader de la Maison Blanche, selon lequel le document signé à Paris est la meilleure chance de sauver l’unique planète que nous possédons ».
A Bucarest, le professeur des universités Mircea Dutu rappelle le contexte dans lequel cet accord survient, et fait le point sur les changements climatiques des dernières années : « Il faut admettre que malgré certaines opinions, selon lesquelles nous assistons à un ralentissement des changements climatiques, en réalité la vitesse de ceux-ci n’a pas baissé et dans des périodes quand des phénomènes mondiaux sont apparus, tels El Nino ou la Nina, les températures moyennes ont certes connu des fluctuations, surtout dans le sens de leur progression au-delà des moyennes normales. En tout cas, depuis 2000, nous assistons aux 10 années le plus chaudes de l’histoire des enregistrements météorologiques et que les événements climatiques extrêmes tiennent à devenir la règle. Voilà pourquoi des personnes évoquent des anomalies climatiques, d’autres parlent de changements climatiques et d’autres encore, plus pessimistes, parlent d’un changement total du climat qui a existé jusqu’au milieu du siècle dernier, jusqu’aux années 1960. En fait, il faut également remarquer que vu que le taux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère a dépassé le seuil critique des 400 parts de million, nous devons nous attendre, en l’absence d’autres facteurs perturbateurs, à une progression de la température moyenne à travers le monde. Afin de ne pas arriver à un déséquilibre censé engendrer des anomalies climatiques et modifier radicalement les conditions de vie de l’Humanité, des actions ont été entreprises au niveau international. Le premier signal et document ferme en ce sens a été conclu à Rio en 1992 : la convention-cadre relative aux changements climatiques. A cela vient s’ajouter l’expérience du protocole de Kyoto et le problème des actions à entreprendre post-Kyoto ».
Par rapport au précédent accord de l’ONU relatif au réchauffement climatique, le Protocole de Kyoto de 1997, qui a nécessité huit ans pour entrer en vigueur et qui visait uniquement les pays industrialisés, l’Accord de Paris sera rapidement appliqué. Peut-être aussi parce que selon les projections de l’ONU, selon la tendance actuelle, les températures moyennes devraient augmenter de 3 degrés Celsius ou plus et cela avant 2100. Mais l’année 2016 devrait être la plus chaude depuis le début de l’enregistrement de ces chiffres au 19e siècle. Qu’apporte de nouveau l’accord de Paris ? Ecoutons à nouveau l’académicien Mircea Dutu : « L’accord de Paris signé par 195 Etats membres constitue le premier succès d’une négociation déroulée sous l’égide de l’ONU après l’an 2000, donc au 21e siècle. Son ampleur est universelle et sa nature de droit international lui permet d’être appliquée aussi au droit interne même si c’est un accord notamment politique. Ce qui est sans précédent, c’est le fait que la société civile se retrouve engagée et mobilisée aux côtés des pays pour réaliser les objectifs fixés : limiter la majoration de la température mondiale à deux degrés Celsius par rapport au niveau d’avant la révolution industrielle et s’il est possible à 1,5 degrés. On envisage également de neutraliser les émissions de gaz à effet de serre à partir de 2050. En même temps, l’accord établit des contributions nationales volontaires qui seront révisées tous les 5 ans. Assumé par consensus, l’accord de Paris comporte également une série de lacunes majeures. D’abord il n’est pas obligatoire, les contributions nationales demeurent volontaires, aucun mécanisme de vérification n’a été prévu et le tout s’appuie sur la transparence et l’attitude des pays visant le respect des obligations assumées. »
Pour ce qui est de la Roumanie, le professeur Mircea Dutu rappelle que ce pays ne se confronte pas à des problèmes relatifs à l’adoption et au respect des engagements de faire baisser les émissions de gaz à effet de serre. Pour ce qui est du taux de l’énergie renouvelable sur la consommation totale, la Roumanie a également dépassé les objectifs proposés et dispose des capacités nécessaires pour mener à bien les objectifs européens de ce domaine. (Trad. Alex Diaconescu)