Défis sécuritaires dans la région de la Mer Noire
L’adhésion, début juillet, du Monténégro à l’Alliance Atlantique pourrait créer les prémisses d’un retour à la stabilité à long terme dans les Balkans, ont souligné à Bucarest les responsables de l’OTAN, dans le cadre d’une conférence ciblée sur des questions sécuritaires. A présent l’OTAN est confrontée aux pires défis et risques depuis la fin de la guerre froide et traverse, pour la première fois dans son histoire, une période marquée de menaces majeures venues de deux directions stratégiques différentes.
Corina Cristea, 10.06.2016, 14:20
L’adhésion, début juillet, du Monténégro à l’Alliance Atlantique pourrait créer les prémisses d’un retour à la stabilité à long terme dans les Balkans, ont souligné à Bucarest les responsables de l’OTAN, dans le cadre d’une conférence ciblée sur des questions sécuritaires. A présent l’OTAN est confrontée aux pires défis et risques depuis la fin de la guerre froide et traverse, pour la première fois dans son histoire, une période marquée de menaces majeures venues de deux directions stratégiques différentes.
L’assistant au secrétaire général de l’OTAN, Sorin Ducaru explique : « La principale menace vient de la Russie, qui continue à enfreindre certaines réglementations de la législation internationale. Elle est amplifiée par l’instabilité au Proche Orient et dans le nord de l’Afrique, des zones situées à proximité des frontières de l’OTAN. Une autre menace est constituée par l’organisation ‘Etat islamique’ ou Daesh, qui recrute un nombre de plus en plus important de combattants dans la région, qui tente de créer des cellules terroristes et d’obtenir des armes utilisés dans des attentats terroristes partout en Europe. »
« Le mélange entre Etats faibles et affaiblis, tensions régionales, politiques et religions radicales, terrorisme et, pas en dernier lieu, l’immense vague de réfugiés demande une approche complexe » a également expliqué Sorin Ducaru. 5,5 millions d’euros, c’est le montant que l’Alliance Atlantique s’est engagée à allouer à la région des Balkans durant les quatre années à venir pour la transformer en une zone tampon à ses frontières et espérant ainsi d’estomper les effets des événements déroulés sur ses flancs méridional et oriental. La Serbie, la Macédoine et la Bosnie sont déjà impliquées dans des projets d’aide d’urgence aux populations civiles et, si besoin en est, de neutralisation des armes chimiques et nucléaires, de lutte contre la menace informatique et même dans des actions militaires. L’OTAN disposera de davantage de troupes déployées sur le territoire de la Pologne après le sommet de juillet, vient par ailleurs d’annoncer le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, à Varsovie. Le sommet se déroule à un moment crucial, lorsque les défis sécuritaires dans l’est et le sud sont les plus sérieux des dernières décennies, a affirmé le responsable de l’OTAN, selon lequel, le sommet de Varsovie constituera un tournant, puisque les Etats décideront notamment du renforcement de la capacité de dissuasion et de défense de l’Alliance : « Nous avons décidé d’améliorer la présence sur le flanc est de l’Alliance. Il s’agira d’une présence multinationale tournante. Nous mettons sur la table des propositions claires de la part de nos planificateurs militaires. Mais nous évaluons toujours le nombre exact et l’endroit où seront déployées les troupes de l’OTAN et une décision en ce sens sera adoptée avant le sommet de juillet. »
Une autre décision attendue au sommet de Varsovie sera celle d’amplifier les efforts des alliés de projeter la stabilité au-delà des frontières de l’OTAN, affirme Stoltenberg. Cela se traduit par l’appui de l’Alliance pour des partenaires tels l’Ukraine, la République de Moldova et la Géorgie, à l’est, et pour l’Irak, la Jordanie et la Tunisie, au sud. Pour ce qui est du bouclier antimissile américain, dont certains éléments se trouvent à Deveselu en Roumanie et qui ont amené le leader du Kremlin à affirmer que la Roumanie, tout comme la Pologne, pourrait désormais se retrouver dans la portée des missiles russes, Jens Stoltenberg a souligné le caractère défensif de celui-ci et le fait qu’il ne visait pas la Russie.
Jens Stoltenberg : « Le système antimissile n’est pas ciblé sur la Russie, mais sur des menaces extérieures à la région euro-atlantique. Le nombre des intercepteurs est trop réduit, ils sont placés soit trop au sud, soit trop près des frontières russes pour qu’ils soient capables d’abattre des missiles intercontinentaux russes. Donc ce système ne vise pas la Russie. C’est un système défensif et ce mot signifie défense. Toute action de la part de la Russie serait absolument injustifiée parce qu’ils savent que le bouclier anti-missile ne les vise pas. »
Le responsable de l’OTAN a également expliqué le fait que les intercepteurs déjà installés en Roumanie et ceux qui seront déployés en Pologne ne disposaient pas d’une capacité offensive, mais uniquement de celle d’intercepter d’éventuels missiles lancés depuis l’extérieur de l’espace euro-atlantique. A Bucarest, dans le cadre d’une conférence sur la sécurité, l’ex-ministre des affaires étrangères Sergiu Celac a nuancé les récentes déclarations de Moscou : « Toutes ces déclarations doivent être analysés dans le calme. En fait elles ne nous concernent pas, mais sont dues au fait que le territoire de la Roumanie accueille des installations et des facilités qui appartiennent à l’ensemble de l’Alliance Atlantique. »
Au sommet de l’OTAN de Varsovie, la Roumanie plaidera pour une attention particulière accordée à la Mer Noire, une région qu’elle juge cruciale pour la sécurité régionale et euro-atlantique. (Alex Diaconescu)