Deveselu, un point sur la carte sécuritaire
Selon un accord conclu en 2011 entre la Roumanie et les Etats Unis, la composante de Deveselu (sud) du bouclier antimissile est entrée dans une nouvelle étape, étant déclarée opérationnelle à la mi-décembre 2015. Le système dispose d’intercepteurs de missiles balistiques de type SM3, avec pour rôle de couvrir le sud-est de l’Europe. Après l’admission à l’OTAN en 2004, le système est le projet le plus important pour la protection du territoire et de la population de la Roumanie devant des menaces concrètes.
Corina Cristea, 08.01.2016, 13:23
Selon un accord conclu en 2011 entre la Roumanie et les Etats Unis, la composante de Deveselu (sud) du bouclier antimissile est entrée dans une nouvelle étape, étant déclarée opérationnelle à la mi-décembre 2015. Le système dispose d’intercepteurs de missiles balistiques de type SM3, avec pour rôle de couvrir le sud-est de l’Europe. Après l’admission à l’OTAN en 2004, le système est le projet le plus important pour la protection du territoire et de la population de la Roumanie devant des menaces concrètes.
La correspondante de Radio Roumanie à Washington, Doina Saiciuc : « La Roumanie est devenue le premier pays du monde à accueillir un système d’intercepteurs terrestre équipé de missiles SM 3 capables de détruire des missiles balistiques de courte et de moyenne portée. 24 missiles SM 3 ont été installés à Deveselu, qui défendront le flanc sud-est de l’OTAN face à une menace balistique. Le système américain de défense antimissile en Europe a été conçu en étapes, la première concernant la protection de certaines parties de l’Europe du sud-est par le déploiement de systèmes radar et d’intercepteurs SM 3 en place sur des navires. Une base radar avancée a également été installée qui détectera le lancement de missiles dès la phase ascendante de la trajectoire. La deuxième étape concerne l’élargissement de la protection des alliées de l’OTAN en rendant opérationnelle une nouvelle génération d’intercepteurs SM 3, censés permettre le lancement à partir du sol, et d’une nouvelle base radar. Dans la 3e étape, à l’horizon 2018, la couverture du système s’élargira à tous les membres européens de l’OTAN par l’emplacement d’une nouvelle base terrestre dans le centre de l’Europe, en Pologne, et aussi par la continuation du processus de développement de nouveaux missiles SM 3 installés en mer et sur le sol. »
L’ambassadeur Bogdan Aurescu, négociateur en chef de Bucarest de l’accord sur l’emplacement en Roumanie du système américain antimissile, rappelle qu’en septembre 2009 le président Obama annonçait la modification du concept de système antimissile. Le nouveau concept s’appuyait sur une vision différente de celle du système antimissile promu par l’administration républicaine antérieure, impliquant, donc, aussi un emplacement différent pour ces éléments du bouclier. Il s’ensuit que le binôme Pologne-République tchèque ainsi que le type d’intercepteur appelé « Ground-based Interceptor » ont cédé la place au binôme Roumanie-Pologne et au système de missiles intercepteurs appelé « Standard missile 3 », qui détruit les missiles hostiles par la force cinétique, sans autre charge explosive, nucléaire ou autre. Quelles ont été les raisons pour lesquelles la Roumanie a été choisie comme site pour installer le système antibalistique américain ?
Bogdan Aurescu : « La Roumanie a été choisie parce que ce pays était – et il l’est toujours – le mieux adapté au besoin de protéger les territoires, les populations et les forces alliées contre d’éventuelles missiles hostiles lancés depuis l’extérieur de l’espace euro-atlantique, notamment depuis la région du Proche Orient. La décision d’installer ce bouclier en Roumanie a été prise non seulement pour les avantages géographiques mais aussi en raison de la stabilité politique et sociale du pays et parce que nous avions déjà commencé à construire ce partenariat stratégique bilatéral très important. »
A l’est de la Roumanie, la Fédération de Russie ne voit pas d’un bon œil la construction du bouclier anti-missile qu’elle qualifie de menace à son adresse. Malgré les déclarations relatives au caractère défensif de celui-ci, faites tant à Bucarest qu’à Washington, Moscou a déclaré plusieurs fois que le déploiement du bouclier antimissile modifierait l’équilibre stratégique mondial et risquerait de créer des menaces à l’adresse de sa sécurité. La Russie serait ainsi obligée à y répondre.
Bogdan Aurescu : « Ces déclarations de la Fédération de Russie ne sont pas nouvelles. Elles sont apparues dès le moment où ce projet a commencé à prendre forme d’une manière plus consistante. Mais ces menaces que Moscou fait constamment ne devraient pas nous inquiéter parce que la Roumanie en tant que pays membre de l’Alliance de l’Atlantique nord est plus protégée qu’elle ne l’a jamais été dans toute son histoire moderne et contemporaine. D’un autre point de vue, nous avons les garanties que le Partenariat stratégique avec les Etats Unis nous le confère. En fin de compte, ces menaces que la Russie exprime incessamment et qui sont clairement démontées par les arguments que la Roumanie, les Etats-Unis et l’OTAN ont constamment offerts à Moscou directement et publiquement, ne font que confirmer le fait que, par une présence américaine permanente à Deveselu, Bucarest ne repassera jamais sous une autre sphère d’influence ».
Et Bogdan Aurescu d’ajouter que celui-ci est le plus important élément symbolique apporté à la Roumanie par le projet du bouclier anti-missile. (Trad. Ligia Mihaiescu, Alex Diaconescu)