Les priorités de la diplomatie roumaine
En matière de politique étrangère, la priorité absolue de la diplomatie de Bucarest reste le soutien au parcours européen de la République de Moldova, a précisé le premier ministre Victor Ponta. Près de 25 ans après la proclamation de son indépendance à l’égard de Moscou, ce pays à population roumanophone majoritaire, engagé sur la voie européenne, doit relever plusieurs défis internes et géostratégiques. Le pays est confronté à de graves difficultés économiques et alors que certains de ses citoyens continuent d’aspirer à l’union avec la Roumanie, d’autres regardent plutôt vers la Russie. Par la signature en 2014 de l’Accord d’association avec l’UE, la République de Moldova avait obtenu la libéralisation du régime des visas pour ses ressortissants.
Corina Cristea, 18.09.2015, 13:39
En matière de politique étrangère, la priorité absolue de la diplomatie de Bucarest reste le soutien au parcours européen de la République de Moldova, a précisé le premier ministre Victor Ponta. Près de 25 ans après la proclamation de son indépendance à l’égard de Moscou, ce pays à population roumanophone majoritaire, engagé sur la voie européenne, doit relever plusieurs défis internes et géostratégiques. Le pays est confronté à de graves difficultés économiques et alors que certains de ses citoyens continuent d’aspirer à l’union avec la Roumanie, d’autres regardent plutôt vers la Russie. Par la signature en 2014 de l’Accord d’association avec l’UE, la République de Moldova avait obtenu la libéralisation du régime des visas pour ses ressortissants.
En outre, Chişinău doit faire face aux défis issus du contexte régional, celui de la crise ukrainienne. Aux côtés de la Roumanie, son principal allié, la République de Moldova met en place d’importants projets économiques et culturels. C’est ce qui explique la sollicitation adressée aux diplomates roumains par le chef du cabinet de Bucarest: « La République de Moldova a besoin de notre appui, y compris de notre soutien diplomatique. Voilà pourquoi, toutes les fois que vous en aurez l’occasion, je vous prie de vous battre pour défendre les intérêts de la République de Moldova, comme vous le faites pour la Roumanie. C’est là, à mon sens, une position légitime et correcte. En plus, je trouve que ce pays a plus que jamais besoin de notre aide. »
En sa qualité de membre de l’OTAN et de l’UE, la Roumanie a dû affronter maints défis géostratégiques relevant du voisinage élargi, a pour sa part précisé le chef de la diplomatie de Bucarest, Bogdan Aurescu : « Nous ne pouvons pas ignorer le véritable couloir d’instabilité qui s’est créé autour des deux organisations dont nous faisons partie, avec de nombreux points chauds, depuis l’agression de la Fédération de Russie en Ukraine et la modification de l’équilibre sécuritaire dans la région de la Mer Noire suite à l’occupation illégale et à la militarisation de la Crimée, jusqu’à l’escalade du phénomène terroriste, en passant par le défi toujours croissant de la migration illégale, les différentes crises et l’instabilité des structures étatiques dans le sud. Se trouvant à la frontière orientale de l’UE et de l’OTAN, la Roumanie a le devoir et la responsabilité de s’investir pleinement pour promouvoir la stabilité, la démocratie et la prospérité »
La question des migrants a également figuré parmi les points forts des discussions. L’Europe tout entière s’efforce de trouver une solution commune à la crise des réfugiés. Engagée elle aussi dans l’effort visant à gérer cette crise, la Roumanie réaffirme sa solidarité avec les autres pays membres de l’UE. Elle rejette toutefois les quotas obligatoires pour accueillir des réfugiés, plaidant en faveur des quotas volontaires. Aucun pays européen ne saurait y être obligé, Klaus Iohannis : « Il existe aussi d’autres moyens par le biais desquels les pays qui refusent ces quotas obligatoires peuvent faire preuve de solidarité. La Roumanie n’est pas un pays xénophobe, ni séparatiste. Nous souhaitons contribuer à résoudre cette question. Reste à voir comment nous pouvons le faire. Si nous accueillons des immigrants, il faudra tout assumer depuis leur hébergement jusqu’à leur insertion sociale, en passant par la scolarisation des enfants et l’apprentissage du roumain».
Le président Iohannis a demandé aux diplomates roumains de s’investir davantage dans la promotion des intérêts économiques de Bucarest. Le chef de l’Etat a plaidé à nouveau pour l’entrée de la Roumanie dans l’espace Schengen, un espace qui ne fonctionne pourtant pas en ce moment selon le président Iohannis : « L’adhésion à Schengen continuera de figurer parmi nos objectifs. Hormis l’accomplissement des critères requis, il est important de souligner que l’inclusion de la Roumanie dans cet espace contribuera au renforcement de la sécurité des frontières extérieures de l’Union. »
Les diplomates ont également évoqué les moyens par lesquels la Roumanie peut attirer des investissements étrangers et devenir plus attractive du point de vue touristique. Mihai Daraban, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Roumanie, au siège de laquelle s’est déroulé le dialogue sur des thèmes économiques de la réunion annuelle de la diplomatie roumaine, a souligné que la diplomatie économique de Bucarest devrait se concentrer sur la promotion des capitaux roumains dans l’Union Européenne.
Le temps est venu pour Bucarest de revigorer ses relations économiques avec le monde extra-communautaire aussi. Cela ne veut pas dire diminuer le segment communautaire, mais il est absolument nécessaire de redoubler d’efforts pour mettre en valeur le potentiel qu’offrent d’autres régions. Et en ce cas, la Roumanie pourrait utiliser aussi son statut de membre de l’UE. (trad. Mariana Tudose, Alex Diaconescu )