Projets spatiaux réalisés avec la participation de la Roumanie
Réunis début décembre à Luxembourg, les représentants des pays membres de l’Agence spatiale européenne (ESA) sont parvenus à ce qu’ils ont nommé “l’accord historique” sur la construction d’une nouvelle fusée, Ariane 6. Il s’agit d’un vaisseau spatial plus compétitif que les modèles précédents et qui devrait être lancé en 2020. Il aura pour mission entre autres d’envoyer dans l’espace des satellites scientifiques ou des sondes spatiales et de placer des satellites télécoms ou télévision, par exemple.
Corina Cristea, 19.12.2014, 13:32
L’Europe s’est engagée à financer à hauteur de 4 milliards d’euros ce projet, qui inclut aussi la construction d’une nouvelle base de lancement en Guyane française et le développement d’un lanceur de petite taille. L’enveloppe prévue par l’UE pour ses lanceurs spatiaux est de 8 milliards de dollars pour les dix années à venir. L’objectif visé est celui de faire face à une concurrence toujours plus acerbe sur le marché international des lancements de satellites.
A présent, la compagnie privée américaine SpaceX lance des satellites à l’aide des fusées Falcon 9, ce qui lui coûte entre 49 et 68 millions d’euros. La Chine et l’Inde seront elles aussi des compétiteurs importants dans les dix ans à venir. La Chine a réussi à poser sur la Lune son robot d’exploration baptisé le « Lapin de Jade », tandis que l’Inde a placé sa sonde spatiale Mangalyaan en orbite de Mars, avec un budget 10 fois inférieur à celui utilisé par la sonde américaine Maven de la NASA.
“C’est une grande réussite”, déclarait Jean-Jacques Dordain, directeur général de l’Agence spatiale européenne, lequel rappelait que l’accord avait été obtenu au bout de plusieurs mois de négociation, tout particulièrement entre la France et l’Allemagne, qui seront les principaux contributeurs au programme Ariane 6. La France sest engagée à hauteur de 52% et lAllemagne de 22%.
Entrée en service en 1996, l’actuelle fusée européenne, Ariane 5, a conquis 50% du marché des lancements de satellite. Elle a déjà accompli avec succès 62 missions. Ariane 6 devrait englober plusieurs technologies développées par les partenaires européens afin de construire une fusée modulaire facile à configurer pour répondre aux besoins de chaque mission.
La Roumanie, qui se retrouve parmi ces partenaires, a conclu en 1992 son premier accord avec l’Agence spatiale européenne. Depuis janvier 2011 elle est membre de l’ESA. Cette organisation internationale basée à Paris compte 20 pays membres: Autriche, Belgique, République Tchèque, Danemark, Suisse, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Grande-Bretagne, Norvège, Pays-bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Espagne et Suède.
Hormis sa participation au développement de la fusée Ariane 6, lors de la récente réunion de Luxembourg, la Roumanie s’est jointe à ses partenaires européens pour financer la Station Spatiale Internationale. De ce fait, Bucarest devient co-propriétaire de ladite station, aux côtés de 11 autres Etats d’Europe et des partenaires internationaux, à savoir les Etats-Unis, le Canada, la Fédération de Russie et le Japon. De l’avis du ministre roumain délégué à la recherche, Mihnea Costoiu, l’acceptation de la Roumanie dans ce programme représente une chance pour l’industrie spatiale nationale.
Voici ce que déclarait à Radio Roumanie l’ancien astronaute Dumitru Prunariu, à présent membre du Conseil d’administration de l’Agence spatiale roumaine: « Les bénéfices portent notamment sur la possibilité de réaliser des expérimentations qui mises à profit au niveau européen peuvent produire à un moment donné des bénéfices non seulement scientifiques, mais aussi matériels, importants pour la Roumanie. Ce qui plus est, le simple fait dy être présents, est synonyme du statut de membre dun autre club de décision au sujet de ce qui se passera dans un avenir pas trop lointain avec la station spatiale internationale Cette participation nous donne la possibilité de proposer des choses nouvelles et dutiliser cette partie de la station spatiale internationale au bénéfice de la Roumanie. »
« Limplication de la Roumanie dans ces programmes prouve le fait que le potentiel roumain dans la recherche et linnovation commence à produire des résultats concrets et que les investissements dans ce domaine sont légitimes et justifiés » affirment les spécialistes roumains. Selon le président de lAgence spatiale roumaine, Marius Ioan Piso, la Station spatiale internationale sera un excellent laboratoire pour tester les nouvelles technologies pour des missions spatiales de basse orbite, mais aussi pour des missions dexploration du système solaire.
Quels sont les prochains projets de lESA à participation roumaine? Marius Ioan Piso : « Il y en a plusieurs. Des missions telles Proba 3, qui réalisera dans lespace un télescope long de 144 mètres, utilisé pour la détection des objets potentiellement dangereux qui se déplacent depuis le Soleil tout en occultant cet astre. Un autre projet prévoit le lancement dun engin censé orbiter un astéroïde double et dévier la trajectoire dune des composantes de cet astéroïde. La contribution de la Roumanie sera assez sérieuse, entre 40 et 45% de ce projet. »
La Roumanie peut être un acteur important sur le marché des nano-satellites à but commercial, avec un rôle de plus en plus important pour les applications spatiales et terrestres. La première expérimentation spatiale à participation roumaine date de 1972 et elle a été déroulée par le biais du programme Intercosmos. En 1981, le 14 mai, la Roumanie envoyait dans lespace son premier cosmonaute, Dumitru Prunariu. La Roumanie devenait ainsi le onzième pays au monde à le faire. (trad.: Mariana Tudose; Alex Diaconescu)