Târgu Jiu, une ville-musée
Madame,
Monsieur, cette semaine nous mettons le cap sur la ville de Targu-Jiu,
chef-lieu du département de Gorj, dans le sud-ouest de la Roumanie. Traversée
par la rivière Jiu, cette ville dont l’existence est attestée dans les
documents depuis 1611, est une excellente destination pour un city-break et un
point de départ pour de belles randonnées dans la région. Une fois sur place,
n’hésitez pas à réserver sur Internet les visites gratuites proposées par les
guides locaux du Centre de Recherche, de Documentation et de Promotion « Constantin
Brâncuși ». Parmi eux, Adrian Bunăiașu, qui nous rappelle que Targu Jiu tient
sa renommée de son immense parc central qui accueille les sculptures du célèbre
artiste d’origine roumaine Constantin Brancusi (1876-1957).
Daniel Onea, 17.05.2023, 12:56
Madame,
Monsieur, cette semaine nous mettons le cap sur la ville de Targu-Jiu,
chef-lieu du département de Gorj, dans le sud-ouest de la Roumanie. Traversée
par la rivière Jiu, cette ville dont l’existence est attestée dans les
documents depuis 1611, est une excellente destination pour un city-break et un
point de départ pour de belles randonnées dans la région. Une fois sur place,
n’hésitez pas à réserver sur Internet les visites gratuites proposées par les
guides locaux du Centre de Recherche, de Documentation et de Promotion « Constantin
Brâncuși ». Parmi eux, Adrian Bunăiașu, qui nous rappelle que Targu Jiu tient
sa renommée de son immense parc central qui accueille les sculptures du célèbre
artiste d’origine roumaine Constantin Brancusi (1876-1957).
La ville
doit son fleurissement à Aretia Tătărăscu, épouse du premier ministre de
l’époque et initiatrice du mouvement de la Ligue des Femmes de la région du
Gorj. Créée en 1921, cette association militait pour l’égalité des chances dans
le monde du travail et au sein de la famille, tout en luttant contre les
discriminations envers les femmes pour des raison ethniques, raciales ou
religieuses. Cette ligue encourageait aussi la promotion des valeurs
culturelles du département, les traditions et la spiritualité autochtone.
Adrian Bunăiașu:
« Les
touristes qui visitent Targu Jiu le font d’abord pour les œuvres de Constantin
Brancusi qui rendent hommage aux soldats roumains de la première guerre
mondiale. En octobre 1916, une bataille a eu lieu sur le pont qui traversait la
ville, opposant les Allemands aux habitants. C’étaient des gens quelconques qui
défendaient le pays, puisque l’armée roumaine se concentrait dans les Gorges du
Jiu et luttait contre les troupes de l’Autriche-Hongrie. A l’issue de la Première
Guerre Mondiale, le gouvernement roumain était dirigé par Gheorghe Tătărăscu. Celui-ci a épousé Aretia
à laquelle on doit la mise en place d’une Ligue dont le but était d’offrir du
travail aux femmes de la région du Gorj. Elles tissaient des tapis ou des
chemisiers qu’elles vendaient par la suite. Et c’est grâce à l’argent obtenu
par la Ligue des femmes que la ville a pu financer par la suite, la
construction de son premier musée, a pu rénover la Maison-musée d’Ecaterina
Teodoroiu et lui faire construire un mausolée et a ouvert la Maison-musée de
Tudor Vladimirescu. En 1935, cette même Ligue a décidé de financer la
construction d’un ensemble monumental à la mémoire des soldats tués sur le
champ de bataille le jour du combat sur le pont du Jiu. Et c’est là qu’intervient
Constantin Brancusi. »
Grâce
aux ateliers de tissage, Aretia Tătărăscu a encouragé le goût pour le costume
traditionnel roumain. C’est justement dans cet atelier que les femmes de la
région ont tissé des tapis exposés par la suite dans les grands salons
d’expositions de Paris, Bruxelles ou New York. Lors du Salon de l’artisanat
roumain de 1934, à Bucarest, le roi Carol II a sacré Aretia Tatarescu chevalier
du Mérite culturel. Adrian Bunăiașu précise qu’une fois terminées ses
sculptures, Constantin Brancusi les a offertes à la ville à titre gracieux :
« L’ensemble monumental dont on parle commence
sur les bords de la rivière Jiu et comprend la Table du silence, l’Allée des
chaises, la Porte du baiser et s’achève avec la Colonne sans fin. Au moment où
il a accepté l’invitation de la Ligue des femmes du Gorj pour sculpter quelque
chose à la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour défendre la ville,
Brancusi a voulu créer un obélisque. Dans un premier temps, il voulait choisir le
point le plus haut de la ville pour y installer la Colonne sans fin et
compléter la sculpture par une porte installée juste à l’entrée du Parc
central. Mais, durant les deux années qu’il a consacrées à imaginer cet
ensemble, il a dessiné aussi la Table du silence et l’Allée des chaises. Une
église qui se trouvait également sur l’axe unissant toutes ces sculptures a aussi
été rénovée grâce aux efforts déployés par Aretia Tătărăscu et la Ligue des femmes. Par la suite, Constantin Brâncuși a
considéré cette église comme faisant partie de son ensemble monumental. »
Adrian Bunăiașu, du
Centre de Recherche, de Documentation et de Promotion « Constantin
Brâncuși » et sa collègue proposent trois visites guidées gratuites aux
touristes qui souhaitent découvrir la ville.
« Le premier tour dure 40 minutes et offre aux
touristes l’occasion d’admirer l’ensemble monumental de Constantin Brancusi. Cette
visite se déroule sur un kilomètre et 25 mètres, la distance qui sépare la
Table du silence de la Colonne sans fin et c’est une opportunité d’apprendre l’histoire
de chacun des monuments se trouvant sur le trajet. Nos tours se font en
anglais, français et italien et une réservation en ligne, sur notre site, est
nécessaire. Nous avons des dépliants touristiques mis à jour et nous aurons
aussi une application Târgu Jiu City
App, qui sera lancée prochainement. Ce sera une application très facile à
utiliser et qui permettra aux visiteurs de trouver des réponses à des questions
du type « que faire à Targu Jiu? ». Elle proposera aussi des
informations sur les possibilités d’hébergement et de restauration, sur les
loisirs à faire aussi bien en ville qu’à travers le département. Nous mettrons
bientôt en place un agenda des principaux événements organisés dans la région
de Gorj. Les informations seront en roumain, en français et en anglais. »
Le
deuxième tour est historique et comporte les deux principaux musées de la ville
: le musée des Beaux-Arts et celui d’Histoire. Il dure deux heures et les
participants doivent se procurer les billets d’entrée. Le troisième tour
s’intitule « La route des monuments », il dure une heure et comme son
nom l’indique, offre aux touristes la possibilité de passer en revue les
principaux monuments de la ville. Et puisqu’on parle de monuments, une fois à
Targu-Jiu, nous vous conseillons de visiter aussi la Maison-musée Iosif Kleber,
avant de vous balader dans le parc central de la ville. Si de nos jours ce parc
est un lieu de promenade, en 1916, à sa place, se trouvait la ligne du front.
Vous pourriez aussi visiter l’imposant édifice du Palais administratif où siège
le Conseil départemental Gorj. Ce beau bâtiment est très apprécié par les
touristes, notamment pour sa Sale mauresque.
(Trad :
Ioana Stancescu)