Le patrimoine, un régal pour les touristes
Ces
dernières années, l’intérêt pour les anciennes résidences nobiliaires de
Roumanie n’a fait qu’augmenter. Qu’il s’agisse de touristes curieux qui partent
à la découverte de vieux manoirs et châteaux à travers le pays ou
d’entrepreneurs qui relèvent le défi de redonner la beauté d’autrefois à ces
merveilleux bâtiments, ce nouveau courant est évident et ils est plus ample
qu’il n’a jamais été.
Daniel Onea, 30.08.2023, 11:21
Ces
dernières années, l’intérêt pour les anciennes résidences nobiliaires de
Roumanie n’a fait qu’augmenter. Qu’il s’agisse de touristes curieux qui partent
à la découverte de vieux manoirs et châteaux à travers le pays ou
d’entrepreneurs qui relèvent le défi de redonner la beauté d’autrefois à ces
merveilleux bâtiments, ce nouveau courant est évident et ils est plus ample
qu’il n’a jamais été.
D’ailleurs, la Roumanie a un grand avantage sur le
marché du patrimoine culturel, explique notre invitée, Alina Chiciudean,
présidente de l’Association ARCHÉ :
« Nous avons de beaux paysages naturels
et des éléments anthropiques tout à fait uniques. Moi, j’ai souvent rencontré
des touristes qui cherchent plus qu’un « monument-vedette ». Si nous
étions une agence de tourisme comme les autres, alors, le plus probablement,
nous visiterions Bucarest, nous ferions une excursion d’une journée dans la
Vallée de la Prahova, avec ses châteaux de Bran et de Peles, ou bien nous nous
rendrions au delta du Danube, si la météo le permettait. Mais nous, on propose
des expériences authentiques. Nous partons de Bucarest vers le nord, avec un
arrêt au domaine de la famille Cantacuzène, à Floresti. Situé près de la ville
de Ploiesti, c’est un domaine impressionnant, qui s’étale sur 150 hectares
comportant un ancien parc de chasse, un parc de randonnée, le bâtiment
principal et des annexes. Nous ne nous limitons pas à la visite du parc. Nous
invitons les touristes à faire la connaissance de la communauté locale, des
enfants et des jeunes vivant dans cette commune, qui s’y rendent à chaque fois
que la fondation en charge du domaine leur propose une activité. C’est une
belle opportunité de connaître la vraie Roumanie et d’entrer en contact avec la
fraîcheur des mentalités des gens qui ont passé leur vie en milieu rural et ont
une autre connexion avec la nature et une approche différente du monde. A mon avis,
c’est ça l’expérience touristique la plus belle et la plus enrichissante. On nous
demande souvent de telles expériences, notamment de la part de nos partenaires
européens. »
Direction
maintenant le nord-est de la Roumanie, dans le département de Iași, dans la
commune de Țibănești. C’est ici que l’on trouve un monument d’architecture pas
comme les autres construit au 19e siècle. Erigé par la famille de
boyards Carp, originaire des pays baltes et établie sur ces lieux au 16e
siècle. Ici la découverte du patrimoine va de paire avec l’univers fascinant des
artisans locaux.
Alina Chiciudean nous en parle :
« Chaque année, nos partenaires y
organisent des événements, dont une école d’été par exemple, et aussi un
programme pluriannuel appelé « On forge le fer au manoir » (Batem fierul la conac). En s’y
rendant, on va rencontrer des artisans qui travaillent le fer sur place et on
aura droit à une expérience complète. On verra le forgeron travailler dans son
atelier, puis on aura l’occasion de voir comment son travail est intégré peu à
peu dans le processus de restauration de ce monument historique. Je vous invite
aussi, notamment en famille, à l’autre bout de la Roumanie, en Transylvanie, à
Apoș, où le nom de votre enfant peut être gravé sur une tuile manufacturée par
un artisan local. En fait, l’enfant apprendra à graver son nom lui-même. Il y a
plein d’autres options. L’important c’est de chercher ce type d’activité et on
voit qu’elles sont de plus en plus appréciées. Ainsi créé-t-on des ponts entre
ceux qui ont toujours vécu cette vie traditionnelle et le monde moderne, ce qui
est vraiment enrichissant notamment pour les jeunes générations. »
Voilà
donc une nouvelle approche touristique, proposée par l’Association ARCHÉ, une ONG à but non lucratif qui met en place des activités de recherche,
conservation, mise en valeur et promotion du patrimoine culturel. C’est elle
qui a créé le seul programme consacré à la redécouverte des châteaux moins
connus de Roumanie, appelé Castle Break. Il a connu un tel succès, qu’à
l’heure où l’on parle, les grands tour-opérateurs tentent eux-aussi d’intégrer
dans leurs offres ces monuments, dont quelques-uns ont déjà a été réhabilités.
D’ailleurs, le profil du touriste a aussi changé ces derniers temps, constate
Alina Chiciudean, présidente de l’Association ARCHÉ :
« Du moins après la pandémie, je constate
que les gens ne se contentent plus d’avoir une découverte purement esthétique.
Ils veulent aussi laisser leur empreinte sur l’endroit qu’ils visitent. L’année
dernière, tout, comme il y a deux années, nous avons proposé plusieurs
initiatives permettant aux touristes, par exemple, de faire du jardinage un
après-midi. Pour cela, il faut obtenir un avis spécial, car tout le monde ne
peut pas travailler dans un jardin historique. Alors, cette expérience est
d’autant plus valeureuse, vu qu’elle respecte toutes les normes et les
procédures en vigueur. Alors, au printemps et en automne, nous invitons les
touristes à nettoyer des jardins et nous savons que notre présence sur ces
lieux comptera pour quelque chose. C’est ça la beauté du patrimoine. Une fois
sur place, on se rend compte que l’on a devant soi des centaines d’années de
travail, d’efforts soutenus qui ont mené au domaine ou au monument que nous
voyons aujourd’hui. C’est un tourisme engagé que nous pratiquons et les
touristes étrangers en demandent. En fait, eux, ils sont habitués à participer, à avoir une vie assez
active. De plus, ce sont souvent des jeunes et alors, nous tentons de leur
offrir des expériences similaires en Roumanie aussi. Pourtant c’est le plus
souvent sur demande, que l’on organise de tels voyages. Pour ce faire, nous
avons une équipe interdisciplinaire, réunissant architectes, historiens de
l’art, responsables de communication, bref tous les métiers en lien avec le
patrimoine culturel. Ils accompagnent les touristes et leur racontent des
histoires vraies, pas uniquement des légendes locales. Et puis, après avoir
travaillé un peu dans le jardin d’un château, nos touristes sont invités au
repas par les gens et les fermiers des parages qui leur apprennent beaucoup de
choses. Sans doute, ils en garderont plein de beaux souvenirs immortalisés sur
de belles photos. Bref : une expérience complète. »
Alina
Chiciudean se souvient aussi d’un projet de développement personnel pour les
jeunes qui ont fait le choix de s’orienter vers des métiers du patrimoine.
C’était un groupe venu des Pays-Bas, qu’elle a accompagné lors d’une visite au
centre-ville de Bucarest.
« Ce ne fut pas une visite classique avec
guide touristique. Il a été guidé par une architecte qui s’est aussi
spécialisée dans l’écriture créative à Londres. Ils n’avaient jamais
imaginé que Bucarest avait tant de choses à offrir ! Ce mélange de styles
et de cultures, la générosité des gens en matière d’explications – ce sont les
ingrédients d’une expérience qui marque le visiteur qui arrive en Roumanie. Le
touriste est agréablement surpris par tout ce qu’il y trouve et c’est peut-être
ça la beauté de la Roumanie et de ses habitants, y compris de la capitale.
Cette capacité à surprendre. Car tout n’est pas évident sur les sites web. Il
faut venir sur place, le cœur ouvert et se laisser surprendre. »
Un
millier d’anciennes résidences extra-urbaines des élites locales sont à
retrouver de nos jours sur le territoire roumain. Elles ont été pour la plupart
construites entre le 14e et la première moitié du 20e.
Certaines ont été restaurées, d’autres ont sombré dans l’oubli et ne cessent de
se dégrader. D’autres encore font l’objet de litiges entre les différents
héritiers. Les châteaux et les manoirs les plus chanceux sont aujourd’hui des
hôtels et restaurants ou bien des musées où se tiennent de nombreux événements.
Une chose est sure, en ruine ou restaurés, ces immeubles du patrimoine méritent
bien d’être visités.
(Trad.
Valentina Beleavski)