Le Bucarest historique
Avant la pandémie et les restrictions imposées en raison de la crise sanitaire, la capitale roumaine était une destination de week-end attrayante, grâce notamment à son atmosphère animée. Cette ville au riche passé ne saurait être découverte en quelques jours seulement. Ciprian Plăiașu, journaliste et président de lAssociation Tourisme historique, qui vise à promouvoir le tourisme et le patrimoine national, nous propose un voyage imaginaire à travers Bucarest, histoire de simprégner du charme des temps jadis. « Dun point de vue historique, bien que les bâtiments ne nous aident pas à montrer beaucoup de choses, Bucarest date de près de 700 ans. La cité est mentionnée dans les documents officiels pendant les règnes des voïvodes valaques Mircea le Vieux (23 septembre 1386 – novembre 1394) et Vlad l’Empaleur (1448, 1456-1462 et 1476). Malheureusement, Bucarest est situé sur une plaque sismique active. Ce qui a échappé aux tremblements de terre, a été détruit par des incendies ou des inondations, vu que la zone est marécageuse. Des traces de la longue histoire de Bucarest, on en trouve sur les voûtes des auberges du centre-ville ou dans les caves de lancienne Cour princière. »
Daniel Onea, 30.12.2020, 14:11
Aider à tisser des liens affectifs avec la ville, voilà ce que Ciprian Plăiașu, journaliste et président de lAssociation Tourisme historique, souhaiterait faire sil avait devant lui un touriste qui visite pour la première fois la Roumanie. « Si cétait un touriste britannique, je lemmènerais tout dabord à Grădina Icoanei, où se trouve léglise anglicane. Ensuite, jirais avec lui dans les autres quartiers très intéressants de la ville. Par exemple, sil en avait le temps, je lui suggérerais de se rendre dans le quartier de Lipscani, emblématique pour le Bucarest dantan avec ses auberges et ses églises. Ensuite, on se dirigerait vers le boulevard Dacia ou lAvenue Victoriei, pour lui faire découvrir le Bucarest royal, la ville ouverte, le Petit Paris. Enfin, je ne manquerais pas de le familiariser avec les endroits témoignant de ce pan de notre histoire que furent les 50 ans de communisme. Jirais ensuite sur le boulevard Unirii, pour que le touriste comprenne le concept pharaonique du dictateur Nicolae Ceaușescu, qui a fait démolir des quartiers entiers pour y construire des immeubles. Je ne manquerais pas non plus de lui montrer les quartiers ouvriers de Mihai Bravu et de Ștefan cel Mare avec leur architecture spécifique, qui rend compte de toute une période de lhistoire ».
Côté architecture, Ciprian Plăiașu proposerait de commencer par la visite de lAthénée roumain, qui a une histoire extraordinaire. Inauguré en 1889, lédifice est lune des principales raisons auxquelles Bucarest doit son surnom de Petit Paris. Construit dans un style architectural néoclassique, lAthénée renvoie par ses décorations à léclectisme et à larchitecture française du XIXème siècle. « Il est construit dans le parc de Bucarest probablement le plus ancien. Le jardin de lAthénée a été aménagé avant celui de Cismigiu. Sa forme carrée montre que la première intention avait été dy faire construire un hippodrome, pas forcément un lieu de culture. Je recommanderais ensuite de visiter le palais Cotroceni, qui a une histoire particulière et, pas en dernier lieu, le Palais du Parlement. Ce dernier permet de comprendre lampleur des démolitions ayant permis de matérialiser lidée du dictateur. «
Le visiteur pressé peut se contenter de flâner sur lAvenue Victoriei, première voie daccès à la ville. Construite en 1692, elle était connue sous le nom de Podul Mogoșoaia. Calea Victoriei est parsemée dédifices historiques, dont le Palais Cantacuzène. Ce véritable joyau darchitecture, qui date de 1903, doit son existence à Georges Grégoire Cantacuzène. Le compositeur George Enescu y a habité pendant quelques années. Cest ce qui explique pourquoi, après la mort dEnescu, le palais allait être transformé en musée consacré à la vie et à l’œuvre du grand musicien. Des musées tels que le Musée national dart, hébergé par l’ancien palais royal, ou le Musée national dhistoire, le Musée du paysan roumain, le Musée de géologie ou le Musée des sciences naturelles « Grigore Antipa », tous reliés par Calea Victoriei, racontent chacun des histoires fascinantes.
Quelle a été limpression des touristes? Voici la réponse de Ciprian Plăiașu, journaliste et président de lAssociation Tourisme historique: «La plupart des touristes ont été frappés par le peu de choses quils savaient sur la ville. Beaucoup souhaitent y revenir et sont désolés davoir prévu un si bref séjour. Ils apprécient notre cuisine et se disent étonnés davoir découvert que Bucarest a tant dauberges et une histoire si riche. Ils croyaient que la ville avait été construite pendant la dictature de Nicolae Ceausescu. «
Le site internet de lAssociation Tourisme historique, turismistoric.ro, a été créé en 2013, dans lintention de protéger le patrimoine de la capitale. Ciprian Plăiașu: « Nous avons perdu de nombreux bâtiments, ces dernières années. Dautres encore sont menacés de disparition. A travers ce site et grâce à lactivité de notre association, nous essayons de promouvoir le tourisme et le patrimoine national, car nous avons vraiment de quoi être fiers. Nous nous sommes développés petit à petit et avons entraîné dans nos activités de jeunes bénévoles pour leur apprendre à promouvoir la ville et son patrimoine. En cette période de pandémie, le site sest avéré être le moteur par lequel nous avons réussi à promouvoir les objectifs et le patrimoine non seulement de la ville de Bucarest, mais aussi de toute la Roumanie. Nous nous efforçons de nous rapprocher le plus possible des autorités locales afin dorganiser des visites guidées gratuites à lintention des touristes et des habitants de la capitale. Au cours des tours de la ville, organisés ces dernières années, nous avons rencontré des Bucarestois dun certain âge qui se sont dits fascinés par lhistoire de leur ville. A la fin, les habitants sont beaucoup plus informés et surtout plus réticents devant les propositions de démolir des bâtiments. Cela fait trois ans déjà que nous organisons, chaque automne, des visites guidées à travers la ville, y compris dans le quartier de Drumul Taberei. Nous avons bénéficié de laide de bénévoles qui ont voulu en présenter lhistoire. »
Voilà, chers amis, pour cette visite dans Bucarest. A bientôt, pour la découverte dune nouvelle destination! (Trad. : Mariana Tudose)