Tours virtuels pour la découverte de l’art roumain et européen
Daniel Onea, 14.05.2020, 12:39
Nous continuons
la série des tours virtuels dans l’univers de l’art roumain et européen par le Musée
des collections d’art. Le musée se trouve à Bucarest, sur Calea Victoriei, un
des principaux boulevards de la capitale, dans un palais impressionnant, bâti à
la fin du 19e siècle.
Notre guide
est Georgiana Iacob, chargée de la section Education, communication et projets
culturels au Musée national d’art de la Roumanie : « Ce tour virtuel
vous aidera à vous faire une image d’ensemble sur les collections roumaines,
notamment celles de l’entre-deux-guerres. Il s’agit d’art roumain et étranger. Je
mentionnerais les collections impressionnantes de peinture roumaine, telles la
collection Dona, qui est une des plus importantes et qui réunit un nombre impressionnant
de tableaux signés par le fameux peintre Nicolae Grigorescu. L’orientalisme a
été une tendance très forte et intéressante à cette époque-là. De nombreux
collectionneurs ont été attirés par tout ce que l’Orient signifiait, soit par
la zone d’influence islamique soit par le Japon, ce pays lointain. Nous exposons
entre autres les créations des frères Avakian, Hrandt et Béatrice, ainsi qu’une
superbe chambre arabe faisant partie de la collection du diplomate Marcu Beza. Ce
palais abrite aussi d’importante collection monographique, dont celle de Corneliu
Baba, datant de la dernière période de création de ce peintre. C’est l’épouse
de l’artiste qui l’a fait don au musée en 2009 et cette collection met en lumière
une période importante de transformations qui ont eu lieu dans la période finale
de création de l’artiste. »
La
collection des ouvrages signés par le grand peintre roumain Corneliu Baba
comporte des peintures de la série des Rois fous ou des Peurs ou encore des
portraits de son épouse et des autoportraits.
Georgiana
Iacob nous présente maintenant d’autres collections de ce musée : « Toujours
parmi les collections monographiques je mentionnerais celles consacrées à Iosif
Iser ou encore à deux représentantes du mouvement féministe de l’art roumain de
l’entre-deux-guerres : Micaela Eleutheriade et Lucia Demetriade-Bălăcescu.
Si vous optez pour un tour virtuel de notre musée, alors on vous conseille de
feuilleter aussi le catalogue, qui figure sur notre site de manière exceptionnelle
pendant cette période. Ce catalogue contient des informations supplémentaires
sur chaque collection et sur chaque collectionneur et il est très bien illustré
par les ouvrages qui sont à découvrir dans le cadre du tour virtuel. »
Après
avoir découvert le Musée des collections d’art de Bucarest, ce serait une bonne
idée de jeter un coup d’œil aussi sur le site de deux autres petits musées de
la capitale roumaine : le musée Zambaccian et le musée Theodor Pallady. Chacun
est conçu autour une seule collection.
Commençons
par le musée Zambaccian qui nous est présenté par la même Georgiana Iacob, chargée
de la section Education, communication et projets culturels au Musée national d’art
de la Roumanie : « Cette collection réunie notamment pendant l’entre-deux-guerres
par le grand collectionneur Krikor Zambaccian, dresse un des meilleurs
panoramas de l’art romain de cette période. On y retrouve des noms importants
de l’art roumain, tels Nicolae
Grigorescu, Ștefan Luchian, Tonitza, Pallady sau Petrașcu, mais aussi des
artistes français. Bien que la collection d’art français soit assez petite,
elle comporte des noms très connus, Paul Cézanne, Camille Pissarro, Pierre
Bonnard, Albert Marquet. Tout cela est à découvrir en faisant un tour de la
maison de ce collectionneur, une maison spécialement construite pour accueillir
sa collection et qui pouvait être visitée même pendant la vie de Zambaccian, étant
censée devenir un musée dès le début devenir. »
Le bâtiment
qui accueille le musée Zambaccian a été construit à la fin des années 1940 et agrandi
au fur et à mesure qu’il était nécessaire d’élargir l’espace de l’exposition.
Il comporte un rez-de-chaussée généreux avec une salle immense réunissant des
meubles en style espagnol et italien ainsi qu’une cheminée impressionnante. Les
portes ne sont pas traditionnelles, elles entrent directement dans les murs
pour ne pas occuper d’espace.
Notre invitée,
Georgiana Iacob nous guide à travers les salles du musée Zambaccian : « La
dernière salle du rez-de-chaussée qui est consacrée au peintre Stefan Luchian a
une illumination diffuse qui met en évidence les ouvrages. Toujours au rez-de-chaussée
il y a une de belles salles de ce bâtiment, le bureau-bibliothèque du
collectionneur, où sont exposées les peintures de Theordor Pallady. A l’étage
il y a plusieurs pièces de petites dimensions, soit les anciennes chambres à
coucher de la famille. Elles ont été transformées en salles d’exposition. Les
couloirs, où la lumière est diffuse, sont réservés aux dessins. Et c’est toujours
à l’étage que l’on trouve deux petites salles présentant la collection d’art
français. »
Notre
dernier tour virtuel d’aujourd’hui est celui du musée Theodor Pallady. Un musée
très spécial, car il raconte 3 histoires à la fois. La première est celle de la
maison habitée la plus ancienne de Bucarest, la maison Melik. Son tour virtuel vous
fera découvrir son extérieur et son intérieur : l’escalier, l’étage, le
grand hall par lequel on accède aux pièces latérales et au véranda qui est très
beau et vitré, spécifique de l’architecture de son époque.
Georgiana
Iacob nous parle des autres histoires liées à ce musée : « La 2e
histoire est celle de l’artiste Theodor Pallady. Elle parle de sa période « française
» pour ainsi dire, qui est très intéressante. On peut voir quelques peintures
en huile et une collection impressionnante d’environ 800 dessins qu’il a
réalisés pendant qu’il a vécu à Paris. Ces dessins proposent une balade à
travers le Paris de l’entre-deux-guerres, un Paris très aimé de l’artiste. Ce
sont des ouvrages à part, puisqu’ils sont restés dans l’atelier du peintre au moment
où il est rentré en Roumanie. Malheureusement, il n’est plus revenu dans la
capitale française. La 3e histoire est celle de Gheorghe Raut, l’ami
parisien de Pallady, qui vivait dans le même immeuble, place Dauphine. Il était
banquier et un passionné d’art, un collectionneur. A la fin des années ’60 et
au début des années ’70, il décide de faire don d’une partie de sa collection à
l’Etat roumain. Pratiquement, le musée Pallady présente cette collection hétérogène
aux cotés de ses propres ouvrages signés par l’artiste roumain. La collection
de Gheorghe Raut témoigne des intérêts du collectionneur qui visait notamment l’art
européen et les objets d’art oriental. »
Voilà
donc, trois belles suggestions de rester en contact avec l’art et de mieux
connaître l’art roumain sans devoir quitter votre appartement. (Trad. Valentina Beleavski)