Sibiu. Deux musées, une visite guidée virtuelle
Daniel Onea, 02.04.2020, 15:32
Chers
amis, cette semaine, nous explorons la Transylvanie, et plus précisément la
ville de Sibiu. C’est ici que l’on trouve deux des musées les plus intéressants
de Roumanie : le Musée de la civilisation transylvaine ASTRA et le Musée
Brukenthal. Les deux peuvent être découverts en ligne, et c’est justement une
visite virtuelle que nous vous proposons aujourd’hui. Notre premier guide est
Alexandru Sonoc, chef de la Section du musée d’art Brukenthal.
Pour
commencer, il nous parle du baron Samuel von Brukenthal, le fondateur du musée
et un personnage qui a mis son empreinte sur la belle ville de Sibiu : «
Il s’est fait remarquer en tant qu’un bon juriste et diplomate par Marie Thérèse,
la reine de Hongrie, et il a été récompensé de différentes fonctions au sein de
l’administration centrale de Vienne. En 1777 il est devenu gouverneur de la
Transylvanie et a amené ses collections d’art à Sibiu. En 1784, on pouvait déjà
les admirer. Samuel von Brukenthal avait réuni ces collections probablement
pour ouvrir une université protestante, ce qui n’a pas été possible dans le
contexte d’une politique de contre-réforme menée par la dynastie des Habsbourg.
Mais il a réussi à laisser en héritage ses collections au Collège évangélique
de Sibiu, alors que le musée a ouvert ses portes en 1817, en tant que musée
scolaire ».
D’ailleurs,
le Musée Brukenthal de Sibiu est un des premiers musées publics du monde, après
le Louvre et le British Museum. Notre invité, Alexandru Sonoc, poursuit son
histoire : « Le musée a longtemps fonctionné en tant qu’établissement
culturel saxon. En 1948, il a été nationalisé. En 1950, il a rejoint le musée Astra.
Puis, il a été agrandi, car on y a ajouté de nouvelles sections, dont celles
consacrées à la pharmacie ou à la chasse. A présent, le musée est géré par un
conseil dont une moitié est formée des représentants de l’Etat et l’autre
moitié sont des membres désignés par la communauté évangélique de Sibiu. C’est
une initiative unique en Roumanie. Les collections ayant appartenu à l’Eglise
évangélique allaient être rétrocédées, mais laissées sous forme de commodat, gérées
par le musée et mises à la disposition du public conformément au testament du
baron qui voulait qu’elles soient accessibles à tous. A l’époque des Lumières,
le baron s’était rendu compte que ses collections pouvaient servir à
l’épanouissement de la science, de la culture et des arts en Transylvanie. Il a
donc voulu les rendre accessibles aux visiteurs pendant certains jours de la
semaine. Pour ce faire, il a créé une fondation et a obligé l’église et ses
héritiers à permettre l’accès du large public. »
Bâti en
style baroque, entre 1778 et 1788, le Palais Brukenthal de Sibiu a servi de
résidence officielle au baron. Samuel von Brukenthal fut le seul membre de la
communauté saxonne de Transylvanie qui a bénéficié d’importantes fonctions
publiques au sein de l’Etat autrichien. C’est pendant le temps passé à Vienne
qu’il a réuni la plupart de sa collection de peintures, mentionnée en 1773 dans
l’Almanach de Vienne comme une des collections privées de la plus grande valeur
qui pouvaient être admirées dans le milieu culturel viennois de ces temps-là.
Qu’en
est-il aujourd’hui ? Réponse avec Alexandru Sonoc, chef de Section au Musée d’art
Brukenthal : « A présent, le Musée Brukenthal subit un processus de
modernisation et de réorganisation. A l’intérieur du Palais, la réorganisation
des expositions permanentes disponibles depuis déjà 2015 bat son plein. Deux
autres sections accueillies par un bâtiment séparé sont destinées à l’art
moderne. Et puis, l’art roumain est à retrouver dans le bâtiment appelé la
Maison Bleue, qui avoisine le Palais. Au premier étage il y a plusieurs salles
thématiques et reconstitutions d’espaces habités au 18e siècle. Les
salles thématiques s’enchaînent aussi au 2e étage. Le
rez-de-chaussée est consacré aux petites expositions permanentes. »
A noter
aussi que le Musée Brukenthal a toujours collaboré avec des institutions
culturelles étrangères et a été invité à participer à de nombreuses expositions
internationales. A son tour, il a accueilli des expositions itinérantes
d’autres musées de Roumanie et de l’étranger. Nous vous recommandons vivement
de le découvrir en ligne, en utilisant la plate-forme Google Arts and Culture.
Notre
second arrêt d’aujourd’hui est le Musée de la civilisation transylvaine ASTRA
de Sibiu. Un musée du village roumain en bref. Un endroit unique en Roumanie.
Une
expérience à part pour tout visiteur, comme nous le dit notre invitée, Mirela
Iancu, directrice de markéting culturel de l’institution : « Ce n’est pas
une simple synthèse du monde rural roumain que nous proposons à nos visiteurs.
Nous leurs offrons l’occasion de pénétrer dans un monde qui n’existe plus en
fait. Ce musée en plein air de la forêt de Dumbrava Sibiului s’étale sur 132
hectares et réunit plus de 400 maisons et installations. Il s’agit en fait de
fermes entières reproduisant le mode de vie et le travail, tels qu’ils étaient
jadis ou qui perdurent dans certains villages roumains. »
Nous
avons demandé à Mirela Iancu de nous parler aussi de l’histoire de cet endroit
fascinant qu’est le Musée Astra de Sibiu : « Ce musée en plein air a été créé
dans les années 1960, suite à une recherche qui avait démarré une dizaine
d’années auparavant. Il a été fondé par l’ethnographe et muséologue Cornel
Irimie, le disciple le plus connu du Dimitrie Gusti (père de la sociologie
roumaine et créateur du Musée du village de Bucarest). Au début, c’était un
musée de la technique traditionnelle, dans une tentative de mettre en valeur
l’ingéniosité du monde rural et de sauver le patrimoine préindustriel roumain.
Dans les années 1950 on avait répertorié plus de 5000 installations techniques
existant sur le territoire de la Roumanie. Une commission nationale
d’ethnographes en a fait une sélection et les installations ont soigneusement été
transférées au musée à commencer par 1961. »
Le site
du musée ASTRA de Sibiu est très intéressant. Visitez muzeulastra.ro pour
découvrir des images, des vidéos et des histoires. Mettez ce musée unique sur
votre liste des must absolus de la Roumanie et en attendant, visitez-le en
ligne. (Trad. Valentina Beleavski)