Eglises fortifiées transylvaines
Situées dans
un décor pittoresque, dans les départements de Brașov et de Sibiu, certaines églises fortifiées accueillent différents événements
culturels et même des offices religieux y sont encore célébrés. Les itinéraires
que l’on doit parcourir pour y arriver plongent le visiteur dans la riche histoire
et les légendes des lieux.
Daniel Onea, 20.06.2019, 17:48
Situées dans
un décor pittoresque, dans les départements de Brașov et de Sibiu, certaines églises fortifiées accueillent différents événements
culturels et même des offices religieux y sont encore célébrés. Les itinéraires
que l’on doit parcourir pour y arriver plongent le visiteur dans la riche histoire
et les légendes des lieux.
Nous faisons une première halte à Hărman – Huntschprich
dans le dialecte saxon – soit le Mont du Miel. Hărman est un petit village
calme à une dizaine de km de la ville de Brașov. Le site le plus impressionnant
à visiter est son église fortifiée, véritable forteresse érigée au 12-e
siècle, très bien conservée. On peut apercevoir de loin la principale tour de
l’église, entourée de 4 autres petites tours. Ce n’est pas l’image habituelle
qu’offrent les églises des villages et la présence des tours avait une
signification particulière: elle attestait du droit du village
d’appliquer la peine de mort, ce qui était plutôt rare pour une si petite
localité. On peut encore voir les murs épais et le fossé à eau qui entourait jadis
toute la cité. Les paysans n’avaient pas d’instruction militaire et ils comptaient
surtout sur cette église-forteresse pour être protégés, raconte Dan Ilică-Popescu, intendant
de la forteresse de Hărman: « Pour accéder à la
cour, il fallait passer par 4 portails. Depuis la cour, on aperçoit l’église
massive, entourée de petites maisons destinées aux membres de la communauté -
chose plutôt inhabituelle dans cette région, appelé le Pays de la Bârsa. Ces
maisonnettes ont été bâties tout près de l’église. Malheureusement, seules les
constructions du côté sud ont été conservées. Les pièces de ces petites maisons
où les villageois se réfugiaient en cas de danger ont été transformées en
musées, recréant le style de vie d’il y a plus d’un siècle. L’une d’entre elles
accueille des costumes traditionnels saxons, une autre des instruments de
musique, une troisième est devenue une salle de classe du temps jadis, où les
germanophones peuvent entendre le dialecte saxon parlé dans les parages. Nos
guides parlent l’allemand et l’anglais. Les touristes disposent également d’une
brochure en roumain, français, allemand, italien, espagnol et hébreu. Des
versions polonaise et russe paraîtront bientôt. Nous tâchons de contenter tous
nos visiteurs. »
Toujours dans le département de Brașov,
sur les versants nord des Monts Măgura Codlei, il y a plus de 800 ans, les
chevaliers teutoniques érigeaient une forteresse. La Cité noire, comme ils
l’ont appelée, a été transformée par la suite en cité paysanne. Cela se passait
en 1432. Mesurant 8-10 mètres de haut et épais de plus de deux mètres, ces murs
impressionnants étonnent encore les visiteurs. A l’église fortifiée de Codlea
nous sommes accueillis par Ileana Nica, depuis 5 ans guide bénévole au service
des touristes qui s’arrêtent pour visiter le monument: « L’église remonte à la
seconde moitié du 13-e siècle. Eglise catholique à l’origine, elle
n’avait pas été entièrement construite. C’est pourquoi, en y entrant, on est
frappé par la présence de deux styles différents : roman à l’arrière et
gothique devant. La partie gothique du monument a été érigée au 15-e
siècle, en même temps que ses murs de défense. C’est à cette époque d’ailleurs
que l’église – initialement catholique – a été transformée en église
évangélique. »
Le plafond est le point d’attraction de
l’église fortifiée de Codlea, mais elle recèle également une exposition inédite
de tableaux., explique Ileana Nica: « Le plafond est
unique. Il comporte 252 petites fresques, offrant chacune une représentation
différente de Martin Luther. Les images sont différentes, la peinture est différente.
De tels plafonds, on en trouve ailleurs, bien sûr, mais aucun ne ressemble à
celui-ci. Il a été réalisé au 18e siècle par le peintre Johannes
Stolz. Un artiste local a restauré toutes les peintures au 20e
siècle. Les tableaux de la collection exposée lui appartiennent. Ce peintre a
vécu près de 100 ans, entre 1886 et 1980, ce qui lui a permis de surprendre des
réalités différentes. Il a peint, par exemple, des femmes travaillant aux
champs habillées de costumes traditionnels. A côté de ce tableau, on en voit un
autre, datant de la période communiste, où les femmes qui travaillent aux champs
sont habillées d’une autre manière. Il a réalisé 2000 tableaux. Des touristes
qui ont visité l’exposition avaient entendu parler de ce peintre à Vienne. »
En allant vers
l’ouest, nous arrivons à Cisnădie, dans le département de Sibiu. Cette ville est
connue pour son église fortifiée, dont la patronne est Sainte Walburge.
L’église a été érigée par des Saxons, il y a 800 ans. Au Moyen-Age, Cisnădie
était connue sous le nom de Heltau et elle était renommée pour ses ateliers où
l’on fabriquait des faucilles, des faux et surtout du feutre. La tour du clocher
a été la première tour de Transylvanie prévue d’une horloge et la première tour
située à l’est de Vienne sur laquelle ait été installé un paratonnerre, raconte Bell
Ioan, intendant de l’église évangélique fortifiée de Cisnădie :
« L’église a été
construite au début du 13-e siècle. C’est une basilique romane, catholique
jusqu’en 1544, lorsque les évangéliques, les réformés, les luthériens ont fait
leur apparition dans le paysage religieux. Les fondations du bâtiment sont les
mêmes, la construction a comporté plusieurs étapes et les travaux ont été
réalisés durant plusieurs générations. La première construction était de style
gothique. Au fil du temps, les habitants de Cisnădie ont trouvé refuge dans
cette église. Trois tours de défense ont été ajoutées à l’église – au nord, au
sud et au-dessus de l’autel. Cela n’a pourtant pas suffi, les invasions ont
continué. Mongols, Tatars, Huns, et ensuite les Habsbourg sont venus, les uns après
les autres, piller les habitants du village. »
Plus de 200 églises fortifiées, châteaux-forts
et citadelles se trouvent dans le sud de la Transylvanie, dont une partie sont
inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO. S’y ajoutent de nombreuses églises
citadines et des systèmes de fortification des villes. « Découvrez l’âme
de la Transylvanie » est un projet dont le but est de restaurer et
d’entretenir ces monuments. Une carte bancaire est proposée aux touristes. Les titulaires
de la carte bancaire «Transilvania Card» bénéficient de prix promotionnels, offerts par les partenaires du projet, et
d’accès gratuit aux églises fortifiées ainsi qu’aux événements qu’elles accueillent.
La carte bancaire coûte 55 lei (soit 12 euros) et peut être achetée sur le site transilvania-card.ro . (Trad. :
Dominique)