Sibiu – ville touristique
Située en Transylvanie, au centre de la Roumanie, la ville de Sibiu est de nos jours une véritable source de culture et de civilisation – mais aussi de loisirs. Pendant la période des fêtes de fin d’année, elle accueille un des plus beaux marchés de Noël de Roumanie.
Daniel Onea, 06.12.2018, 13:18
Située en Transylvanie, au centre de la Roumanie, la ville de Sibiu est de nos jours une véritable source de culture et de civilisation – mais aussi de loisirs. Pendant la période des fêtes de fin d’année, elle accueille un des plus beaux marchés de Noël de Roumanie.
Anca Nițoi, archéologue au Musée Brukenthal et spécialiste du Moyen-Âge, retrace en quelques mots l’histoire de la ville : « La ville de Sibiu a été mentionnée pour la première fois au 12e siècle, plus exactement en 1191, lorsque le Pape Célestin II lui accorde le titre de prévôté ecclésiastique. La colonisation saxonne réalisée par le roi hongrois Géza II au 12e siècle a connu plusieurs étapes et elle a visé toute la partie méridionale de la Transylvanie. Deux villes importantes prennent à l’époque un très grand essor : Sibiu et Brașov. Ayant connu un développement plus rapide, Sibiu a également eu une plus grande importance administrative au Moyen Age. Le bourg est devenu un centre ecclésiastique et c’est là que se trouvaient les plus importantes corporations productrices de marchandises. Une Université saxonne y est fondée au 15e siècle. A l’époque médiévale, la ville de Sibiu a été un véritable pôle de développement en Transylvanie – et elle l’est restée jusqu’à nos jours. La preuve : elle a été désignée Capitale culturelle européenne en 2007 – couronnement de son importance historique. »
C’est toujours à Sibiu qu’a été ouvert au public, en 1817, le premier musée d’art de Roumanie. Le palais qui l’accueille est une construction baroque érigée entre 1778 et 1788. Il a été la résidence officielle du baron Samuel von Brukhental, le seul représentant de la communauté saxonne de Transylvanie à s’être vu assigner d’importantes fonctions au sein de l’Etat autrichien sous le règne de l’impératrice Marie-Thérèse. Les années que Samuel von Brukhental a passées à Vienne sont aussi celles où il a réuni sa collection de peinture, mentionnée en 1773 dans l’Almanach de Vienne, comme une des collections privées les plus précieuses parmi celles qu’offrait à l’époque le milieu culturel viennois.
Alexandru Sonoc, chef du Musée d’art Brukenthal : « A présent, le musée est géré par un conseil. La moitié de ses membres sont des représentants de l’Etat, l’autre moitié est désignée par la communauté évangélique de Sibiu. C’est une forme de gestion unique en Roumanie. Les collections ayant appartenu à l’Eglise évangélique doivent être rétrocédées, mais elles seront confiées au musée et mises à la disposition du public, conformément au testament du baron, qui a voulu les rendre accessibles à tous. Influencé par les idées de son époque, qui fut celle des Lumières, le baron s’est rendu compte que ses collections pouvaient contribuer au progrès de la science, de la culture et des arts en Transylvanie et il a souhaité qu’elles puissent être accessibles aux visiteurs certains jours de la semaine. A cette fin, il a créé une fondation, obligeant l’Eglise et ses héritiers à les rendre accessibles au public. »
En flânant dans les rues de Sibiu, on retrouve l’emblème de la ville un peu partout : sur les bâtiments, sur les vitraux, sur les ponts. Les bâtiments de la Petite Place abritaient jadis les artisans. On y remarque les vérandas et, sur les toits, les bouches d’aération en forme d’œil. Ce sont « les yeux de la ville » – dit la légende – qui veillent sur elle pendant la nuit. L’agenda culturel de Sibiu est très riche.
Anca Nițoi, archéologue au Musée Brukenthal : « Sibiu est la capitale du théâtre de l’Est de l’Europe. Son Festival international de théâtre est le deuxième grand festival européen du genre, après celui d’Edimbourg. Arrivé à sa 25e édition, cet événement attire annuellement des centaines de milliers de touristes. Ceux qui souhaitent découvrir les traditions peuvent choisir le Festival « Les Chansons des montagnes » ou visiter le Musée Astra. Et puis, il y a le marché de Noël. Mon avis est peut-être subjectif, mais je trouve que c’est le plus beau en son genre de Roumanie, comparable à ceux de Vienne ou de Prague. »
Comment Andrei Drăgan Răduleț, responsable de l’événement, a-t-il conçu ce marché ? : « Les organisateurs de nombre d’événements de ce genre du pays optent pour les grands spectacles. Nous avons pris, nous, le risque d’éliminer beaucoup de choses. Pour l’inauguration du marché de Noël, nous invitons à chaque fois un artiste très connu, après quoi nous nous concentrons sur le marché proprement-dit. »
Ce qui ne signifie pas que Père Noël n’y est pas présent. Andrei Drăgan Răduleț : « Le Père Noël viendra le 23 décembre et il distribuera des cadeaux aux enfants. Il a sa petite scène, tout près du sapin, sur laquelle il monte chaque année. Un autre événement très intéressant s’y ajoute : l’Atelier de Papa Noël. C’est quelque chose de familier pour les habitants de la ville, mais pour les autres, ça peut être une nouveauté. Il s’agit d’une maisonnette spacieuse qui accueille chaque semaine des ateliers destinés aux enfants. Ce sont des ateliers atypiques, dont le plus connu est celui consacré à la fabrication artisanale de cierges et de bougies. Les enfants y apprennent la technique ancienne. Ils reçoivent une mèche qu’ils plongent dans de la cire fondue. Chacun crée les bougies qu’il souhaite, de différentes formes et couleurs. Nous avons également un atelier consacré à la décoration du pain d’épices et un autre où ils apprennent à faire des biscuits. Ceux qui souhaitent s’y initier reçoivent de la pâte, qu’ils vont modeler et cuire au four et ils emportent des biscuits en partant. »
Si vous disposez d’un peu plus de temps, vous pouvez quitter la ville pour visiter ses alentours – Mărginimea Sibiului – connus pour ses pensions, ses fromages, ses produits artisanaux et ses traditions, encore vivantes dans la région. Mention spéciale pour le patrimoine naturel de la zone, vraiment exceptionnel et que peu de gens connaissent. La quasi-totalité de la région fait partie du réseau Natura 2000, qui protège les habitats naturels de grande valeur. (Trad. : Dominique)