Protéger les bisons d’Europe
C’est dans l’ouest des Carpates Méridionales, dans le massif de Tarcu, que se trouve une région propice à la réintroduction des bisons d’Europe dans la nature. Il faut dire que cette espèce est disparue depuis plus de 200 ans. A l’époque, les bisons inspiraient la force et l’indépendance. Ils étaient tellement nombreux et appréciés, qu’ils sont devenus de véritables symboles de la principauté de Moldavie. Il y a trois ans, les ONGs WWF Roumanie et Rewilding Europe ont démarré un ample projet visant à repeupler les Carpates avec cette espèce représentative de cet espace géographique.
România Internațional, 06.10.2016, 16:04
C’est dans l’ouest des Carpates Méridionales, dans le massif de Tarcu, que se trouve une région propice à la réintroduction des bisons d’Europe dans la nature. Il faut dire que cette espèce est disparue depuis plus de 200 ans. A l’époque, les bisons inspiraient la force et l’indépendance. Ils étaient tellement nombreux et appréciés, qu’ils sont devenus de véritables symboles de la principauté de Moldavie. Il y a trois ans, les ONGs WWF Roumanie et Rewilding Europe ont démarré un ample projet visant à repeupler les Carpates avec cette espèce représentative de cet espace géographique.
A présent, c’est aux pieds du Massif de Tarcu, dans le sud-est de la Roumanie, que se trouvent une dizaine de bisons originaires de toute l’Europe. Ils sont acclimatés dans un enclos spécialement aménagé, alors qu’une autre vingtaine d’animaux vivent librement dans les montagnes et les collines des alentours. Dans la commune d’Armenis, qui accueille les enclos des bisons, les habitants ont fondé l’Association Magura Zimbrilor et commencé à proposer aux visiteurs des paquets touristiques qui incluent des itinéraires sauvages durant lesquels l’observation des bisons en liberté est garantie.
Oana Mondoc, manager de ce projet, explique : « L’observation des bisons se fait dans la nature. Les touristes sont accompagnés par nos rangers et guides spécialisés qui partent à la recherche des animaux. Ceux-ci portent des colliers avec des émetteurs GPS, donc ils sont surveillés par satellite, et on peut facilement identifier la place où ils se trouvent. Le touriste ne se limite pas à les regarder pour quelques instants, à prendre une photo et partir ensuite. Il s’y rend pour au moins 4 ou 5 heures, pendant lesquelles il suit les animaux dans leur habitat naturel et observe ainsi plusieurs éléments qui l’aident à avoir une compréhension plus profonde de la nature. On peut observer aussi d’autres espèces d’animaux, c’est donc une expérience éducative. »
La commune de Armenis accueille, depuis peu, un Centre d’information touristique qui présente des donnés collectées sur le terrain pour que les visiteurs puissent apprendre à l’aide de la technologie comment vivent ces animaux. Plusieurs caméras de vidéosurveillance s’allument au moment où les bisons passent dans leur voisinage. Ce centre est une sorte de porte d’entrée dans le monde des bisons d’Europe puisqu’il propose aux visiteurs non seulement des jeux interactifs et des hologrammes qui montrent ces animaux dans leur milieu naturel, mais aussi des produits locaux réalisés par des villageois et qui peuvent être achetés sur place.
Oana Mondoc : « Nous avons créé une série d’installations et chacune d’entre elles raconte une partie de l’histoire de notre activité de suivi des bisons. Nous avons un hologramme qui reproduit le comportement de l’animal dans son milieu naturel. Nous avons aussi un jeu interactif sur les chaînes trophiques, dans le cadre duquel le visiteur fait la reconstitution de la chaine trophique avec des images enregistrées par les caméras de surveillance. Puis la troisième installation est mécanique et reproduit l’impact du bison d’Europe sur son habitat. On découvre ainsi ce qui se passe lorsque cet animal traverse certains types d’habitats, quelles sont les espèces qui apparaissent et qui bénéficie de sa présence. »
Le hameau de Plopu compte de nombreuses maisons abandonnées. Elles doivent être restaurées pour accueillir des touristes dans le cadre d’un projet initié et déroulé par la mairie de la localité en collaboration avec le Fond mondial pour la nature Roumanie.
Oana Mondoc explique : « Dans ces zones extrêmement pittoresques, nous avons découvert des habitats désertés depuis des dizaines d’années. Il s’agit des habitations d’été des villageois où ils s’installaient pour élever le bétail. Lorsqu’on monte là-haut, dans le petit village de Plopu, le panorama qui s’ouvre devant nos yeux est extraordinaire !… Nous avons décidé, avec les autorités locales, que ce serait une zone idéale pour les touristes et nous envisageons de reconstruire ce hameau pour en faire un village de vacances. Nous souhaitons restaurer des maisons en pierre et aménager les environs, de façon à ce que les touristes soient au plus près de la nature. Outre les travaux de restauration, nous pensons entraîner les habitants dans des activités censées leur faire connaître les métiers traditionnels. Les touristes pourront ainsi apprendre à faire du pain, à cueillir des fruits, ils auront l’occasion de participer à des randonnées de découverte de la nature et d’acquérir des techniques de survie dans la nature. »
Les forêts de la contrée de Banat sont donc à nouveau peuplées de bisons. Les géants de l’Europe insufflent une nouvelle vie aux villages de cette contrée, en y stimulant le développement du tourisme rural. Les vacanciers ont l’occasion de s’initier aux métiers de la région, de goûter les produits culinaires et d’admirer le travail des artisans.
Oana Mondoc y ajoute d’autres offres touristiques : « Pour voir les bisons, on a besoin de plusieurs heures pour les chercher et suivre leurs traces. La visite s’achève par un pique-nique traditionnel offert par une famille du coin. C’est une visite qui dure, elle ne se fait pas à l’improviste. On doit la programmer à l’avance. Nous avons accueilli des touristes de Belgique, de Suisse, d’Allemagne, de Serbie et, bien sûr, de Roumanie. A part les visites ciblées sur les bisons, nous avons un programme de 3 ou 4 jours destiné à l’observation des ours dans une zone voisine. Il s’agit de l’aire protégée de Rusca, où des observatoires ont été aménagés et qui dispose de guides spécialisés. On peut également emprunter des sentiers menant à des endroits où, pendant certaines périodes de l’année, on peut voir des chamois. Nous offrons aussi des soirées sous des tentes safari très confortables, montées au cœur de la nature. De là, on peut entendre, la nuit, des bruits fantastiques, ou regarder le lever et le coucher du soleil. S’y ajoutent les randonnées photographiques, en compagnie de photographes professionnels. Ce que nous offrons est donc une expérience touristique faite en toute tranquillité et qui vous permet de mieux comprendre et apprécier la nature. Les groupes de touristes doivent être constitués de 4 personnes tout au plus. »
Le bison est le plus grand mammifère d’Europe. Il peut atteindre près de 2 mètres de haut et peser une tonne. Dans le passé, il était répandu sur tout le continent, à l’exception de certaines régions d’Espagne, d’Italie et du nord de la péninsule scandinave. A présent, il n’y a plus que 3 mille exemplaires vivant en liberté et semi-liberté dans le monde et la Roumanie compte parmi les 9 pays européens où le bison vit en liberté. (Trad.: Alex Diaconescu,
Dominique)