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Réfugiées ukrainiennes en Roumanie une année après le début de l’invasion russe

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février
dernier, quelque 3 millions et demi d’Ukrainiens sont entrés en Roumanie, dont
une centaine de milliers s’y sont établis temporairement. Sur ceux qui ont
choisi cette variante, plus de 5 700 ont un contrat de travail, selon les chiffres
les plus récents publiés par le ministère du Travail de Bucarest. Et vu que la
vaste majorité des réfugiés qui sont restés en Roumanie sont des femmes avec
des enfants qui devraient aller à l’école ou à la maternelle, on peut supposer
qu’une grande partie d’entre elles ont trouvé des emplois en Roumanie. Parmi
ces personnes figurent aussi les bénéficiaires de l’Association Seneca,
organisation caritative non-gouvernementale qui opère aussi une librairie. Dès
les premiers jours de la guerre, Anastasia Staicu, la fondatrice de
l’association s’est rendue à la frontière entre la Roumanie et l’Ukraine afin
d’aider les réfugiés en tant que traductrice, vu que sa langue maternelle est
le russe. L’aide offerte initialement à la frontière s’est développée et progressivement,
Anastasia Staicu commença à aider les mères, les filles et les grand-mères
réfugiées en Roumanie à s’intégrer dans la société.

Réfugiées ukrainiennes en Roumanie une année après le début de l’invasion russe
Réfugiées ukrainiennes en Roumanie une année après le début de l’invasion russe

, 15.03.2023, 10:25

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février
dernier, quelque 3 millions et demi d’Ukrainiens sont entrés en Roumanie, dont
une centaine de milliers s’y sont établis temporairement. Sur ceux qui ont
choisi cette variante, plus de 5 700 ont un contrat de travail, selon les chiffres
les plus récents publiés par le ministère du Travail de Bucarest. Et vu que la
vaste majorité des réfugiés qui sont restés en Roumanie sont des femmes avec
des enfants qui devraient aller à l’école ou à la maternelle, on peut supposer
qu’une grande partie d’entre elles ont trouvé des emplois en Roumanie. Parmi
ces personnes figurent aussi les bénéficiaires de l’Association Seneca,
organisation caritative non-gouvernementale qui opère aussi une librairie. Dès
les premiers jours de la guerre, Anastasia Staicu, la fondatrice de
l’association s’est rendue à la frontière entre la Roumanie et l’Ukraine afin
d’aider les réfugiés en tant que traductrice, vu que sa langue maternelle est
le russe. L’aide offerte initialement à la frontière s’est développée et progressivement,
Anastasia Staicu commença à aider les mères, les filles et les grand-mères
réfugiées en Roumanie à s’intégrer dans la société.

Anastasia Staicu raconte : « C’est une communauté qui compte plus de 200
personnes qui ont appris le roumain à Seneca Anticafé, dans le cadre d’un cours
intensif de langue roumaine. Les réfugiés se sont vite liés d’amitié les uns avec
les autres et avec nous. Cette année déjà, sur les onze salariés de Seneca,
trois sont des Ukrainiens. Nous avons spécialement adapté une salle pour ce
type d’activité. C’est une salle de cours qui peut accueillir une vingtaine de
personnes. Mais tout cela serait impossible en l’absence d’un professeur,
Rodica Fagut de son nom. C’est plus qu’un cours intensif, c’est aussi un
programme d’intégration culturelle et sociale. Ils vont ensemble au théâtre,
ils regardent ensemble des films roumains anciens ou nouveaux. C’est une
communauté vraiment dédiée à l’intégration. »


Grâce à Anastasia Staicu, trois des membres de cette
communauté sont devenues libraires dès qu’elles ont acquis un niveau acceptable
de compréhension de la langue roumaine. Cet emploi aide ces femmes à boucler
leurs fins de mois, mais aussi à s’adapter dans un pays inconnu, vu que la
guerre en Ukraine semble se prolonger.

Anastasia Staicu : « Avant de
s’inscrire aux cours, nous les prions de nous faire part aussi des raisons pour
lesquelles elles souhaitent apprendre le roumain. Et si au début de la guerre,
la raison principale était pour pouvoir « demander quelque chose » ou « parler
aux gens que j’ai déjà rencontrés », désormais plus de 50% affirment « vouloir
trouver un emploi ou y rester à long terme. »


Vu que la vaste majorité de ces femmes sont aussi des
mamans, les enfants demeurent leur principale préoccupation. L’Etat roumain a
mis à leur disposition plusieurs centre scolaires pilote, pour qu’ils puissent
continuer en quelque sorte leurs études. Mais vu que ces centres sont
insuffisants, les autorités ont décidé d’intégrer les enfants réfugiés
d’Ukraine dans les écoles roumaines à commencer par la prochaine année
scolaire.

Cette décision implique pourtant toute une série de problèmes, comme nous
l’explique Anastasia Staicu:

« Six écoles du type hub sont ouvertes à
Bucarest. Il y en a plusieurs à travers le pays. Je sais qu’à la prochaine
rentrée, ces enfants devront intégrer les écoles roumaines. D’un point de vue
légal, on dit qu’il existe un cours préparatoire de langue roumaine. Le fait
qu’ils seront tout simplement inscrits dans nos écoles sans avoir fait cette
année préparatoire de langue roumaine, sera un trauma de plus pour ces enfants.
Peut-être que les plus petits s’adapteront. Mais les adolescents, notamment
ceux âgés de 13 à 17 ans, devront étudier aux côtés des autres, d’après un
curriculum qui n’est pas des plus faciles. Ce sera compliqué, ça c’est sûr. Maintenant,
de plus en plus de monde comprend que cette guerre durera, peut-être, au moins
encore deux années. Or, l’enfant est une priorité pour les femmes, elles
comprennent très bien qu’il faut se concentrer sur les petits. Du coup, elles
méritent d’être soutenues davantage et d’une manière plus organisée, surtout
dans le domaine éducatif. »




Caterina est une de ces femmes
ukrainiennes, arrivée en Roumanie il y a une année avec son fils. Elle nous
raconte son histoire : « J’ai fait une dépression lorsque je
suis arrivée, comme tous les autres, d’ailleurs, parce que ce n’est pas facile
de quitter sa famille, de passer la frontière avec ton enfant vers un endroit
inconnu. J’ai assez vite réalisé que je n’avais pas d’autre choix et que je
devais m’adapter, car j’étais la seule responsable pour mon enfant. J’ai
commencé par me trouver un emploi dans un centre social où j’aidais les mamans
qui y venaient avec leurs enfants et qui avaient besoin d’hébergement, de
transport et de papiers. Puis, j’ai eu la chance de trouver un autre emploi,
ici, chez Seneca, dont le collectif est très chaleureux, où nous nous aidons
les uns les autres et nous continuons à aider des citoyens ukrainiens. Toute ma
famille est restée en Ukraine : mes grands-parents, mes parents, mon mari.
Nous sommes en contact tant qu’Internet nous permet et nous espérons tous dans
la victoire. »


L’Association
Seneca a aidé Caterina à trouver non seulement un emploi, mais de créer aussi
un réseau de soutien formé principalement de femmes réfugiées d’Ukraine et de
Roumains prêts à les aider. Cela lui a permis de surmonter plus facilement
cette période si difficile, durant laquelle Caterina a fait de son mieux de
garder son sourire et son optimisme.


Il en va de même pour Tatiana, une
autre Ukrainienne arrivée en Roumanie il y a un an accompagnée de sa fille 12
ans, ses 3 chats et son chien. Un ami déjà établi en Roumanie leur a donné un
coup de main. Après l’angoisse de devoir quitter son pays natal, les dangers de
la route et le passage de la frontière dans un pays méconnu, Tatiana a réussi à
s’y adapter graduellement, en apprenant la langue roumaine et en travaillant
comme libraire.

Tatiana s’en souvient : « L’ami qui m’a accueillie fait du kayak. Ma fille
et moi, nous l’avons accompagné dans toutes ses excursions en kayak. C’est lui
qui m’a trouvé un logement, ce qui a été très difficile vu le nombre d’animaux
que j’avais. Puis, durant les 5 premiers mois, la Roumanie a été une véritable
découverte pour moi. Désormais, c’est beaucoup plus facile. Durant l’année que
j’ai passée ici, j’ai commencé à apprendre la langue roumaine, ce qui fait
vraiment la différence, car on ne se sent plus comme un intrus. Pour l’instant
ce n’est pas sûr pour ma fille et moi de rentrer en Ukraine. Pour ma fille,
l’adaptation a été plus difficile. Il faut le dire : c’est difficile quand
on ne connaît pas la langue. Mais il y a une atmosphère amicale tout
autour d’elle : ses camarades de classe et ses profs sont très ouverts. En
plus, elle parle anglais, ce qui l’aide beaucoup. Oui, elle est en train de
s’adapter, mais c’est un processus qui dure. »


Effectivement, l’adaptation est un
processus qui dure. Et il faudra encore attendre un certain temps, avant que
toutes ces femmes puissent quitter la Roumanie. Certaines ont trouvé la force
intérieure et ont déjà surmonté le choc de l’inconnu. Sans doute, elles auront
la force et le courage de continuer et de relever d’autres défis encore, si
cela s’avère nécessaire. (trad. Alex Diaconescu, Valentina Beleavski)



(sursa foto pixabay@Vertax)
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