Le marché du travail sous la loupe
Selon les spécialistes du recrutement, en Roumanie, l’année
2022 a été prodigue en opportunités d’emplois. Concrètement, seul celui qui ne le
désirait pas ne travaillait pas. Cette situation a été enregistrée malgré la
crise énergétique et les perturbations déterminées par la guerre en Ukraine.
Luiza Moldovan, 11.01.2023, 10:00
Selon les spécialistes du recrutement, en Roumanie, l’année
2022 a été prodigue en opportunités d’emplois. Concrètement, seul celui qui ne le
désirait pas ne travaillait pas. Cette situation a été enregistrée malgré la
crise énergétique et les perturbations déterminées par la guerre en Ukraine.
Par exemple, à la fin du mois de mars, l’Agence Nationale
pour l’Occupation de Main d’œuvre avait recensé 230 300 chômeurs et le taux de
chômage y était de 2,64 %. C’était une valeur très basse, si on tient compte du
fait que les offres d’emploi sont devenues de plus en plus nombreuses d’un mois
à l’autre. Entre temps, le taux de chômage a augmenté légèrement, jusqu’à 2,96
% en octobre 2022.
D’ailleurs, c’est en 2022 que la plateforme de
recrutement eJobs a proposé les offres d’emplois les plus nombreuses des 2 dernières
décennies. Ana Călugăru, responsable de communication chez eJobs, nous offre
des détails :
« Jusqu’ici,
2022 a été la meilleure année pour le marché du travail, surtout en ce qui concerne
le nombre d’opportunités. Depuis le début de l’année, la plateforme eJobs a
promu 420 000 emplois, soit le plus
grand nombre d’offres des 20 dernières années. Les postes les plus nombreux
sont proposés dans les ventes, les services, l’industrie alimentaire, le
tourisme, les centres d’appels, le BPO (Business
Process Outsourcing – des services externalisés) et le transport de logistique.
Quant aux candidatures, la plupart des candidats ont postulé pour des positions
dans les ventes, les centres d’appels, le BPO, le TIC, les télécommunications,
les services et la gestion bancaire. On a enregistré plus de 10 millions de
candidatures tout au long de l’année 2022. Les compétences digitales, avec une
croissance significative, ont été les plus recherchées par les employeurs
l’année dernière. Quand même, il ne s’agit pas d’un segment de compétences exclusivistes,
car, en fait, en 2022, il y eu des offres pour tous les domaines professionnels et pour tous
les niveaux d’expérience. »
Sans aucun doute, ce sont les candidats qui ont eu le
dernier mot à dire sur le marché roumain du travail en 2022. Les Roumains sont
devenus plus sélectifs et plus exigeants. Les critères de recherche d’un emploi
ont pris en compte l’atmosphère au travail, la sécurité du bâtiment ou bien la
distance par rapport à son logement. Le salaire n’était pas l’unique critère
déterminant. Cette situation a compliqué la tâche des recruteurs, qui n’ont plus
pu embaucher des gens tout aussi facilement qu’auparavant.
Ana Călugăru nous explique encore : « L’année dernière a mis en difficulté les
recruteurs, car il n’était pas si facile de trouver des employés qu’en 2021 ou 2020.
Du coup, le fait qu’autant de nouveaux emplois soient apparus sur le marché a
montré que c’était une bonne année pour les entreprises, qui ont travaillé au
niveau maximum. »
Il est intéressant d’observer
comment la dynamique du marché du travail change, parfois radicalement. Les
spécialistes du recrutement ont remarqué des changements inattendus même. Et si
ce jeu subtil de pouvoir a fait pencher la balance en faveur des candidats
l’année dernière, désormais les experts s’attendent à une évolution différente.
Voici ce que Ana Călugăru
prédit : « La dynamique
employé-employeur a changé. Malheureusement, depuis deux ou trois ans, on
assiste à des virages à 180 degrés très prononcés et à une cyclicité avec un
temps de rotation assez court. Si en 2019 c’était un marché des candidats, en
2020 il est devenu un marché des employeurs, puis, en 2021, il a recommencé à
redevenir peu à peu un marché des candidats et en 2022 c’était exclusivement un
marché dicté par les candidats. Les signaux économiques, nous font croire, en
quelque sorte, que 2023 fera un peu pencher la balance en faveur des
entreprises. Ce ne sont pas forcément de très bons signaux pour le marché, car
tout mouvement comme celui-ci crée des déséquilibres qui affectent l’un ou l’autre
(soit les patrons, soit les candidats). »
Autre aspect important :
après la pandémie, en 2022, de nombreuses entreprises ont rappelé leurs
employés dans les bureaux. Mais une fois découverte l’expérience du travail à domicile,
peu d’entre eux s’y attendaient. Les plus chanceux sont ceux qui ont réussi à
négocier un type de travail hybride.
Ana Călugăru nous présente la situation : « En ce qui concerne les emplois à
distance, 2022 a été une année où les entreprises ont rappelé leurs employés dans
les bureaux, mais pas dans la mesure à laquelle on s’attendait. En 2022, les
7,3 % du nombre total d’emplois proposés, soit 30 000 environ, étaient des postes
à distance. C’est toujours un nombre important. Nous voyons cependant que vers
la fin de l’année, le nombre d’emplois pouvant être effectués à domicile a
commencé à diminuer. C’est un signe qu’en 2023 on pourrait assister à un retour
massif, sinon définitif, des employés dans les bureaux. »
A noter aussi qu’en 2022,
les candidats ont recherché de nouvelles opportunités professionnelles d’une
manière beaucoup plus active qu’en 2021. La moyenne en était de 6 candidatures
par mois, soit deux fois plus qu’en 2021, selon les données d’une autre
plateforme de recrutement en ligne, BestJobs Romania.
De plus, le nombre total de
candidats a augmenté de 62 % en 2022 par rapport à l’année précédente. Parmi
les candidats ayant postulé sur cette plateforme, 54 % mentionnent au moins une
expérience professionnelle antérieure. 35 % d’entre eux maitrisent au moins une
langue étrangère et 14 % possèdent un permis de conduire.
Près de la moitié des candidats
(soit 47 %) souhaitent être contactés par des recruteurs avec des offres d’emploi,
même s’ils ne recherchent pas activement un travail, et 5% se disent prêts à
déménager pour un nouvel emploi. 98 % des candidats ont déclaré vouloir
connaître le salaire ou les limites de salaire du poste pour lequel ils
postulaient. Enfin, il faut préciser que la plupart d’entre eux ont postulé
principalement pour des emplois avec salaire à vue. (Trad. Andra Juganaru)