Via Transilvanica
Pour l’association « Tășuleasa Social »
l’environnement et la culture sont indissociables de l’engagement citoyen.
Depuis sa création il y a plus de 20 ans, l’ONG roumaine, dont le siège se
trouve au sommet de la montagne, à Pasul Tihuța dans les Carpates orientales,
travaille avec des bénévoles pour protéger la nature et mettre en avant la richesse
et la diversité culturelle du pays.
Christine Leșcu, 02.11.2022, 12:04
Pour l’association « Tășuleasa Social »
l’environnement et la culture sont indissociables de l’engagement citoyen.
Depuis sa création il y a plus de 20 ans, l’ONG roumaine, dont le siège se
trouve au sommet de la montagne, à Pasul Tihuța dans les Carpates orientales,
travaille avec des bénévoles pour protéger la nature et mettre en avant la richesse
et la diversité culturelle du pays.
« Tășuleasa
Social » a aidé les jeunes à prendre conscience que le bénévolat était une
chose normale, que les mentalités pouvaient évoluer grâce à l’éducation et que
l’engagement civique était important pour la communauté. Parmi les actions connues
menées par l’association – la reforestation, afin de palier au phénomène de
déforestation chaotique en cours en Roumanie, et ce au mépris de la loi. Les jeunes ont appris à planter des pousses,
ont découvert le rôle des arbres et des forêts, ont compris l’importance de
maintenir propres les lits des rivières et de trier les déchets. A cela
s’ajoute le soutien apporté par l’ONG aux membres les plus vulnérables des
communautés rurales.
Mais c’est surtout le projet le plus récent de « Tășuleasa
Social » qui reflète l’aboutissement de son travail. Un projet
d’envergure, celui de Via Transylvanica, un circuit uniquement accessible à
pied, à vélo ou à cheval. Le départ se fait en Bucovine, une région pittoresque
du nord-est de la Roumanie. Le parcours traverse ensuite la Transylvanie en
diagonale pour s’achever dans le sud-ouest, sur les rives du Danube, à Drobeta
Turnu-Severin. Bref, un itinéraire pour les plus courageux, puisqu’il parcourt
1 400 km de chemins balisés et qui permet, selon les organisateurs, de
découvrir ou redécouvrir la Roumanie dans toute sa splendeur.
Alin Ușeriu, notre invité, et président de l’organisation
« Tășuleasa Social » nous a raconté la genèse de cet incroyable
projet : « Le nom « Tășuleasa
Social » comporte le terme « social », et nous avons longtemps
cherché un moyen de revitaliser les villages sur le point de disparaître. C’était
notre idée de départ ! Ensuite, quand nous avons proposé cette idée et
nous sommes rendus compte que nous avions un super projet, nous nous sommes
renseignés et avons constaté que de plus en plus de monde emprunte ce type
d’itinéraire long. Le Pacific trail, les sentiers des Appalaches ou encore le
chemin de St Jacques de Compostel… La Roumanie peut désormais participer à ce
genre de tourisme, le tourisme durable, une mode très intéressante et très
saine selon moi. Et notre pays est très bien préparé pour ça ! Notre
patrimoine rural et naturel est incroyable et nous n’avons rien à envier aux
autres pays sur ce point. Je crois qu’à ce stade nous disposons d’une
infrastructure nationale de 1 400 km qui pourra servir de projet de référence,
surtout en Europe de l’est. Si tout se passe bien, il y a fort à parier que
d’ici quelques temps notre parcours devienne l’un des trail les plus importants
au monde. »
Depuis quatre ans,Alin
Ușeriu et son frère Tibi, coureur et ultra marathonien, ont travaillé avec plus
de 10 000 bénévoles au cours de leur grande aventure Via Transilvanica.
L’agence France presse (AFP) a récemment indiqué que cet itinéraire avait
redonné vie à de nombreux villages dépeuplés, faisant de ce projet une
expérience sans précédent en Roumanie, un pays qui malgré une importante
croissance économique fait face à un
exode de grande ampleur. En effet, les nouvelles générations quittent le
pays et laissent derrière elles un vide,
surtout dans les régions rurales dont les paysages sont pourtant à couper le
souffle. Mais ce sont aussi les jeunes qui, bénévolement, se sont employé à
redonner vie à ces espaces ruraux uniques.
Alin Ușeriu nous raconte : « Cela fait 22 ans que nous sommes en activité, nous avons autant
de bénévoles que nous le souhaitons, car les gens sont à la recherche de ce
genre d’expérience et de participation, du mode de vie promu par « Tășuleasa
Social ». Notre ONG intervient dans plusieurs domaines, nous faisons du
mieux que nous pouvons, et il est évident qu’au fil des ans nous avons rallié
beaucoup de gens à notre cause, des gens à qui aujourd’hui la nouveauté ne fait
plus peur. Selon moi, c’est cet état d’esprit et cette façon de travailler qui,
au cours des années, nous a permis d’attirer plus de 150 000 participants aux
projets. Nous avons un noyau dur d’une bonne centaine de bénévoles près à nous
suivre n’importe où et à travailler à nos côtés vaille que vaille. »
Partout où vous allez, y compris le long de la Via
Transilvanica, vous pouvez trouver un pain chaud tout juste sorti du four, une
maison délabrée qui pourrait être rénovée, un objet de valeur qui pourrait être
sauvé, ou encore un arbre qui pourrait être coupé en toute légalité… Voilà ce
que nous explique Alin Ușeriu, qui admet qu’il y a encore beaucoup à faire pour
que la Roumanie s’inscrive définitivement sur la liste des pays accueillant de
tels itinéraires s’étalant sur de grandes distances.
Alin Ușeriu : « Nous
avons célébré la fin du projet entre nous, avec l’équipe, avant de nous rendre
compte que nous n’étions qu’au début du parcours. C’est pour cela que nous
avons complètement changé notre façon de communiquer. Au cours des prochaines
années, nous allons nous concentrer sur la partie qualité, sécurité, entretien.
La promotion en interne mais aussi à l’international est très très importante.
Nous devons franchir cette étape ensemble, voir où nous mène ce chemin, créer
ensemble une nouvelle forme de tourisme, le tourisme « actif » pour
lequel la Roumanie a énormément de potentiel. Voilà quel est notre projet en ce moment, mais
n’ayez crainte, nous avons encore plein d’autres idées en magasin. Nous avons
toujours essayé d’avoir une longueur d’avance par rapport aux autres
organisations, et cela a très bien fonctionné jusqu’à présent. »
Les randonneurs peuvent parcourir la Via Transylvanica en
plusieurs semaines ou opter pour seulement quelques tronçons, selon leur
motivation. Et il n’est pas exclus que pour beaucoup, y compris les Roumains,
l’expérience se transforme en un voyage initiatique à travers la nature, la
culture, l’histoire, la tradition et la gastronomie de la Roumanie, en somme, à
travers l’identité roumaine. (Trad :
Charlotte Fromenteaud)