«Casa Share» – plus qu’une association, un véritable état d’esprit !
Roxana Vasile, 30.03.2022, 12:39
« Je ne suis pas Superman ou je ne sais quel autre
super-héros. Mais avec un grand cœur, beaucoup de volonté et de compassion,
j’essaie de changer la vie de ces enfants au destin tragique ». Voilà
comment se décrit Bogdan Tănasă, qui avec son association « Casa Share »,
rénove ou construit des maisons pour les plus vulnérables. Il travaille aussi à
la construction d’un Centre éducatif et professionnel pour les enfants
défavorisés de la région de Moldavie.
« J’ai
48 ans et au départ je suis un entrepreneur à la tête de deux entreprises de
production de briquets et de granulés de bois. J’ai grandi dans le département
de Iași, juste en face d’un orphelinat. De là m’est venue l’envie de participer
à la construction d’un monde meilleur. Petit, j’ai assisté à beaucoup de
choses, et j’ai eu la chance de rencontrer des gens venus de l’étranger pour
prêter main forte. J’ai beaucoup appris à leurs côtés. Je suis moi-même parti
assez longtemps à l’étranger, et je me suis dit que si Dieu pouvait m’aider à
trouver les financements nécessaires, j’aimerais aussi aider la société à mon
tour. Et c’est ce que je fais depuis maintenant huit ans : je travaille
dans mon usine, et je passe le peu de temps libre dont je dispose à travailler
sur mon projet Casa Share. »
Peu de temps libre pour Bogdan Tănasă, mais beaucoup de
succès malgré tout, d’après ce que nous avons pu constater. Pendant ces huit
années, il a réussi à faire construire 30 maisons pour les gens les plus
démunis des régions rurales.
« On me demande souvent comment j’ai
réussi à imaginer et à organiser tout ça. Eh bien, je n’ai fait ni l’un, ni
l’autre. Je n’ai fait que partager mon envie de faire le bien autour de moi. Il
y a huit ans j’ai lu un article dans un journal qui parlait de 6 enfants qui
vivaient seuls avec leur père. Leur mère les avait quittés. Ils vivaient
difficilement et l’un d’entre eux avait exprimé le désir d’avoir une petite
voiture pour jouer. Et je me suis dit « mais ce n’est pas possible ! ».
Je suis allé chez eux, car je devais leur installer un poêle à bois puisqu’ils
n’avaient pas de chauffage. Ils n’habitaient pas une maison mais une cabane. Je
n’ai finalement pas installé le poêle, je leur ai carrément construit une
maison. C’était la première des trente que j’ai réussi à construire
depuis. »
Les bénéficiaires de « Casa Share » sont ceux à
qui la chance n’a jamais souri ou contre qui le sort s’acharne. Des mères
célibataires avec plusieurs enfants dont le père est parti, les laissant avec
le strict minimum ; des gens qui ont tout perdu lors d’un incendie ;
des personnes âgées qui s’accrochent à la vie sans pouvoir travailler pour se
procurer des biens de première nécessité. L’association de Bogdan Tănasă s’est
progressivement fait connaître dans la région, mais aussi dans le reste du
pays.
« Nous choisissons les gens à qui nous
venons en aide. Car nous devons discuter préalablement avec les services
sociaux, la mairie et le prêtre du
village. Nous changeons le cours de leur vie. Voilà ce que nous faisons avec
«Casa Share», changer des vies. Nous accompagnons les enfants jusqu’à l’âge de
18 ans, et même après. Nous gardons contact ensuite pour suivre leur parcours,
savoir s’ils partent à l’étranger, s’ils signent des contrats de travail en
bonne et due forme. Au cours de ces huit années, ces enfants, 16 d’entre eux,
ont grandi. Ils sont devenus adultes et ont différents travails. Je suis très
ferme et strict pour qu’ils restent ici dans le pays, pour qu’ils apportent
leur pierre à l’édifice, car nous avons besoin de ces jeunes ici. Ils ont
grandi dans l’esprit de « Casa Share», celui de venir en aide à
autrui. »
Tous ceux à qui Bogdan Tănasă vient en aide sont
importants. Mais les enfants défavorisés occupent une place toute particulière
dans son projet. Seuls l’éducation et un métier permettront à ces enfants issus
de milieux pauvres de changer leur destin. C’est pour cette raison que « Casa
Share » travaille à l’ouverture d’un Centre éducatif et professionnel dans le
département de Iași.
« Le centre fait 540 mètres carrés,
c’est assez grand. Il ressemble à une école, avec deux étages. Il comporte
quatre grandes classes pouvant accueillir 70 élèves ainsi que deux ateliers encore plus grands. Ces derniers accueilleront différents
intervenants venus travailler avec les enfants pour leur enseigner les métiers
d’électricien, de plombier, de charpentier etc. Après l’école (car la scolarité
est aussi essentielle) nous emmenons ces enfants au centre, nous leur offrons à
manger, nous leur dispensons des cours, et une fois leurs devoirs terminés, à
l’aide de professeurs, nous les emmenons à l’atelier où nous les sensibilisons
à la culture du travail. »
En d’autres termes, le Centre éducatif et professionnel
de Bogdan Tănasă ira au-delà des simples activités d’après classe. Il s’agit de
donner à ces enfants une chance d’avoir une vie meilleure.
De plus, avec son association « Casa Share », Bogdan
Tănasă apporte de la nourriture aux plus défavorisés et conduit chaque semaine
les personnes âgées qui en ont besoin chez le médecin. Pendant la pandémie, il
a acheté pour l’Hôpital des maladies infectieuses de Iași un appareil pour
faire des tests Covid, des tests, des masques ainsi que des combinaisons.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il s’est aussi rendu à la
frontière pour venir en aide aux réfugiés.
« Je suis venu et j’ai vu ce qui se passait. Beaucoup
de gens se sont précipités pour apporter de la nourriture et tout le
nécessaire. Rien ne manque grâce à la générosité des Roumains. Personnellement
je suis un homme plus pratique, c’est pour cette raison que je construis des
maisons et que j’apprends aux autres à se débrouiller seuls. J’ai vu des mères
franchir la frontière après être restées dans le froid pendant 14-20 heures,
trainant derrière elles deux valises et trois enfants avec leurs peluches sous
le bras. Ils devaient trouver rapidement un toit et un endroit pour se
réchauffer. Alors avec l’une de mes amies de l’association « Gura Humorului »,
nous avons trouvé 14 maisons d’hôtes. Nous avons demandé aux propriétaires
d’ouvrir leur porte aux réfugiés, nous nous sommes chargés d’apporter de la
nourriture et des denrées non périssables. Nous avons transporté les réfugiés
depuis la frontière jusqu’aux chambres d’hôtes avec nos minibus. Des dizaines
de mères et leurs enfants sont aujourd’hui logés là-bas. »
En somme, Bogdan Tănasă et son association « Casa Share »
est un exemple pour nous tous. Il a réussi à mobiliser chez certains des
ressources insoupçonnées, essentielles dans une société chaque jour un peu plus
individualiste et apathique. Il explique que cette démarche lui fait beaucoup
de bien et lui réchauffe le cœur, et recommande à tout le monde de suivre son
exemple. (Trad : Charlotte Fromenteaud)