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Le soutien des Roumains pour venir en aide aux réfugiés ukrainiens

Le soutien des Roumains pour venir en aide aux réfugiés ukrainiens
Le soutien des Roumains pour venir en aide aux réfugiés ukrainiens

, 23.03.2022, 13:10

Près de 400 000
citoyens ukrainiens se sont réfugiés en Roumanie depuis l’invasion de leur pays
et le déclenchement de la guerre par la Russie. Depuis le 24 février, les
réfugiés se pressent pour traverser la frontière de 650 km commune entre les
deux pays. La plupart sont entrés par le nord, par les postes-frontières du
Maramureș ou de la Moldavie roumaine, et d’autres, moins nombreux, par l’est,
dans le delta du Danube. Les habitants de cette partie de la frontière se sont
immédiatement et instinctivement mobilisés pour apporter leur aide, en leur
offrant un toit et de quoi manger. Les représentants de la société civile, puis
les autorités officielles, n’ont pas tardé à les rejoindre. Ils ont installé
des tentes et ont apporté l’aide de première nécessité, ont transmis des
informations et organisé le transport pour ceux qui ne souhaitaient pas rester
en Roumanie. Le Conseil national roumain pour les réfugiés était présent dès le
24 février, pour apporter son expertise, comme nous l’explique Ana Cojocaru,
représentante de cette organisation :




« Mes collègues sont actuellement sur le
terrain, et nous sommes aussi présents aux postes-frontières. Notre ONG est
spécialisée dans le domaine de l’expertise juridique. Tout ce que nous pouvons
faire, c’est informer, et plus particulièrement dispenser des conseils sur la
procédure de demande d’asile pour ceux qui souhaiteraient se voir accorder ce
statut par l’Etat roumain. Nous avons aussi deux lignes téléphoniques afin
d’être contactés à tout moment, de jour comme de nuit. Nous recevons des
dizaines et même des centaines d’appels chaque jour. Nous intervenons aussi
dans tous les centres de réfugiés du pays gérés par le ministère de
l’Intérieur, et plus particulièrement par l’Inspection générale de
l’immigration. »




La plupart des questions relatives aux
démarches administratives pour les réfugiés souhaitant rester ou traverser le
territoire roumain ont été centralisées sur le site internet dopomoha.ro. Un
projet soutenu par les institutions publiques en collaboration avec les
associations non gouvernementales. En outre, face à la gravité de la situation,
la plupart des formalités afin d’entrer sur le territoire ont été simplifiées.
Ana Cojocaru nous raconte que cela n’a pas été le cas dès le début :




« La
plupart des questions soulevées ont trait à l’entrée ou au transit du
territoire roumain. En réalité, dans son histoire récente, la Roumanie n’a pas
été confrontée à un tel afflux de personnes. Un petit ajustement était donc
nécessaire. Nous sommes maintenant convaincus d’être en bonne voie, et la
coordination entre la société civile et l’Etat ainsi qu’entre les différentes
institutions est bien mieux organisée. »




Le plus
impressionnant reste toutefois la réaction rapide et empathique des Roumains
face aux réfugiés. Ana Cojocaru raconte :






« Je crois que même dans nos rêves les plus
fous nous n’avions pas imaginé une telle réaction de la part de la société
civile, de nos citoyens dans leur ensemble, et des habitants de la frontière.
Beaucoup d’ONG et d’associations étatiques sont intervenues pour accueillir les
réfugiés aux frontières, et la mobilisation citoyenne a été extraordinaire.
Pour vous donner un exemple, à 23h30 samedi nous cherchions une solution pour
accueillir un groupe de 14 personnes dont des enfants. En dix minutes à peine
nous avons trouvé une solution de logement grâce à un homme exceptionnel. Il
est certain que les choses ont été un peu difficiles au départ, face au nombre
impressionnant de personnes souhaitant apporter leur aide. Cela a généré un peu
de chaos au départ, dans les postes-frontières principaux. Pendant ce temps,
les informations sur toutes ces initiatives ont été progressivement
centralisées. Des cellules se sont constituées dans les départements situés à
la frontière avec l’Ukraine et la République de Moldova. Et je pense que ce
processus de coordination est de mieux en mieux organisé. »






Ștefan Mandachi,
un entrepreneur de la région de Suceava (nord) a apporté son aide aux réfugiés
dès le premier jour de la guerre. Il raconte avoir été très impressionné par
« ces gens qui dans toute cette horreur ont réuni tout ce qu’ils pouvaient
dans un petit sac et se sont enfuis avec leurs enfants et leurs animaux de
compagnie, sans savoir s’ils pourraient un jour retrouver le chemin de la
maison ». Ștefan Mandachi les a accueillis à titre gracieux dans ses
hôtels et restaurants. Combien de réfugiés a-t-il réussi à aider jusqu’à
présent ? Il n’a pas compté.




« Je ne
peux pas vous donner de chiffre exact. Je sais qu’environ 200 réfugiés arrivent
chaque jour. Par exemple, l’autre jour, j’ai dû mettre à leur disposition un
autre salon. Je crois que ce jour-là, le nombre d’arrivants était énorme :
près de 300 personnes. Depuis le début de la guerre, nous accueillons chaque
jour à l’hôtel plus de 200 réfugiés qui passent la nuit chez nous. Nous avons
fini par ouvrir un centre d’appels en interne. Nous avons formé une équipe, et
cette formule nous a permis d’organiser le transport et d’offrir un logement
pour des séjours de courte ou longue durée à ceux qui en avaient besoin, à
partir d’offres de la population. Notre priorité aujourd’hui est de transporter
les réfugiés vers ces lieux d’hébergement ou de les aider à se rendre ailleurs
en Europe, là où ils souhaitent aller. »






Ștefan Mandachi
raconte qu’ils sont dévastés, comme on pouvait s’y attendre.




« Ceux qui arrivent jusqu’à chez nous sont en
général dans un piètre état. Ils récupèrent lorsque les enfants recommencent à
jouer. Nous avons essayé d’organiser des jeux pour les petits, afin de les
sortir de la dépression. Lorsque les parents, surtout les mères en l’occurrence
car il y a peu d’hommes, voient leurs enfants s’amuser, elles semblent se
détendre un peu. Evidemment les réfugiés ukrainiens sont dans un état de tension
extrême, d’ailleurs il n’y a pas que les Ukrainiens. On reçoit aussi des
Marocains, des Nigériens ou encore des Indiens qui faisaient leurs études à
Kiev. »








Ni Ștefan
Mandachi, ni les autres ONG n’auraient pu faire face à cette situation sans
l’aide des bénévoles, des Roumains de la région qui, chacun à leur façon, ont
prêté main forte. Ștefan Mandachi nous en dit plus :




« J’ai mis sur pied une équipe de bénévoles
phénoménale. Beaucoup sont des étudiants moldaves ou ukrainiens venus faire
leurs études à Suceava. Ils étaient très nombreux, nous n’avons donc jamais
manqué de bénévoles. Ils sont très appliqués et très engagés. Ils travaillent
avec passion, et cela nous inspire tous. Nous ne connaissions pas la plupart
d’entre eux, nous ne les avions jamais vus. Ils viennent des communes
avoisinantes. Nous ne les connaissions pas, mais ils étaient très impliqués et
agissaient comme s’ils avaient toujours été là. Tous étaient venus pour prêter
main forte bénévolement. »




Malheureusement,
la guerre en Ukraine semble se prolonger. Le nombre de réfugiés risque donc de
continuer à augmenter et l’organisation de l’effort pour leur venir en aide va
devoir être de plus en plus efficace. (Trad : Charlotte Fromenteaud)

sursă foto: eesc.europa.eu
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