Les enfants à besoins éducatifs particuliers
Aujourd’hui nous parlons d’engagement personnel et
collectif pour améliorer les choses à l’échelle de la communauté, lorsque cela
est nécessaire. Si cela fonctionne, cela peut produire un effet boule de neige
et prendre de l’ampleur.
România Internațional, 20.07.2022, 06:39
Aujourd’hui nous parlons d’engagement personnel et
collectif pour améliorer les choses à l’échelle de la communauté, lorsque cela
est nécessaire. Si cela fonctionne, cela peut produire un effet boule de neige
et prendre de l’ampleur.
Diplômée en biochimie, Alina Dina-Tănasie a décidé de reprendre
des études de psychologie. Aujourd’hui, elle travaille comme professeure pour
les élèves à besoins éducatifs particuliers et préside l’association Autenticitate,
Varietate, Acceptare (AVA) de Râmnicu Vâlcea, dans le sud de la Roumanie. Elle
est aussi mère de deux enfants dont l’un est autiste. C’est ainsi qu’elle s’est
penchée sur la question pour comprendre les besoins spécifiques de son fils et
de l’aider au mieux. Qu’est-il advenu ensuite ? « C’est
mon fils qui m’a donné envie de m’impliquer. Il m’a donné la motivation
nécessaire, m’a poussée à en apprendre davantage, à trouver de nouvelles
solutions pour lui venir en aide. Je voulais tellement l’aider ! Je n’arrivais
pas à croire qu’une telle chose puisse m’arriver à moi. Je n’arrivais pas à
accepter, j’étais dans le déni. Jusqu’au moment où j’ai pris conscience que c’était
ma réalité, et que si je n’agissais pas pour mon enfant, en plus de sa
thérapie, j’allais m’en mordre les doigts. Je me suis renseignée, j’ai beaucoup
appris, j’ai beaucoup lu sur le sujet, j’ai appris comment travailler avec lui,
j’ai été en contact avec ses thérapeutes à qui j’ai demandé la permission d’observer
comment ils travaillaient avec mon fils. Ensuite j’ai commencé à comparer les
informations et je suis progressivement revenue à mes premiers amours : la
psychologie. J’ai été transportée par l’envie d’aider autrui lorsque j’ai
constaté tout ce que je pouvais déjà faire pour mon propre enfant. Je me suis
dit « je suis sûre de pouvoir aussi aider les autres ! ». Je
disposais de tout le matériel didactique et pratique chez moi. Il y a cinq ans,
alors que j’attendais que mon fils sorte de sa séance de thérapie, je me suis
prise à rêver d’un centre qui pourrait s’occuper des enfants à besoins
particuliers. C’est comme ça que tout a commencé ! »
Cinq ans plus tard, le rêve d’Alina Dina-Tănasie s’est
réalisé. D’ici quelques jours, le Centre multifonctionnel pour les enfants à
besoins éducatifs particuliers ouvrira ses portes à Râmnicu Vâlcea. Ces enfants
pourront bénéficier d’un accompagnement psychologique, physique et émotionnel, et
leurs familles retrouver le sourire, la sérénité et l’équilibre. « Ce centre souhaite
offrir un accompagnement aussi bien aux parents qu’aux enfants atteints de
troubles. Dans un premier temps, cela implique une évaluation correcte des
troubles en question, un accompagnement adéquat pour les parents, la mise en
place d’ateliers parents-enfants ou avec d’autres enfants, ainsi que de la
kinésithérapie, de l’orthophonie et de la thérapie 3C. La thérapie 3C permet au
patient de récupérer ses capacités psychomotrices, à savoir la concentration, la
conscience et la coordination. Les enfants qui intègrent ce programme gagnent
en autonomie sur le plan psychomoteur. En d’autres termes, ils vont prendre
conscience de leur propre corps, vont être davantage concentrés, vont être
mieux coordonnés, et donc mieux s’adapter à leur environnement. En fait, ils
vont retrouver leurs facultés neuro-psychomotrices. »
Selon Alina Dina-Tănasie, sur l’année scolaire 2019-2020,
près de 7 700 enfants à besoins éducatifs particuliers, et près de 1 500
enfants en situation de handicap ont été inscrits rien que dans la région de l’Olténie,
dans le sud de la Roumanie. Soit une diminution de 4 % par rapport à l’année
précédente, en raison de leurs difficultés d’intégration dans le système
scolaire roumain. Et la pandémie a aggravé la situation ! Or, le Centre multifonctionnel
pour les enfants à besoins éducatifs particuliers a pour objectif l’intégration
de ces enfants à la communauté scolaire, et plus largement à la société. Alina
Dina-Tănasie nous raconte : « Nous
accueillons les enfants à bras ouverts, quel que soit leur handicap. Les
enfants atteints de troubles psychiques ou moteurs, les tétraplégiques, ceux
qui se déplacent en fauteuil roulant, mais aussi les autistes, les enfants
souffrant de trisomie 21, de retard mental etc. Nous dispensons aussi des soins
orthophoniques, car même les autres enfants ont parfois des difficultés à
prononcer certaines lettres ou syllabes… Eux aussi sont les bienvenus aux côtés
des enfants à besoins particuliers que nous accueillons. »
Quid des parents ? Quels conseils viennent-ils
chercher dans votre centre ? « Il n’y a pas de honte à demander de l’aide. Ni à admettre que l’on
est dépassé. Les parents des enfants à besoins particuliers passent par
différentes étapes. La première, très claire, c’est l’état de choc. Vient
ensuite le déni, puis la dépression, suivie de la révolte. « Pourquoi moi ? »
Puis, petit à petit, lorsqu’ils commencent à nous poser des questions, les
réponses apparaissent à leur tour. Et si l’on est attentif, alors quelqu’un
vient nous tendre la main pour nous aider. Voilà la première étape pour ne pas
sombrer dans le déni et le refus, et, très important, pour apprendre à s’accepter
en tant que parent, mais aussi en tant que parent d’un enfant à besoins
spécifiques. »
Alina Dina-Tănasie n’est pas la seule – heureusement !
– à avoir fait de son rêve d’aider les enfants à besoins éducatifs particuliers
de Vâlcea une réalité. Nous évoquions au début l’effet boule de neige des
bonnes actions menées au sein des communautés locales, et de ceux et celles qui
décident de prendre leur rôle de citoyen au sérieux et d’agir. Râmnicu Vâlcea
accueille l’une des vingt Fondations communautaires de Roumanie. Ces fondations
sont nées de la générosité de certains habitants, et de leur volonté de voir
changer les choses pour améliorer la vie de leur communauté, grâce à la mise en
place de projets dans le domaine de l’éducation, de la santé, de l’environnement
ou de la culture. Ces fondations connaissent les enjeux des communautés
locales. Leur objectif est de tisser des liens entre leurs fondateurs et leurs
bénéficiaires, d’apporter des solutions aux problématiques locales. C’est le
rôle qu’a joué la Fondation communautaire de Râmnicu Vâlcea lorsqu’ Alina
Dina-Tănasie a partagé son rêve de créer son centre : « Ils nous ont
beaucoup aidés au début. Ils étaient nos anges gardiens, ils nous ont beaucoup
soutenus à l’époque et ils ont cru en notre projet. La Fondation communautaire
de Vâlcea est de tout cœur avec nous,
c’est vrai. Grâce à son aide, nous avons pu coopérer avec l’association Zi de
Bine, dont Melania Medeleanu (ancienne vedette de télévision) fait partie. Elle
aussi a cru, et croit toujours, en notre projet. C’est grâce à leur soutien à
tous que nous en sommes là aujourd’hui. »
Depuis la création des premières Fondations
communautaires en Roumanie en 2008, des dizaines de millions de lei ont permis
le financement de projets contribuant à l’amélioration des conditions de vie
des communautés locales. Parmi eux, le Centre multifonctionnel de Râmnicu
Vâlcea pour les enfants à besoins éducatifs particuliers, rêvé puis créé par Alina
Dina-Tănasie. (Trad : Charlotte
Fromenteaud)