Une nouvelle rentrée scolaire sous le signe de la pandémie
Le 13 septembre dernier, une seconde rentrée scolaire depuis le début de la crise sanitaire a eu lieu en Roumanie dans un contexte d’inquiétudes autour du variant Delta. Dans un désir de privilégier la présence des enfants en classe, le Ministère roumain de l’Education a imaginé un scénario permettant le déroulement des cours en présentiel tant que le taux de contamination demeure en dessous ou égal à 6 cas par mille habitants. Ce ne sera qu’à partir du moment où ce taux sera dépassé que les élèves reprendront les cours à distance, comme ils l’ont déjà fait pendant la première vague pandémique. La raison pour laquelle les autorités roumaines essaient presque à tout prix de privilégier l’école en présentiel est due aux résultats complètement insatisfaisants enregistrés par les élèves roumains au bout d’une année scolaire déroulée principalement à distance.
Christine Leșcu, 22.09.2021, 09:08
Le 13 septembre dernier, une seconde rentrée scolaire depuis le début de la crise sanitaire a eu lieu en Roumanie dans un contexte d’inquiétudes autour du variant Delta. Dans un désir de privilégier la présence des enfants en classe, le Ministère roumain de l’Education a imaginé un scénario permettant le déroulement des cours en présentiel tant que le taux de contamination demeure en dessous ou égal à 6 cas par mille habitants. Ce ne sera qu’à partir du moment où ce taux sera dépassé que les élèves reprendront les cours à distance, comme ils l’ont déjà fait pendant la première vague pandémique. La raison pour laquelle les autorités roumaines essaient presque à tout prix de privilégier l’école en présentiel est due aux résultats complètement insatisfaisants enregistrés par les élèves roumains au bout d’une année scolaire déroulée principalement à distance.
Quoi qu’il en soit, le plus important reste la santé des enfants et des professeurs, assure le ministre roumain de l’Education, Sorin Cîmpeanu. « Dans chaque école, il existe une personne censée faciliter le dialogue entre le personnel sanitaire et les parents. Il s’agit de quelqu’un à même de répondre à toutes les questions concernant la vaccination, plaidant pour l’importance du respect des normes sanitaires. Je pense au port du masque, obligatoire à l’intérieur, à la distanciation physique, à l’aération des salles de classe ou encore au respect des mesures d’hygiène. Parallèlement, on continue les campagnes d’informations afin d’expliquer l’importance et la nécessité de la vaccination comme unique moyen de mettre un terme à cette crise. »
Quant au rythme de l’immunisation au sein du personnel éducationnel et des élèves, le ministre déplore le taux très faible de personnes vaccinées. Trois jours avant la rentrée scolaire, seulement 15 % des élèves et 61 % des enseignants étaient vaccinés. Comment le ministère de l’Education entend-il gérer cet aspect ? Sorin Cîmpeanu :
« Sur l’ensemble des scénarios imaginés par le ministère, aucun ne fait de différence entre les élèves vaccinés et ceux qui ne le sont pas. Car une telle différence n’a aucune base légale, et donc on risque d’être accusés de discrimination. Tout cela est clair, on l’a très bien compris. Pourtant, cela ne veut pas dire qu’on ne finira pas par trouver une possibilité légale afin de stimuler la vaccination. En revanche, si dans une classe on a un cas de Covid, toute la classe entrera sous l’incidence du protocole sanitaire. L’approche est différente si dans cette classe, les enfants ont plus de 12 ans, et ils sont donc éligibles pour la vaccination. Si parmi eux, on a des élèves immunisés qui souhaitent continuer à se rendre à l’école en présentiel, ils pourront le faire. Et puis, on a créé encore une possibilité : celle de réduire de moitié la période de télé-école. Concrètement, au bout d’une semaine de cours en ligne, l’enfant contaminé peut se faire tester et si le résultat est négatif, sa classe retournera à l’école, sans devoir attendre les 15 jours prévus dans un premier temps. On a donc réduit de moitié la période de quarantaine, justement pour limiter les cours à distance. »
La réticence des parents face à la vaccination de leurs enfants a connu elle aussi des modifications au fur et à mesure que la pandémie a évolué, affirme le pédiatre Mihai Craiu. « Cette année, j’ai vu une étude prospective sur la perception des parents au sujet de la vaccination. Il s’agit d’une enquête menée pendant trois jours auprès de plus de 1 290 parents roumains, des mères intellectuelles pour la plupart, issues du milieu urbain. On a donc constaté une baisse significative de la peur ressentie par les adultes face à la maladie. Cela veut dire que la crainte de voir son enfant contaminé par le coronavirus a diminué aussi, de 76 % au début de la pandémie à presque 50 % actuellement. Les parents s’avèrent donc moins inquiets pour leurs enfants et cela s’explique, le plus probablement, par le fait que nombre des sujets questionnés se sont fait vacciner. »
Voilà pourquoi il devient particulièrement important d’expliquer aux parents les effets de la vaccination chez les enfants, avec tous les détails possibles, opine le médecin pédiatre Mihai Craiu : « C’est la sûreté de la vaccination que les parents devraient comprendre. A l’heure où l’on parle, on a déjà administré presque 5 milliards et demi de doses à travers le monde. Un chiffre très important. C’est le seul vaccin au monde à avoir été administré à si grande échelle à moins d’un an de son lancement et qui n’a pas provoqué d’effets adverses sérieux. Bien sûr qu’il existe quelques inquiétudes de nature pédiatrique. Par exemple, le risque de myocardite chez les garçons, moins dangereuse et beaucoup plus rare que le syndrome multi systémique de l’enfant provoqué par le virus SARS-CoV-2. Pratiquement, chez les enfants caucasiens comme ceux de Roumanie, aucun décès n’a été enregistré suite à la vaccination. »
Consciente du fait que chaque personne a le droit de décider pour soi-même et pour ses enfants, la Fédération des Associations des parents d’élèves de Roumanie se méfie d’adopter une position ferme pour ou contre la vaccination. Son président, Iulian Cristache, affirme : « Cet aspect est beaucoup trop intime, trop privé pour que notre fédération se permette de faire des recommandations. En revanche, ce que nous avons fait, c’était de mettre à la disposition des parents des campagnes d’information mises en place avec le soutien du Ministère de l’Education et du Gouvernement roumain. On a mené des campagnes dans les écoles, on a organisé des réunions en visioconférence avec les directeurs et les parents. Personnellement, je suis adepte d’une position équilibrée au sujet de la vaccination, surtout que ce n’est pas une décision facile. Chaque famille doit décider pour elle-même. Ce que nous, on peut faire, c’est de nous adresser aux deux ministères pour leur demander d’envoyer des experts dans les écoles pour répondre aux questions des parents avant que ceux-ci ne fassent leur choix. »
Et Iulian Cristache d’ajouter : « Mon épouse et moi-même, on s’est fait vacciner, puisque suite aux informations que nous avons lues, on a considéré que la vaccination restait le seul moyen pour nous protéger contre le virus. En plus, les deux, on a été contaminés et obligés de rester confinés 14 jours à la maison et on sait très bien que ce n’est pas facile de vivre une telle expérience. Toutefois, ma fille qui aura 16 ans en décembre a refusé de se faire vacciner en ce moment. J’en ai parlé avec elle et elle m’a expliqué vouloir attendre encore un peu avant de prendre une décision. Pour l’instant, elle a dit non, mais si à un moment donné, elle est prête, elle ira se faire vacciner. »
Par ailleurs, aussi bien le représentant des associations de parents d’élèves que les experts de l’Education expliquent que ce sont notamment les informations alarmistes quant à la sûreté du vaccin que les parents lisent dans les médias ou sur les réseaux sociaux et qui alimentent leur réticence.