Le rôle des femmes dans la société européenne actuelle
Cette année, la Journée internationale des femmes a été aussi marquée par une conférence européenne consacrée aux droits et au rôle des femmes dans la société en 2020. Ramona Strugariu, députée européenne du groupe Renew Europe (élue en Roumanie sur la liste de l’Alliance USR PLUS), a été l’organisatrice de cet événement à Bucarest : « Nous n’avons pas progressé aussi loin que nous l’avons souhaité en matière d’égalité de genre et de son application dans la représentation politique. Plus encore, cette Europe, que la commissaire européenne Vera Jourova décrivait comme le meilleur endroit du monde d’aujourd’hui pour les femmes et leurs droits – ce qui est d’ailleurs vrai – c’est une Europe où une femme sur trois subit quotidiennement une agression physique ou d’une autre nature. C’est aussi une Europe où 55% des femmes sont harcelées sexuellement. »
Monica Chiorpec, 12.08.2020, 13:00
Cette année, la Journée internationale des femmes a été aussi marquée par une conférence européenne consacrée aux droits et au rôle des femmes dans la société en 2020. Ramona Strugariu, députée européenne du groupe Renew Europe (élue en Roumanie sur la liste de l’Alliance USR PLUS), a été l’organisatrice de cet événement à Bucarest : « Nous n’avons pas progressé aussi loin que nous l’avons souhaité en matière d’égalité de genre et de son application dans la représentation politique. Plus encore, cette Europe, que la commissaire européenne Vera Jourova décrivait comme le meilleur endroit du monde d’aujourd’hui pour les femmes et leurs droits – ce qui est d’ailleurs vrai – c’est une Europe où une femme sur trois subit quotidiennement une agression physique ou d’une autre nature. C’est aussi une Europe où 55% des femmes sont harcelées sexuellement. »
Ramona Strugariu a présenté les problèmes des femmes de Roumanie, insistant sur le cadre légal auquel les victimes de la violence peuvent faire appel partout en Europe. La députée européenne a souligné la nécessité de voir ces efforts se poursuivre aussi au niveau national : « Dans notre pays, 63% de la population considère que la violence contre les femmes et la violence en famille ne sont pas de vrais problèmes, qu’ils n’existent pas en réalité et ne constituent pas un problème social. Il faudrait donc réfléchir à ce qu’il faut faire, dans ce contexte. Qu’est-ce que l’on peut faire concrètement, au plan européen ? Que peut-on faire au plan national, concernant la législation, les mesures à prendre et le respect des dispositions légales ? Que peut-on faire aussi en termes de mentalité et d’éducation ? »
Irina von Wiese, ancienne députée européenne avant le Brexit et membre du Parti libéral démocrate du Royaume-Uni, a été présente à la conférence « La Roumanie et l’Europe au féminin », où elle a souligné l’importance de l’élimination des stéréotypes de genre : « Ce n’est pas dû au manque de chance. C’est dû, en partie, au fait que, depuis des années, notre système d’éducation a traité la technologie, les mathématiques, l’ingénierie comme des domaines dédiés aux hommes. Il faut former une nouvelle génération pour réussir à identifier les opportunités pour les femmes sur le marché de l’emploi. Nous avons besoins de sortir des règles et des stéréotypes concernant les professions ouvertes aux femmes. Nous devrions encourager nos filles, en leur disant « en effet, ça c’est une occupation que tu peux assumer ». Les opportunités existent et elles sont extraordinaires pour les femmes actuelles. »
Entrée en politique dans un contexte qui l’a propulsée en tant que représentante de la société civile britannique, Irina von Wiese a aussi parlé des mauvaises expériences liées au statut de personnalité publique : « Je dois avouer que, si on n’y est pas préparé, il faut faire preuve de beaucoup d’endurance. Notamment dans l’environnement en ligne. Il est bien connu, nous devons avoir aussi une présence en ligne, et mon attaché de communication a déposé de très nombreuses plaintes concernant des réponses abusives. C’est arrivé sur Twitter, mais aussi sur les autres médias et réseaux. La plupart des messages avaient une nuance misogyne, allant jusqu’au harcèlement sexuel ou bien aux menaces. Il y a eu aussi des commentaires contre moi, en tant que femme politique. J’ai dû construire seule ma capacité de résilience. »
Cachés derrière une identité peu transparente, favorisée par l’environnement virtuel, les abus peuvent avoir un impact fort sur les victimes. Bien qu’occupant des postes importants, les femmes confrontées à de telles situations peuvent éprouver de graves traumatismes émotionnels et choisir de d’abandonner leurs carrières publiques, explique Irina von Wiese : « L’abus proprement-dit n’est pas le seul problème. Il y a aussi son effet psychologique sur les jeunes femmes politiques. A chaque fois que je fais face à un abus, je me dis: « Bien sûr, je veux que mon implication compte pour quelque chose, que je prenne part à la vie politique, mais est-ce que je veux vraiment connaître cette expérience, cette haine, cette agression constante au niveau du discours politique actuel ? Comment y faire face d’un point de vue émotionnel ? »
Irina von Wiese est sûre que la Roumanie et les autres Etats membres de l’Union européenne sont capables de prévenir les abus et de contrôler leurs effets, tant qu’il existe des groupes de soutien : «Je crois que nous avons le cadre nécessaire et, dans de nombreux cas, de programmes spécifiques pour promouvoir les femmes. Mais ça ne suffit pas. Pour attirer tout leur talent politique, il faut leur offrir un réseau, un filet de sauvetage pour les acteurs politiques, pour tous ceux qui sont actifs dans un domaine public. Le besoin s’en fait sentir afin de leur offrir la possibilité de s’entraîner pour résister, une solution de réserve, si quelque chose va mal. Nous avons besoin d’un réseau accessible de mentors et de défenseurs pour ces femmes. Ce serait, à mon avis, un catalyseur pour que les femmes fassent un pas en avant et s’expriment. C’est ce qu’il nous faut. »
Les femmes représentent plus de 52% de la population de la Roumanie. Pourtant, malgré une tendance à la hausse, la présence des femmes à des fonctions publiques reste faible. A l’heure qu’il est, elles occupent seulement 5% des fauteuils de maire des villes et communes et 20% des sièges au Parlement de Bucarest. La situation n’est pas différente dans le milieu d’affaires, où l’actionnariat est féminin à un peu plus de 35%. Par ailleurs, les violences faites aux femmes et les préjugés concernant les professions qu’elles devraient exercer perdurent en Roumanie.