L’impact de l’intelligence artificielle sur la société actuelle
Surtout que, en l’absence d’une telle éthique, les résultats risquent de nous surprendre et non pas pour le mieux. Dernièrement, de nouvelles disciplines, concepts ou encore termes ont révolutionné l’univers du numérique. Les experts invoquent déjà l’idée d’une quatrième révolution industrielle construite autour de l’IA, des robots et d’Internet, censée assurer la connexion entre différents dispositifs, services ou encore systèmes.
Monica Chiorpec, 17.10.2019, 09:20
Surtout que, en l’absence d’une telle éthique, les résultats risquent de nous surprendre et non pas pour le mieux. Dernièrement, de nouvelles disciplines, concepts ou encore termes ont révolutionné l’univers du numérique. Les experts invoquent déjà l’idée d’une quatrième révolution industrielle construite autour de l’IA, des robots et d’Internet, censée assurer la connexion entre différents dispositifs, services ou encore systèmes.
Le sujet s’est retrouvé au cœur d’un débat organisé récemment par la Librairie Humanitas Cişmigiu, avec pour invitée Alexandra Cernian, universitaire à la Faculté d’Informatique de l’Université Polytechnique de Bucarest.
« La notion d’intelligence artificielle n’est pas quelque chose de nouveau. Le terme date de 1960 quand on a mis en place les premiers systèmes experts qui utilisaient des règles de raisonnement afin d’aboutir à des décisions ressemblant à celles humaines. L’idée de base était que ces systèmes se développent suffisamment pour remplacer l’homme dans différents domaines. Comme beaucoup d’innovations, l’IA aussi a commencé par être mise en place dans le domaine militaire ou encore météorologique. »
Depuis quelques années déjà, l’intelligence artificielle étend son domaine d’activité au stockage numérique qui est en train de vivre une véritable révolution : avec l’apparition du Cloud, les limites sont effacées et la transmission de données se fait presque sur le coup. A l’heure où l’on parle, la collecte de données peut se faire en temps réel auprès de milliards de capteurs avant d’en obtenir une analyse grâce au développement des techniques d’apprentissage automatique, également appelé « machine learning ». Alexandra Cernian :
« Au fur et à mesure qu’on développe les réseaux de neurones artificiels censés reproduire les mécanismes de fonctionnement du cerveau humain, les machines gagnent en vitesse de réaction à condition que les humains leur mettent à disposition de nouvelles données. Ces 5 dernières années, les progrès dans le domaine ont été spectaculaires. On parle déjà du transhumanisme. On est capable de produire déjà des prothèses bioniques ou de mettre en place toute sorte de traitements génétiques. »
Sauf que voilà, au moment où les machines et leur intelligence commencent à supplanter l’homme, la moralité de la démarche commence à préoccuper. Constantin Vică, universitaire à la Faculté de Philosophie de l’Université de Bucarest parle d’une sous- discipline de l’éthique en rapport avec l’univers du numérique :
« Cette sous-discipline traite de tous les problèmes issus d’une interaction avec le cerveau humain, que ça soit la protection de la vie privée, les robots, l’amélioration cognitive et ses fondements génétiques ou encore l’éducation. Après tout, l’homme nouveau existe depuis toujours. Et, ses 200 dernières années, il s’est même formé dans un système institutionnalisé que l’on appelle école. »
L’essor, ces dernières années, des technologies du numérique censées permettre une plus grande malléabilité du décryptage des données et des algorithmes, va de pair avec le développement des technologies cognitives imitant les fonctions du cerveau humain. Mais est-ce que les machines peuvent-elles vraiment remplacer l’homme et se doter d’une conscience morale ? Constantin Vică :« A quoi l’éthique pourrait-elle toujours servir ? Eh bien, l’intelligence artificielle pourra tout faire, sauf adopter des décisions morales. Voilà pourquoi l’individu sera toujours nécessaire. D’autre part, on ne saurait remarquer le défi que les scientifiques se donnent pour mettre en place des systèmes automatisés censés prendre des décisions éthiques. Il suffit de regarder la polémique autour des voitures intelligentes. Pour l’instant, un tel débat c’est toujours aux individus de l’avoir. Il sera intéressant de voir une telle discussion menée par des systèmes d’intelligence artificielle dont les réponses ne soient plus prévus à l’avance, mais issues d’une certaine conscience morale. »
Plusieurs tentatives de décoder l’intelligence humaine pour en doter les robots ont été déjà menées par les Etats-Unis, le Japon ou encore la Corée du Sud. Selon Alexandra Cernian, quels que soient les progrès enregistrés dernièrement dans le domaine, l’intelligence artificielle ne pourra jamais remplacer l’homme : « C’est un domaine fascinant et les progrès et les résultats des dernières années sont spectaculaires. N’empêche: on ne saurait jamais ignorer le côté éthique, on ne pourrait pas faire n’importe quoi. Personnellement, je ne suis pas l’adepte de l’idée qu’un jour les robots nous remplacent dans tout ce que l’on fait. C’est là une prémisse fataliste, que je n’encourage pas du tout. Bien sûr, l’automatisation existe et on a déjà des entreprises qui font travailler des robots sous la coordination d’un individu. Mais, il s’agit de quelques domaines précis et les robots ne font que quelques tâches, ils n’ont pas toutes les capacités et les compétences humaines. »
A l’heure où l’on parle, les scientifiques sont en quête d’une intelligence artificielle générale capable d’imiter l’intelligence humaine. En revanche, personne ne sait dire si une telle démarche verra ou non le jour. (Trad. Ioana Stăncescu)