Bucarest à vélo
Seuls 5,3% des
Roumains se rendent au travail où à l’école à vélo, constate une étude de
l’Agence pour le développement régional de la Région sud-est et de l’Organisation pour la promotion du transport alternatif en Roumanie (OPTAR).
La voiture reste, donc, le moyen de transport préféré des Roumains interviewés,
alors que le transport public arrive en 2e position, étant utilisé
par 32% des Roumains.
România Internațional, 26.06.2019, 13:15
Seuls 5,3% des
Roumains se rendent au travail où à l’école à vélo, constate une étude de
l’Agence pour le développement régional de la Région sud-est et de l’Organisation pour la promotion du transport alternatif en Roumanie (OPTAR).
La voiture reste, donc, le moyen de transport préféré des Roumains interviewés,
alors que le transport public arrive en 2e position, étant utilisé
par 32% des Roumains.
Pourquoi le vélo
n’est pas populaire en Roumanie ? Pour plusieurs raisons : l’absence
de pistes cyclables (une raison invoquée par 77,4% des personnes interrogées),
les obstacles se trouvant sur les quelques pistes aménagées (51%), l’état précaire
des pistes (49%), les voitures garées sur les pistes cyclables (49%), ou encore
la difficulté de traverser les carrefours (45%). Ce qui fait que le vélo est
considéré plutôt comme un loisir et moins comme un moyen de transport quotidien.
Marian Ivan,
président de l’Organisation pour la
promotion du transport alternatif en Roumanie, explique : « Pour
ce qui est de l’utilisation du vélo, notre pays se porte très mal. Mais nous
avons une très belle perspective devant nous, car les études que nous avons
menées ont montré qu’il existe un grand nombre de possesseurs de bicyclettes.
Ils ne les utilisent pourtant pas à cause de l’absence d’une infrastructure qui
leur offre de la sécurité avant toute chose. Plus de 80% des gens ont mentionné
la sécurité au moment où ils ont expliqué pourquoi ils n’utilisent pas leur
vélo. Même ceux qui s’en servent souvent affirment qu’il existe de gros
problèmes d’infrastructure. »
Donnons donc la parole à ces gens. Andrei est un jeune
homme de 24 ans qui se déplace le plus souvent en voiture et occasionnellement
à vélo : « On circule très difficilement à vélo à Bucarest, car il n’y a pas de
pistes cyclables. Il faut se déplacer sur le trottoir et sur le carrossable et
les dangers guettent à tout pas. Nous roulons côte à côte avec les voitures. La
plupart des fois, je préférerais prendre mon vélo au lieu de mettre 2heures
en voiture pour arriver chez moi, mais il n’y a pas de conditions pour pédaler.
Les voitures sont garées partout, si bien qu’il n’y a plus de place même pour
les piétons. »
En revanche, Marian monte tous les jours sur sa
bicyclette, bien qu’il ait aussi des exaspérations: « Il
existe des pistes cyclables à Bucarest, mais il faudrait bien en construire
davantage. Puis, lorsque l’on fait des réparations dans les rues, on fait des
bordures surélevées, qui nous obligent à descendre du vélo pour les contourner
avant de continuer notre chemin. Je roule aussi dans le trafic, mais je dois
m’assurer. La bicyclette doit être équipée d’un rétroviseur et il faut
absolument porter un casque de protection et un gilet réfléchissant. Il faut
bien s’équiper pour éviter les dangers. A mon avis, il faudrait garer les
voitures à la périphérie et circuler en ville à vélo ou à trottinette… pour avoir
une ville plus saine, moins polluée, moins bondée... »
Voilà, donc, circuler à vélo à Bucarest peut s’avérer un
véritable défi. Les cyclistes circulent parmi les piétons ou les voitures et
doivent éviter les bordures trop hautes. D’ailleurs, ceux qui osent s’aventurer
dans le trafic urbain sont peu nombreux, car cela nécessite beaucoup
d’expérience et de courage. Dans la capitale, rien qu’en 2018 on a enregistré
44 accidents graves de la route impliquant des cyclistes.
Pour éveiller les consciences sur les difficultés des
cyclistes, des marches sont organisées de temps en temps. Et bien que les
services de location de vélos se soient multipliés ces dernières années, les
problèmes sont loin d’être résolus. Selon les spécialistes de la mobilité
urbaine, ce n’est pas à cause d’un nombre insuffisant de bicyclettes qu’il est
difficile d’encourager le transport alternatif à Bucarest, mais c’est parce
qu’il n’y a pas de réseau de pistes cyclables. En fait, il n’y a que 6 km de
pistes homologuées. Marian Ivan insiste : « Il
faut avant tout créer un réseau de pistes cyclables capable d’accueillir un
nombre de personnes aussi grand que possible. Puis, il faut le développer. Sans
pistes cyclables, il est impossible de faire le passage du transport motorisé
au transport sur deux roues. »
A l’heure où l’on parle, les membres de
l’Organisation pour la promotion du transport alternatif en Roumanie et ceux de
l’Agence pour le développement régional de la Région Sud-est planchent sur la
première stratégie nationale censée encourager l’utilisation des vélos afin de
transformer Bucarest en une ville plus accueillante pour ce moyen de transport,
affirme Marian Ivan : « Nous nous concentrons sur cette stratégie qui est très utile. Les
responsables qui comprennent qu’il faut opérer un changement côté transport
urbain peuvent s’en servir pour décongestionner les villes. Les résultats au
scrutin européen de mai dernier nous rendent optimistes et nous redonnent de l’espoir
que tout ce que nous sommes en train de préparer sera utilisé par les futures
administrations qui s’impliqueront pour trouver une solution à ces problèmes.
Notre document pourrait arriver sur la table du Parlement ou du ministère du
Développement, car les deux ont fait preuve d’ouverture aux informations que
nous pouvons leur offrir. D’ailleurs, c’est ça le but du projet : offrir
des stratégies alternatives à celles des administrations centrales. Nous allons
rencontrer les gens, il y aura des débats à chaque étape du projet, qui
aboutiront à 3 scénarios, dont un seul sera choisi. Ce dernier document sera à
son tour soumis au débat pour lui donner une forme finale qui soit acceptée par
un nombre aussi grand de personnes que possible. Nous espérons arriver à la variante
finale de cette stratégie avant la fin de l’année. »
En attendant, la mairie de Bucarest se
propose de construire de nouvelles pistes cyclables au centre-ville. Il s’agit
de 4 trajets disposés sur 21 artères, qui couvriront au total 48 km et qui
disposeront aussi de 420 parkings publics pour les vélos. (Trad. Valentina
Beleavski)