Entendre la voix des jeunes
L’avenir appartient aux jeunes : c’est un des principes sur lesquels reposent les politiques de l’UE. En tant que présidente du Conseil de l’UE au cours des 6 premiers mois de 2019, la Roumanie soutient la consultation et la participation des jeunes aux décisions qui concernent l’espace communautaire.
Monica Chiorpec, 03.04.2019, 12:35
Et pour cause. Souvent, les enfants et les adolescents ont du mal à exprimer publiquement leurs idées ou à imposer un point de vue. Mais parfois il y en a qui réussissent à surmonter leurs craintes et qui deviennent les porte-paroles de leur génération.
Rareş Voicu est un de ces ados. Elève au Lycée Nicolae Iorga de Brăila (est), il est non seulement représentant de ses collègues, mais aussi Ambassadeur Junior de Roumanie auprès de l’UE : « Au fil du temps, tant à l’école, qu’en dehors de l’école, j’ai senti que ma voix n’était pas entendue lorsque je tentais d’exprimer mes opinions. Je dois avouer que la plupart des fois je ne faisais rien pour y remédier. Je préférais me résigner. Mais il y a deux ans, je me suis porté candidat au Conseil départemental des élèves dont le slogan est « Sois la voix de tes collègues ! » Au début, j’étais terrifié. Auparavant, je n’avais même pas réussi à faire entendre ma propre voix et je me demandais comment je pourrais être la voix de milliers d’élèves. Mais, peu à peu, la peur s’est dissipée et j’ai appris à mieux exprimer mes opinions, à être plus ferme quant aux positions que j’adopte. A ma grande surprise, les gens ont commencé à m’écouter. Je ne comprenais pas ce qui avait changé et pourquoi, tout d’un coup, mon opinion était importante. Et alors je me suis rendu compte : c’était parce que je faisais partie du Conseil départemental des élèves. J’avais l’appui d’une plate-forme qui me permettait de parler au nom de mes collègues et d’avoir la garantie que j’allais être écouté et pris au sérieux. »
Selon Rareş Voicu, il est essentiel que l’Europe tienne compte des opinions des jeunes. Il faut donc défendre le droit à la consultation et le promouvoir dans tous les Etats membres, estime-t-il encore.
Rareş Voicu : « Moi, j’ai eu cette chance. Mais des millions d’enfants sont confrontés au même problème, bien que notre droit d’être consultés et de participer compte parmi nos droits fondamentaux, comme il est prévu dans la Convention relative aux droits de l’enfant. Nous sommes là, donc, pour être des porte-paroles des enfants de Roumanie et d’Europe. Nous, en tant qu’ambassadeurs juniors, nous allons rédiger la Déclaration des enfants de Bucarest, qui est un appel adressé aux leaders européens et non seulement. Vu le contexte social dans lequel nous nous trouvons, c’est notre devoir, en tant que futurs citoyens, de prendre position et de lutter pour que nos droits soient respectés. Nous souhaitons qu’en UE les enfants et les jeunes bénéficient des mécanismes nécessaires pour faire entendre leur voix. Chers enfants, si vous entendez ce message, luttez pour vos droits ! Affirmez vos opinions à haute voix ! Et, en même temps, soyez corrects et sincères. Gardez un œil critique sur votre société, parce que c’est la seule manière de l’améliorer et d’avoir une Europe meilleure et vraiment cohésive.»
Pieter Bult, représentant de l’UNICEF Roumanie, a rencontré des jeunes Roumains et pense qu’un des plus importants devoirs de la communauté européenne est de ne pas tromper leurs attentes en ce qui concerne la vie adulte : « Imaginez seulement que les enfants seraient exclus de toutes ces prises de décisions. Ils grandiraient et, graduellement, deviendraient des adultes déçus. Imaginez alors le futur de l’Europe. Aujourd’hui, un Européen sur cinq est enfant ou jeune. Or les enfants ne sont pas très impliqués dans le processus décisionnel de l’Union européenne, même s’ils ont droit d’y participer. La Convention internationale des droits de l’enfant, adoptée il y a 30 ans, a été ratifiée par tous les Etats membres. L’article 12 de cette convention concerne la participation, mais très peu de choses ont été mises en place pour encourager cela. Et ça va au-delà du droit des enfants à la participation. Les enfants participent en apportant de nouvelles idées, en proposant des solutions. Ils pourraient avoir une contribution sans parti pris, sans stéréotypes ou préjugés. Leurs idées sont pertinentes. Il est dans notre meilleur intérêt de faire participer les enfants dans le processus de prise de décisions. »
Gabriela Coman, présidente de l’Autorité nationale pour la protection des droits de l’enfant et pour l’adoption, prend part aux programmes nationaux qui visent la consultation et la participation des enfants.
C’est toujours Gabriela Coman qui a soutenu cette démarche à Bruxelles : « Nous parlons, enfin, de ce droit fondamental des enfants, le droit à la liberté d’expression. Les adultes doivent absolument leur donner la possibilité d’exprimer leurs opinions et les impliquer dans le processus décisionnel. J’ai participé, aux côtés des enfants et de Pieter Bult, à la réunion de Bruxelles, où la Commission européenne et le Parlement européen ont exposé leur position à l’égard de l’initiative de la Roumanie d’initier une telle démarche, dans le contexte de la présidence roumaine du Conseil de l’Union. On ne peut parler d’une Europe solide sans parler de cohésion, et on ne peut parler cohésion sans impliquer tous les citoyens. Nous avons la satisfaction d’avoir accompli quelque chose. Nous allons faire tous les efforts possibles, en tant qu’autorité pour la protection de l’enfant et en tant que ministère, pour soutenir la transformation de la Déclaration des enfants en un mécanisme qui permettra vraiment aux enfants de participer et de s’impliquer dans la prise des décisions au niveau européen. »
Une Union européenne cohésive nécessite la contribution des jeunes aux prises de décisions importantes pour le continent. Leurs idées peuvent être le moteur de la stabilité dans une société du futur et peuvent également contribuer à la promotion des valeurs européennes dans le monde. (Trad. Valentina Beleavschi, Elena Diaconu)