La santé des femmes et la lutte contre la violence conjugale
Une femme sur cinq na jamais fait de visite chez un gynécologue, et 20% des femmes enceintes de Roumanie voient un médecin pour la première fois au moment de laccouchement. Ceci dans un contexte où 10% des mères roumaines sont mineures et la mortalité des suites du cancer du sein ou du col de lutérus est parmi les plus élevées dEurope. Afin de pallier cette situation, lassociation féministe Centre Filia a développé le projet Bona Dea. Andreea Rusu, représentante du Centre Filia, a pris part à ce projet. Elle partage avec nous leurs objectifs et surtout leurs réalisations depuis août dernier :« A travers ce projet, nous nous sommes fixé pour objectif de mettre à la disposition des femmes un espace où elles puissent discuter entre elles de leurs problèmes, mais où elles peuvent aussi apprendre des informations utiles des experts. Nous sommes allés dans 18 communes où nous avons parlé de santé maternelle et dallaitement, de la prévention du cancer du sein et du col de lutérus, de la prévention et la lutte contre la violence à légard des femmes. Nous avons aussi été présents dans six villes, où nous avons ajouté à cette liste de sujets la discrimination des femmes au travail et la lutte contre le harcèlement sexuel. Au cours de six mois, nous avons parcouru environ 11.000 km pour 85 réunions où nous avons rencontré environ 1.700 femmes. Malheureusement, nous avons constaté que le manque dinformation touche aussi les villes, et pas seulement les régions rurales défavorisées. Prenons lexemple du cancer du sein et du col de lutérus. La Roumanie est première au niveau européen pour ce qui est des décès des suites de ces types de cancer. Cela arrive aussi parce que les Roumaines ne savent pas prévenir ou observer les premiers signes de ces maladies. »
Christine Leșcu, 27.02.2019, 13:40
Une femme sur cinq na jamais fait de visite chez un gynécologue, et 20% des femmes enceintes de Roumanie voient un médecin pour la première fois au moment de laccouchement. Ceci dans un contexte où 10% des mères roumaines sont mineures et la mortalité des suites du cancer du sein ou du col de lutérus est parmi les plus élevées dEurope. Afin de pallier cette situation, lassociation féministe Centre Filia a développé le projet Bona Dea. Andreea Rusu, représentante du Centre Filia, a pris part à ce projet. Elle partage avec nous leurs objectifs et surtout leurs réalisations depuis août dernier :« A travers ce projet, nous nous sommes fixé pour objectif de mettre à la disposition des femmes un espace où elles puissent discuter entre elles de leurs problèmes, mais où elles peuvent aussi apprendre des informations utiles des experts. Nous sommes allés dans 18 communes où nous avons parlé de santé maternelle et dallaitement, de la prévention du cancer du sein et du col de lutérus, de la prévention et la lutte contre la violence à légard des femmes. Nous avons aussi été présents dans six villes, où nous avons ajouté à cette liste de sujets la discrimination des femmes au travail et la lutte contre le harcèlement sexuel. Au cours de six mois, nous avons parcouru environ 11.000 km pour 85 réunions où nous avons rencontré environ 1.700 femmes. Malheureusement, nous avons constaté que le manque dinformation touche aussi les villes, et pas seulement les régions rurales défavorisées. Prenons lexemple du cancer du sein et du col de lutérus. La Roumanie est première au niveau européen pour ce qui est des décès des suites de ces types de cancer. Cela arrive aussi parce que les Roumaines ne savent pas prévenir ou observer les premiers signes de ces maladies. »
Au cours du projet Bona Dea, les représentantes du Centre Filia ont pu confirmer les chiffres des statistiques et comprendre la mentalité et les habitudes qui les engendrent. Andreea Rusu : « En Roumanie, il y a toujours cette mentalité de ne pas parler de la sexualité, de la contraception et même de léducation sexuelle. Tout est tabou. Et cela arrive alors que, selon lUNICEF, lâge moyen du premier rapport sexuel est de 15 ans et demi. Néanmoins, beaucoup de femmes nont tout simplement pas les moyens de sinformer. Par exemple, personne ne leur explique quest-ce que cest quune grossesse extra-utérine. Tout au plus, les femmes ont entendu que quelquune a eu ce type de grossesse et en ont peur. Elles ne comprennent pas non plus pourquoi il est important de consulter le médecin pendant la grossesse. Souvent, elles regardent cela comme un luxe et ne voient pas que la santé de lenfant dépend des contrôles médicaux. Elles se cachent derrière les mythes. »
Cest peut-être à cause de tout cela que les premiers contacts dans le cadre du projet Bona Dea ont été quelque peu difficiles. Elena Samoilă, une autre participante au programme : « La communauté de femmes a été très réticente au début. Cest limpression que jai eue. Tout leur semblait étrange, elles ne se connaissaient pas non plus. Elles ne savaient pas à quoi sattendre et pourquoi il fallait donner de leur temps pour venir à nos réunions. Mais après la première – celle concernant la santé de la mère et lallaitement – nous avons vu leur intérêt pour ces informations. Elles sont alors revenues aux autres réunions, ont posé des questions et ont été très actives dans les discussions. »
Linteraction avec les représentants de ladministration et de la police locale a été toute différente. Andreea Rusu explique: « Malheureusement, les autorités sont parfois vraiment incompétentes ou malveillantes. Néanmoins, pour garder une note positive, jai aussi rencontré des personnes extraordinaires, des assistantes sociales et des médiateurs sanitaires qui parcourent chaque jour les communautés, qui connaissent les problèmes de chaque personne et qui savent comment les aider. Jai aussi rencontré des policières extraordinaires, très impliquées dans leur travail. Il est vrai que nous avons eu de mauvaises expériences avec les autorités, mais je crois que cela a été compensé par les expériences positives dont nous avons beaucoup appris. »Toutefois, cest bien la police locale qui est responsable de lapplication des lois relatives aux violences conjugales.
En Roumanie, une femme sur quatre a été agressée physiquement ou sexuellement par son partenaire actuel ou passé. Plus de 20.000 faits de coups et blessures entre les membres dune même famille ont été enregistrés par la Police en 2017. La situation sest améliorée avec lintroduction dans la loi, en juillet 2018, de lordonnance provisoire de protection. Dans les dix jours suivant lintroduction de cette mesure de protection des victimes, 150 ordonnances ont été délivrées. Andreea Rusu estime que ce sont dabord les autorités elles-mêmes qui doivent shabituer à ces mesures :« Si la mentalité traditionnelle qui dit que « la place de la femme est chez elle, à faire le ménage et à soccuper des enfants » persiste au niveau des autorités, les informations quelles sont censées transmettre seront finalement déformées. Si un policier estime quune femme mérite dêtre battue parce quelle na pas fait le ménage, alors, de toute évidence, il ne lui délivrera pas une ordonnance de protection et il ne veillera pas à protéger ses droits. »Et Elena Samoilă dajouter: « Cest alors mécanique, si elle subit la violence conjugale, la femme naura pas le courage de faire appel à un agent de police pour obtenir la protection à laquelle elle a droit. Cette mesure des ordonnances provisoires de protection a été introduite. Un policier peut en délivrer une sur place, en cas de besoin. Si un tel document est émis, lagresseur est éloigné du logement commun pendant cinq jours. La victime a alors la possibilité de faire les démarches nécessaires pour obtenir en justice une ordonnance prolongée de protection. »
Commencé à lété 2018, le projet Bona Dea se terminera fin février. Les représentantes du Centre Filia espèrent alors pouvoir constater une diminution des carences en matière dinformation. (Trad. Elena Diaconu)