Activisme social contre la pauvreté
Selon les statistiques publiées par lObservateur social, un projet de la Fondation Friedrich Ebert Roumanie, plus dun million et demi de Roumains gagnent moins de 3 euros par jour. Ces chiffres nous placent en première position du classement des Européens en situation de vulnérabilité. Et pour cause : le revenu des 10% des Roumains les plus pauvres est 10 fois inférieur à celui des 10% des Européens les plus pauvres. A la campagne surtout, des communautés entières sont marquées par des vulnérabilités multiples, constate à son tour la Fondation World Vision Roumanie dans une étude sociologique intitulée « Le bien-être de lenfant en milieu rural ». Détails avec Oana Şerban, responsable communication de la Fondation World Vision Roumanie :
Christine Leșcu, 16.01.2019, 12:18
Selon les statistiques publiées par lObservateur social, un projet de la Fondation Friedrich Ebert Roumanie, plus dun million et demi de Roumains gagnent moins de 3 euros par jour. Ces chiffres nous placent en première position du classement des Européens en situation de vulnérabilité. Et pour cause : le revenu des 10% des Roumains les plus pauvres est 10 fois inférieur à celui des 10% des Européens les plus pauvres. A la campagne surtout, des communautés entières sont marquées par des vulnérabilités multiples, constate à son tour la Fondation World Vision Roumanie dans une étude sociologique intitulée « Le bien-être de lenfant en milieu rural ». Détails avec Oana Şerban, responsable communication de la Fondation World Vision Roumanie :
« On y trouve toute sorte de problèmes graves, tels labandon scolaire, puisque les familles nont pas suffisamment de ressources financières pour envoyer les enfants à lécole. En plus, elles ne bénéficient pas non plus de soutien moral. Souvent les enfants nont pas de chaussures, ni de vêtements pour pouvoir se rendre à lécole. A labandon scolaire sajoute labsence dopportunités pour les adultes. Les parents ne trouvent pas de travail à la campagne. Par conséquent, ils partent à létranger. Souvent, ils travaillent comme journaliers et donc gagnent très peu dargent. Vu que les gens des villages ont beaucoup denfants, il est très difficile de leur assurer quelque chose de consistant. »
Cela fait quen milieu rural, en Roumanie, un enfant sur 11 ne mange presque rien au cours dune journée. Résultat : un taux dabandon scolaire denviron 19% sur lensemble des élèves de Roumanie. 74% dentre eux proviennent du milieu rural. Cest pourquoi les associations caritatives, dont World Vision Roumanie, ciblent leurs projets sur la prévention de ce phénomène qui dérive de la pauvreté. Un de ces projets sappelle « Pain et demain ». Oana Şerban nous en parle :
« « Pain et demain » est un programme par lequel nous tentons de réduire les chiffres terrifiants de labandon scolaire. Nous offrons aux enfants un repas chaud et deux heures daide pour les devoirs. Quelque 1250 enfants sont concernés dans 3 départements – Dolj et Vâlcea (sud) et Vaslui (est). Début 2019, nous souhaitons élargir notre activité dans une communauté de Cluj (centre). Nous avons lancé ce programme il y a deux ans justement parce que nous avons appris que lalimentation des enfants posait problème à la campagne. Les enfants y mangent très peu et leur nourriture est très précaire. Le repas chaud que nous leur offrons a été très bien reçu par les petits et par les enseignants. Ils font de leur mieux pour ne pas sabsenter de lécole et pour sintégrer le mieux possible. En fait ils se sentent plus heureux à lécole.»
Ce programme sajoute à un autre démarré il y a une dizaine dannées à destination des élèves de lycée et intitulé « Je veux entrer en 9e » (En Roumanie la 9e classe est la première année de lycée). Oana Şerban, responsable communication chez World Vision Roumanie, nous en dit davantage :
« Concrètement, nous offrons des bourses aux enfants issus de familles extrêmement pauvres mais qui souhaitent apprendre. Nous ne nous limitons pourtant pas à laide financière. Une partie de largent va directement aux enfants quoi doivent gérer la somme tout seuls. Lautre partie va aux autres activités du projet. Ils reçoivent donc une somme pour les fournitures scolaires, lhébergement et le transport et de largent pour devenir plus indépendants. Ce nest pas facile pour un enfant de déménager de la campagne en ville pour suivre le lycée. Nous organisons également des activités de socialisation pour ces jeunes et nous les aidons à faire leurs devoirs. Cest un programme complexe et il existe un schéma individuel dintervention pour chaque élève inscrit. Nous nagissons pas de la même manière pour tous. Ces 10 dernières années nous avons aidé 1395 adolescents à terminer le lycée. Parmi eux, 260 ont aussi terminé une faculté. Ils sont soutenus par des donneurs individuels et par des partenariats avec différentes compagnies. »
Et puisque la saison froide a ses difficultés spécifiques qui sajoutent aux défis que les enfants démunis doivent déjà relever, une campagne de dons de chaussures a été lancée cet hiver. Cest un problème très répandu dans les communautés rurales pauvres, constate notre invitée :
« Cest une réalité très triste, mais vraie. Souvent, la même paire de bottes passe dun frère à lautre pour quils puissent sortir de la maison ou se rendre à lécole. Nous avons voulu donc remédier à la situation. Nous collectons de largent pour acheter des chaussures pour tous les enfants des communautés avec lesquelles nous travaillons. Il y a là environ 14.500 enfants. Des dons de 4 euros peuvent être faits par SMS, en écrivant le mot GHETE (bottes) au numéro 8849. La campagne dure jusquà la fin janvier. »
Voilà donc plusieurs initiatives censées venir en aide aux enfants des communautés les plus démunies de Roumanie. Toutefois, pour que la vie de ces gens saméliore sur le long terme, une aide constante et systémique est nécessaire. (Trad. Valentina Beleavski)