Aucun enfant seul à l’hôpital
Peu nombreux et surpeuplés, les hôpitaux pédiatriques servent de foyer pour un assez grand nombre de bébés et d’enfants qui soit ont été abandonnés, soit reçoivent rarement la visite de leurs proches, alors qu’ils doivent y passer des mois entiers. Leurs journées s’écoulent entre des intubations, des pansements, des piqûres et des opérations. Bien que le personnel de santé fasse de son mieux pour les aider, l’affection des parents – essentielle parfois pour la guérison – leur manque. Afin de suppléer à ce manque de chaleur humaine, l’association « Le cœur des enfants » a lancé le projet « Aucun enfant seul à l’hôpital ».
Ana-Maria Cononovici, 08.08.2018, 13:54
Peu nombreux et surpeuplés, les hôpitaux pédiatriques servent de foyer pour un assez grand nombre de bébés et d’enfants qui soit ont été abandonnés, soit reçoivent rarement la visite de leurs proches, alors qu’ils doivent y passer des mois entiers. Leurs journées s’écoulent entre des intubations, des pansements, des piqûres et des opérations. Bien que le personnel de santé fasse de son mieux pour les aider, l’affection des parents – essentielle parfois pour la guérison – leur manque. Afin de suppléer à ce manque de chaleur humaine, l’association « Le cœur des enfants » a lancé le projet « Aucun enfant seul à l’hôpital ».
Cette initiative d’Adelina Toncean est appliquée, pour commencer, à l’Hôpital pédiatrique « Maria Sklodowska Curie » de Bucarest, Adelina Toncean : « Je travaille comme bénévole au service de thérapie pour nouveau-nés de l’Hôpital Marie Curie. J’ai commencé ce bénévolat après avoir accueilli en placement deux enfants touchés par des maladies graves. L’un d’entre eux n’est plus parmi nous. L’autre a passé tout seul un an et demi à l’hôpital. Même si, du point de vue médical, il s’en est sorti, le trauma des journées de solitude qu’il y a passées est visible. Je me suis toujours dit qu’un jour nous serons plus nombreux à passer le seuil du service pédiatrique, pour que chaque enfant seul ait quelqu’un à ses côtés. A présent, 3200 personnes se sont inscrites, qui souhaitent la même chose : aider les enfants qui sont seuls à l’hôpital. Nous avons baptisé ce programme « Aucun enfant seul à l’hôpital » et il est censé créer un modèle qui peut être appliqué partout. »
Adelina Toncean a tenu dans ses bras de nombreux enfants, elle les a nourris et aidés, pour que, durant les traitements et la période difficile de la maladie, ils ne soient pas seuls. Elle a créé un lien d’attachement avec chacun d’entre eux et le jour où nous nous sommes entretenus n’était pas très bon pour un de ces enfants. Adelina Toncean : « Il s’agit de David, un des enfants que j’ai nourris chaque jour, sans jamais m’absenter. J’ai toujours été à ses côtés. Au début, je l’ai nourri à la seringue, ensuite au biberon… Aujourd’hui, il est de retour. Il lui est arrivé ce qui arrive d’habitude aux enfants seuls : il est rentré à la maison et il revenu à l’hôpital, se sentant mal. Il est à nouveau intubé, il a la rougeole. Ce n’est pas le meilleur jour dans la vie d’un bénévole, ni dans celle du service. »
Le programme « Aucun enfant seul à l’hôpital » a attiré de nombreuses demandes de participation la part de gens qui souhaitent travailler comme bénévoles. Il s’agit de personnes de tous les âges, depuis des jeunes de 15 ans, jusqu’aux séniors ayant des petits-enfants. Pour être acceptés, les bénévoles doivent ne pas souffrir de maladies transmissibles et suivre un cours, lors duquel ils apprennent comment aider les enfants se trouvant au service de thérapie intensive. Ils sont également préparés pour faire face aux défis de cet endroit où la frontière entre la vie et la mort perd beaucoup de sa consistance. La préparation médicale est assurée à l’aide de… Petruţa. Adelina Toncean explique : « Petruţa est un simulateur médical. Il ressemble à une poupée et il a le poids d’un nouveau-né. Petruţa a pourtant aussi une colonne vertébrale, des clavicules et sa petite tête ne reste droite que si elle est soutenue correctement. En fait, c’est un mannequin conçu de manière à ressembler le plus aux enfants du service de néonatologie : il est intubé, il a une canule, un cathéter, une sonde gastrique… Les bénévoles peuvent ainsi apprendre – sans risquer de faire du mal aux bébés – comment toucher un enfant, comment le prendre dans les bras, car tous les enfants ont besoin d’être pris dans les bras. C’est à cela que ressemble ici la normalité : un enfant intubé dans les bras de quelqu’un, pour qu’il puisse s’endormir non pas en écoutant le bruit des équipements, mais les battements d’un cœur humain. »
Parmi ceux qui ont « étudié » avec le concours de Petruţa compte aussi Andrada Constantiniuc : « J’ai fait pendant longtemps du bénévolat dans d’autres villes et, en arrivant à Bucarest, j’ai cherché quelque chose qui me corresponde. En lisant un article sur ce projet, je me suis rendu compte tout de suite que ma place était là, à l’hôpital Marie Curie. Au service de thérapie intensive, il y a quelques enfants qui n’ont pas de parents, qui restent toujours seuls et c’est pourquoi ils récupèrent beaucoup plus difficilement. Notre mission est de rester auprès d’eux, d’aider le personnel médical à les nourrir – car, ces petits mettent parfois une heure à avaler 100 ml de lait. Un enfant qui bénéficie de contact humain guérit plus vite, son cerveau se développe beaucoup plus rapidement et fait preuve d’une plus grande volonté de vivre par rapport à celui qui est seul et qui renonce, tout simplement, à lutter.
Puisque le nombre de bénévoles inscrits dans le programme « Aucun enfant seul à l’hôpital » est grand, chacun y passe 2 à 3 heures par semaine, notamment pendant la période du jour où les bébés sont nourris. Ce n’est pas beaucoup, mais cela suffit pour qu’ils sentent, eux aussi, avoir reçu quelque chose. Andrada Constantiniuc : « En principe, ce bénévolat profite non seulement aux enfants, mais aussi aux bénévoles eux-mêmes. On découvre les véritables priorités de la vie et on cesse de se faire des soucis pour des choses qui ne comptent pas vraiment. »