Implication des femmes dans la presse et dans le domaine des TIC
Pourtant, certaines nuances sont à retrouver dans ces statistiques. Dans beaucoup de pays européens, les femmes journalistes sont plus nombreuses que les hommes. Ce qui pose problème, c’est que beaucoup moins de femmes accèdent à des postes de direction. En moyenne, au niveau européen, en 2015, les reporters et réalisateurs de sexe féminin travaillaient à hauteur de 48% dans les télévisions, de 40% dans les radios et de 34% dans la presse écrite. Malgré cela, les femmes ne se retrouvaient qu’à hauteur de 38% dans des postes dirigeants, et n’occupaient que 36% des postes dans la hiérarchie.
Christine Leșcu, 28.03.2018, 16:09
Pourtant, certaines nuances sont à retrouver dans ces statistiques. Dans beaucoup de pays européens, les femmes journalistes sont plus nombreuses que les hommes. Ce qui pose problème, c’est que beaucoup moins de femmes accèdent à des postes de direction. En moyenne, au niveau européen, en 2015, les reporters et réalisateurs de sexe féminin travaillaient à hauteur de 48% dans les télévisions, de 40% dans les radios et de 34% dans la presse écrite. Malgré cela, les femmes ne se retrouvaient qu’à hauteur de 38% dans des postes dirigeants, et n’occupaient que 36% des postes dans la hiérarchie.
Pour ce qui est de la Roumanie, la recherche entreprise de cinq en cinq ans par Global Media Monitoring Project (GMMP) indique qu’en 2015, même si 80% des diplômés des facultés roumaines étaient des femmes, seules 35% d’entre elles travaillaient à des publications sur papier, à la radio et à la télévision, et 38% étaient actives sur les sites d’infos. Du reste, une amélioration a été constatée par comparaison au rapport antérieur de GMMP de 2010 : en Roumanie, les femmes font l’objet d’infos à hauteur de 30%.
Dès lors que les contenus des infos et des émissions dans leur ensemble sont analysés, et non seulement leurs réalisateurs, un autre constat est fait, selon Oana Băluţă, activiste féministe et maître de conférences à la Faculté de journalisme de l’Université de Bucarest : « Il existe dans les médias ce que l’on appelle l’annihilation symbolique : les femmes apparaissent beaucoup moins dans les médias que les hommes. L’annihilation symbolique ne concerne pas seulement le niveau de couverture, mais aussi de trivialisation. Bien des fois, lorsqu’elles paraissent dans les médias, les femmes sont trivialisées, même celles qui occupent des postes dirigeants. On se rapporte davantage à la coiffure d’une femme dans un poste de décideur, mais moins à son activité professionnelle ou à son CV. Un autre problème des médias, c’est qu’ils présentent les femmes de manière stéréotypée. Ce sont surtout les hommes qui sont les experts interrogés ou invités dans des émissions ; cela indique bien où continue de se trouver le pouvoir de l’expertise et de la connaissance. Les femmes sont invitées lorsqu’il s’agit d’aborder des thèmes du domaine social. Ce sont des thèmes qui devraient constituer matière à réflexion. »
Des remarques similaires sont à retrouver aussi dans une étude complexe qui mesure le niveau de l’égalité de genre dans six domaines-clé et dans deux autres – adjacents. Cet Index européen de l’égalité de genre n’a pas de résultats dont la Roumanie puisse s’enorgueillir, estime Oana Băluţă : « L’indice d’égalité de genre place la Roumanie de ce point de vue sur la dernière place au sein de l’UE. Ce classement mesure l’égalité de genre dans plusieurs domaines tels : savoir, éducation, pouvoir, temps. Par exemple dans quelle mesure les femmes et les hommes ont le même accès aux loisirs, vu qu’au delà de leur travail dans l’espace public, les femmes s’occupent de la maison et des enfants. »
Voilà pour la situation générale. En regardant de plus près, on constate qu’actuellement, le gouvernement de Bucarest est dirigé par une femme et 8 ministères ont à leur tête des femmes. En outre, en Roumanie, les revenus des femmes sont inférieurs de 5% seulement par rapport à ceux des hommes, contre une moyenne de 16% au niveau de l’UE. Quant au domaine des technologies de l’information, à présent étroitement lié aux médias, la situation des Roumaines est meilleure que celle de la plupart des Européennes. Selon les données fournies par l’Eurostat, en Roumanie, 27% des spécialistes de ce domaine sont des femmes – contre 16% au niveau européen. Notre pays occupe, de ce point de vue, la deuxième place en Europe, après la Bulgarie.
Dans ce secteur aussi, une présence moindre des femmes est évidente au niveau européen – souligne la députée européenne Claudia Ţapardel : « Quant aux avantages du domaine des technologies de l’information et de la communication, les femmes en bénéficient d’un tiers seulement. Une tendance inquiétante se fait également jour au niveau européen : à un moment de leur carrière, une partie des femmes qui travaillent déjà dans ce domaine renoncent à leur emploi et se dirigent vers un autre domaine. Et cela alors que la Commission européenne estime qu’en 2020, l’Europe enregistrera un déficit d’un million de spécialistes dans le domaine des technologies informatiques et de la communication. Dans un autre domaine associé aux technologies de l’information – celui de la science et de l’ingénierie – un cinquième seulement des postes de management est occupé par des femmes. »
Afin de diminuer les inégalités de genre sur le marché de la main d’œuvre, la Roumanie envisage d’introduire une nouvelle spécialisation, conforme d’ailleurs à la législation internationale déjà adoptée par notre pays. Graţiela Drăghici, présidente de l’Agence nationale pour l’égalité des chances : « Il s’agit du spécialiste de l’égalité des chances, que nous souhaitons mettre à la portée de la société roumaine, de toutes les entités publiques et privées. Les sociétés de plus de 50 salariés pourront embaucher une personne comme expert de l’égalité des chances ? C’est une possibilité, pas une obligation. Nous avons seulement souhaité promouvoir, de cette façon, au niveau de la société, l’égalité des genres.
Le projet de loi réglementant le poste de spécialistes de l’égalité des chances a déjà été approuvé par le gouvernement et doit être soumis au Parlement.