Le travail avec les jeunes en Roumanie
« Nous avons besoin d’un plus grand nombre de conseillers en insertion sociale et professionnelle pour aider les jeunes des communautés à mettre en valeur leur potentiel, à s’intégrer à la société, à interagir avec d’autres jeunes, à mieux se connaître. J’ai constaté que bien souvent, les jeunes ne savent pas très bien ce qu’ils peuvent faire dans la société, à quelles institutions ou ONGs ils peuvent s’adresser pour faire un travail gratifiant pour eux-mêmes et s’épanouir » – affirme Mihai Dragoş, président du Conseil de la Jeunesse de Roumanie. Très peu de jeunes ont entendu parler des conseillers en insertion sociale et professionnelle, une occupation réglementée et intégrée à la Liste des métiers et professions de Roumanie à peine en 2012.
Luana Pleşea, 15.08.2018, 13:32
« Nous avons besoin d’un plus grand nombre de conseillers en insertion sociale et professionnelle pour aider les jeunes des communautés à mettre en valeur leur potentiel, à s’intégrer à la société, à interagir avec d’autres jeunes, à mieux se connaître. J’ai constaté que bien souvent, les jeunes ne savent pas très bien ce qu’ils peuvent faire dans la société, à quelles institutions ou ONGs ils peuvent s’adresser pour faire un travail gratifiant pour eux-mêmes et s’épanouir » – affirme Mihai Dragoş, président du Conseil de la Jeunesse de Roumanie. Très peu de jeunes ont entendu parler des conseillers en insertion sociale et professionnelle, une occupation réglementée et intégrée à la Liste des métiers et professions de Roumanie à peine en 2012.
Spécialiste des questions de jeunesse et manager de la compagnie « Schultz Consulting Roumanie », initiatrice du projet, Marius Donţu a fait partie de l’équipe qui a rédigé la fiche métier. Son but était de professionnaliser cette nouvelle profession, car – affirmait-t-il – « tout le monde s’occupait de la jeunesse et tous ceux qui le faisaient se déclaraient spécialistes de ce domaine ». Marius Donţu : « Au début, le nombre d’éléments occupationnels que nous avons établis était trop grand. Nous nous sommes dit que nous ne devions pas faire des conseillers en insertion sociale et professionnelle des surhommes et nous avons fait un tri, gardant quatre compétences spécifiques. La première est la capacité d’informer les jeunes – pour pouvoir les renseigner sur les différentes activités et bénéfices, sur leurs droits ou sur les opportunités qui peuvent se présenter. Deuxième compétence : établir les normes de développement personnel et professionnel, ce qui veut dire que cette personne doit parler aux jeunes et les aider à trouver leur voie professionnelle et personnelle. Troisième compétence : soutenir le processus d’éducation informelle parmi les jeunes – activités grâce auxquelles ils puissent apprendre à résoudre leurs problèmes, à prendre leurs propres décisions, à s’engager, à être actifs. Enfin, la quatrième compétence est le développement de la coopération au sein de la communauté, ce qui veut dire qu’à partir des problèmes qu’ils identifient dans les groupes des jeunes, les conseillers en insertion sociale et professionnelle doivent proposer différents types de services et d’interventions. »
Le conseiller en insertion sociale et professionnelle peut être embauché par des ONGs menant des activités destinées aux jeunes. C’est la cas de l’Association « Curba de Cultură » créée à Izvoarele, dans le comté de Prahova, qui s’occupe strictement des jeunes du milieu rural. Cette association a embauché deux conseillers en insertion sociale et professionnelle. Quand il s’agit des principales difficultés auxquelles l’ONG est confrontée du point de vue législatif, son président, Cosmin Catană, préfère y voir des opportunités. « L’opportunité se présente de faire figurer le métier de conseiller en insertion sociale et professionnelle dans la Loi sur les jeunes. Un projet de loi a été élaboré qui définit entre autres l’activité des jeunes, le centre de jeunesse, le conseiller en insertion sociale et professionnelle. Nous avons ainsi l’occasion de clarifier un peu le contexte du travail avec les jeunes en Roumanie en 2018 et de le rapprocher des réalités d’autres Etats européens ayant une tradition en la matière.
Bien qu’en Roumanie on fasse un travail de bonne qualité avec les jeunes, ici ce travail n’est pas socialement validé et très peu de gens savent en quoi il consiste. L’introduction de ces concepts au niveau législatif changerait beaucoup la donne. D’autant plus que la plupart des conseillers en insertion sociale et professionnelle, même ceux qui travaillent pour le ministère de la Jeunesse et du Sport, ont le statut de bénévoles. C’est pourquoi, aux termes du projet de loi qui doit être soumis au Parlement, les municipalités – notamment des grandes villes – et les Centres de jeunesse accrédités devront embaucher des conseillers. Les possibilités d’embauche accroîtront l’intérêt pour cette profession. Mihai Dragoş : « Malheureusement, même si cela arrive dans certaines localités, en général les municipalités ne disposent pas de conseillers rémunérés pour ce travail et n’organisent pas régulièrement des activités destinées aux jeunes. La ville de Baia Mare, capitale de la jeunesse de Roumanie à partir du 2 mai prochain, est un bon exemple. Par cette candidature, cette municipalité de l’extrême nord du pays s’est engagée à embaucher 10 conseillers en insertion sociale et professionnelle. Nous espérons que cela apportera des résultats importants dans les communautés pour lesquelles ces conseillers travailleront et que cet exemple sera suivi par d’autres municipalités. »
La Roumanie a besoin de conseillers en insertion sociale et professionnelle, notamment en milieu rural, où vit 47% de la population du pays – avertit Cosmin Catană. « En milieu rural, pour la plupart des jeunes, les écoles se trouvent loin de leur maison, leurs activités se limitent à celles domestiques ou à celles des maisons de la culture et des centres culturels. Les jeunes n’ont pas l’opportunité de se rencontrer, de travailler ensemble et de se proposer de réaliser des choses ensemble; ils le feront petit à petit, guidés par des conseillers spécialisés. »
Depuis sa réglementation en 2012, la profession de conseiller a gagné du terrain en Roumanie, notamment grâce aux ONGs. Marius Donţu explique : « Les ONGs accueillent des gens qui viennent pour une formation pour compléter ou améliorer leurs compétences. Et j’ai remarqué une chose qui m’a surpris et réjoui : parmi ces gens, il y a des parents – des avocats, des notaires, donc des personnes ayant un certain statut social – qui s’y rendent pour apprendre à communiquer de manière plus efficace avec leurs enfants arrivés à l’âge de l’adolescence. » (Trad. : Dominique)