Explorateur dans sa ville
ARCEN et Interesting Times Bureau sont deux associations culturelles qui nous invitent, depuis quelques années déjà, à découvrir la capitale roumaine, Bucarest, grâce à des tours guidés privilégiant la ville de l’entre-deux-guerres, les banlieues, les histoires racontées par les différents édifices, dont les bâtiments gris de l’époque communiste. Edmond Niculuşcă, président et fondateur de l’ARCEN (Association roumaine pour la culture, l’éducation et la normalité), pense que les gens s’investiraient davantage dans la préservation de la ville s’ils en connaissaient mieux les histoires. Le projet ARCEN avait débuté lorsque Edmond Niculuşcă, élève à l’Ecole centrale de Bucarest, s’était mis en tête de sauver cet édifice ancien, qu’il allait faire inscrire ultérieurement dans le circuit de la Nuit européenne des musées : « ARCEN tente de rapprocher les Bucarestois de leur ville, en fait de la ville telle que l’on peut la percevoir de manière subjective, la ville personnelle, comme dirait Mircea Eliade, et ce par le biais de plusieurs trajets culturels. »
Corina Sabău, 20.09.2017, 15:12
ARCEN et Interesting Times Bureau sont deux associations culturelles qui nous invitent, depuis quelques années déjà, à découvrir la capitale roumaine, Bucarest, grâce à des tours guidés privilégiant la ville de l’entre-deux-guerres, les banlieues, les histoires racontées par les différents édifices, dont les bâtiments gris de l’époque communiste. Edmond Niculuşcă, président et fondateur de l’ARCEN (Association roumaine pour la culture, l’éducation et la normalité), pense que les gens s’investiraient davantage dans la préservation de la ville s’ils en connaissaient mieux les histoires. Le projet ARCEN avait débuté lorsque Edmond Niculuşcă, élève à l’Ecole centrale de Bucarest, s’était mis en tête de sauver cet édifice ancien, qu’il allait faire inscrire ultérieurement dans le circuit de la Nuit européenne des musées : « ARCEN tente de rapprocher les Bucarestois de leur ville, en fait de la ville telle que l’on peut la percevoir de manière subjective, la ville personnelle, comme dirait Mircea Eliade, et ce par le biais de plusieurs trajets culturels. »
Cette année, en collaboration avec l’Institut culturel français de Bucarest, l’ARCEN a organisé la série d’événements Eliade110, un format nouveau du trajet culturel « A travers le Bucarest de Mircea Eliade ». Ce projet avait attiré en 2015 plus de 5000 participants en seulement quelques week-ends de randonnées. L’itinéraire proposé passe par les quartiers historiques Mântuleasa, Sfântul Ştefan et Sfinţii Voievozi. Les promeneurs découvrent ainsi l’architecture et l’histoire de ces vieilles banlieues, tout un pan de l’enfance de l’écrivain Mircea Eliade ou encore des fragments de ses oeuvres de fiction écrites pendant son exil. Edmond Niculuşcă, président de l’ARCEN : « Ceux qui se passionnent pour l’histoire de ces banlieues ont l’occasion d’apprendre bien des choses intéressantes. Notre démarche combine histoire, architecture et urbanisme avec des extraits des écrits de Mircea Eliade, notamment de sa littérature fantastique. Les pas nous amènent par exemple rue Popa Soare, l’endroit où se passe l’action de la nouvelle Dans la cour de Dionysos. C’est là que chantait, au début des années 1920, Leana, personnage féminin aux multiples avatars dans différentes nouvelles fantastiques de Mircea Eliade. »
L’ARCEN est donc née de l’idée de protéger le patrimoine et la mémoire affective de la ville, grâce à de itinéraires culturels. L’autre association, Interesting Times Bureau, se donne pour but de promouvoir la culture urbaine et l’art de la rue. Pour y parvenir, affirme Doru Răduţă, on a besoin d’un public avisé, capable de goûter au phénomène street art. : « Ce sont surtout les touristes étrangers qui nous rejoignent. Cela s’explique par le fait qu’ils ont déjà appris la leçon, qu’ils se renseignent d’avance sur l’offre d’une ville en matière de street art et par conséquent, c’est ce qu’ils recherchent principalement. Voilà pourquoi, si je ne m’abuse, ils comptent pour 90% du nombre total de nos visiteurs. Nous continuons d’organiser des tours de street art pour les élèves et les étudiants aussi. La plupart des événements de ce type se passent surtout dans ce que le calendrier scolaire désigne par le syntagme «la semaine autrement ». Pour le reste de l’année, nous recevons surtout la visite d’étrangers. Bien sûr que nous souhaiterions avoir un public roumain aussi nombreux que possible, mais notre but à nous c’est de collecter des fonds pour le street art. Or, de ce point de vue, le public étranger est mieux formé. »
En effet, en Roumanie, les gens ont du mal à faire la différence entre graffiti et street art. C’est une des raisons qui expliquent le succès auprès des étrangers des visites guidées organsinées par Interesting Times Bureau. D’autre part, affirme Doru Răduţă, une balade à Bucarest, c’est une expérience pas comme les autres, car, par comparaison avec d’autres métropoles européennes, la capitale roumaine n’a pas bénéficié de la même promotion culturelle et touristique.
Les tours de ville organisés par Interesting Times Bureau visent justement à changer la façon de se rapporter à la ville et à ses habitants. Doru Răduţă : « Nous essayons de changer certaines mentalités tant des Bucarestois que des différentes compagnies et des administrations locales. Je crois y avoir contribué, un tant soit peu, par le biais de nos activités. Je me réjouis fort de ce que nous ayons réussi à obtenir, cette année, l’appui de certaines compagnies prêtes à se joindre à notre démarche. Je suis également content d’avoir obtenu le soutien de principe de certaines autorités locales qui se disent favorables au développement de cette catégorie d’arts, dont la peinture de rue. Dans le même temps, je trouve nécessaire que les habitants de la ville de Bucarest changent de mentalités à l’égard de l’art urbain. Je sais très bien que cela prend du temps, mais je garde mon optimisme. »