Modes bio et tendances naturelles
Que lon parle des aliments non transformés, des produits de soin naturels, des vêtements en coton bio ou des accessoires faits main, une chose est sûre: de plus en plus de consommateurs sont en quête dun retour à lessentiel. Plus quun simple phénomène de mode, consommer bio est devenu, année après année, un véritable mouvement de fond en Roumanie, comme ailleurs. La preuve – le nombre croissant de foires et de salons bio organisés partout dans les grandes villes.
Christine Leșcu, 30.08.2017, 14:22
Que lon parle des aliments non transformés, des produits de soin naturels, des vêtements en coton bio ou des accessoires faits main, une chose est sûre: de plus en plus de consommateurs sont en quête dun retour à lessentiel. Plus quun simple phénomène de mode, consommer bio est devenu, année après année, un véritable mouvement de fond en Roumanie, comme ailleurs. La preuve – le nombre croissant de foires et de salons bio organisés partout dans les grandes villes.
Andreea Stroe, à la tête de lAgenda Bio, opine que la mode bio ne fait quencourager les individus à se reconnecter aux valeurs fondamentales de la vie : « On a voulu contribuer à la bonne marche de la société, en encourageant un style de vie sain. A lheure où lon parle, à force de sinvestir trop dans le travail et les obligations, lindividu ignore souvent ses besoins. De ce fait, par notre démarche, on sest proposé de rapprocher le consommateur dun style de vie différent, lui permettant de se sentir mieux dans sa peau. Dailleurs, on se propose doffrir aux individus la chance déprouver un état de bien-être le plus complet possible ».
Quels sont donc les produits capables daméliorer la qualité de notre existence ? Andreea Stroe nous en parle : « Il ne sagit pas uniquement daliments bio, mais de toute une variété de produits. Nous, on encourage notamment le véganisme : des aliments végétaliens, des vêtements en fibres naturelles, des bijoux en pierres naturelles semi-précieuses aux effets thérapeutiques, disent leurs créateurs selon lesquels un bijou est plus quun ornement. On a aussi des récipients de cuisine en différents matériaux qui ne risquent pas de nuire à la santé une fois mis sur le feu. Et puis, on couvre tout ce segment de lifestyle sain pour ainsi dire, à travers des bouquins consacrés au développement personnel et à un mode de vie en harmonie avec la nature. Car il ne suffit pas de manger sain, il faut aussi nous éduquer à une vie saine. »
Des idéaux qui sont lapanage dune sorte dindividualisme découvert par les Roumains après la chute du communisme. Un individualisme qui, de lavis du psychologue Daniel David de lUniversité Babes Bolyai de Cluj, privilégie lautodétermination et la création des communautés : « En tant quindividu autonome, lêtre humain se propose notamment dêtre en parfaite santé pour vivre autant que possible. Du coup, il a toute sorte de préoccupations qui lui offrent une meilleure qualité de la vie. On assiste, par exemple, à un véritable culte du corps, ce qui nest pas forcément mauvais, car pour construire une société puissante, il faut avoir des individus suffisamment forts. On a donc commencé à prêter une attention particulière à la nourriture et au style de vie. Ce sont là les prémisses de cette mode bio qui, il est vrai, ne sont pas encore soutenues par des études scientifiques censées prouver que les produits vendus dans les supermarchés nuisent à la santé, à la différence des ceux naturels qui pourraient même guérir certains troubles ou prolonger la vie ».
Bien que pas encore adopté par la majorité de la population, le style de vie bio fait de plus en plus dadeptes. Par conséquent, les prix des produits naturels sont devenus dernièrement assez accessibles, opine Andreea Stroe :
« Il y a quelques années, rien quà entendre parler des produits bio, les gens les cataloguaient de hors de prix et de ce fait, ils nen achetaient pas. Récemment, on a pourtant remarqué que bio ne veut pas dire forcément plus cher. Il y a de plus en plus de producteurs qui sinvestissent à obtenir des aliments accessibles pour tous. Et souvent, les visiteurs des foires et salons bio ont la surprise de remarquer quil leur suffit presque la même somme dargent pour acheter industriel ou bio. Souvent, cest la quantité qui diffère un peu ».
Bien que le courant sain saccompagne dune sorte dindividualisme relativement nouveau dans la société roumaine, il repose pourtant sur les anciennes activités agricoles du milieu rural, constate le psychologue Daniel David : « Ce modèle apporte du nouveau seulement dans le cas des nouvelles générations. Car les seniors associent le bio au modèle de vie paysan. Cest donc une sorte de courant moderne à même de mettre en valeur le potentiel du pays. Et ce courant est de plus en plus visible».
Abandonnée et sacrifiée des dizaines dannées en faveur dune agriculture conventionnelle, lagriculture biologique gagne de plus en plus de terrain partout en Europe. Comme quoi, la conversion des consommateurs à une vie saine nest pas seulement possible, mais aussi réelle. (Trad. Ioana Stancescu)