Les ados, une catégorie d’élèves spéciale
Plus récemment encore, on parle aussi de son rôle dans le développement de l’intelligence émotionnelle, qui se manifeste par des compétences non cognitives. Très importantes, elles méritent bien que l’école leur accorde autant d’attention qu’aux compétences cognitives. C’est la conclusion d’une étude réalisée par l’Université Babeş-Bolyai de Cluj-Napoca, en collaboration avec l’Association ROI et l’Institut des sciences de l’éducation et avec le concours de l’UNICEF. Comment peut-on définir les compétences non-cognitives ? Eduard Petrescu, du bureau de l’UNICEF en Roumanie : « Ce sont, en bref, les compétences que l’on ne peut mesurer par aucun test habituel d’intelligence ou de connaissances. Elles sont liées à une dimension personnelle de l’être humain : la façon dont il réussit à se rapporter à soi-même, à maîtriser ou à changer son comportement, à trouver des motivations, à utiliser sa créativité. Les compétences non cognitives ont également une dimension sociale et communautaire, car elles supposent un savoir-faire dans le domaine relationnel, de l’appartenance à un certain groupe. S’y ajoutent des compétences civiques, dont la capacité de participer à un projet ou à la prise des décisions. »
Christine Leșcu, 01.03.2017, 14:05
En raison de leur dimension aussi bien individuelle que sociale, les compétences non cognitives sont essentielles pour le développement harmonieux de l’individu ; elles doivent être encouragées, notamment à l’adolescence, période durant laquelle se forme le caractère. C’est pourquoi l’étude consacrée à ces compétences a été focalisée sur les ados. Simona David-Crisbăşan, représentante de l’association ROI, explique : « A l’adolescence, on assiste à un phénomène particulier: les capacités physiques et intellectuelles des jeunes se développent autant que celles des adultes, alors que le côté émotionnel enregistre un certain retard. C’est d’ailleurs pourquoi les adolescents peuvent prendre des décisions risquées. Les compétences socio-émotionnelles ont plusieurs dimensions et dépendent du développement personnel, de la motivation, de la discipline, de la persévérance, de la confiance en soi, de l’initiative de la personne. Les relations interpersonnelles, la résilience, la résilience au stress, la façon dont nous comprenons et exprimons nos émotions relèvent toujours de ces compétences. S’y ajoute enfin l’implication civique : l’engagement dans différents projet communautaires et l’appartenance à la communauté. »
Les chercheurs ont constaté qu’en Roumanie, les capacités non – cognitives sont développées uniquement par des activités extra-scolaires ou par des activités organisées par établissements scolaires pendant la semaine appelée « L’école autrement ». Les ados se sentent même plus à l’aise en tant que participants à des projets de bénévolat, que pendant les classes proprement-dites. De l’avis des spécialistes, l’explication est dans le fait que le système éducationnel roumain se limite toujours à la seule transmission de connaissances. Comment l’école pourrait-elle développer les compétences non – cognitives des jeunes ? Comment ces compétences peuvent – elles stimuler les performances scolaires ? Simona David-Crisbăşan répond: « L’école devrait mettre l’accent sur ces capacités aussi, non seulement sur les compétences cognitives ou les performances scolaires, comme c’est le cas aujourd’hui … On insiste très peu sur la communication, sur les relations personnelles ou sur la motivation. Et pourtant, tout le monde remarque que les ados sont plutôt démotivés en ce qui concerne l’école… Cela, parce qu’ils ne sont pas invités à faire partie du processus. Il est très important pour les ados de se sentir impliqués dans le processus éducationnel. A l’école primaire, on met l’accent sur les relations interpersonnelles, vu qu’il y a un seul instituteur qui s’occupe des enfants pendant 4 ans. Une récente modification du programme scolaire, qui concerne aussi les classes primaires, vise à stimuler aussi le développement personnel. Mais à commencer par la première année de collège et, plus tard, au lycée, l’enfant se sent exclu. Il n’y a pas suffisamment de temps, ni d’espace pour les faire s’impliquer, ce qui donne naissance au manque d’intérêt et à la démotivation. »
Il est important de stimuler les compétences non-cognitives, non seulement pour augmenter la motivation pour les études, mais aussi et surtout pour le développement ultérieur des jeunes. C’est justement sur ce développement ultérieur que l’école devrait se cibler, estime le représentant de l’UNICEF, Eduard Petrescu : « Le système classique d’enseignement, qui fonctionne en Roumanie, a été imaginé pour une autre époque. Alors qu’il devrait tenir compte du fait que la société dans son ensemble se développe d’une manière accélérée, au niveau de l’information, de la communication, des relations. Tous ces aspects ont un impact sur le marché du travail. En fin de compte, l’objectif final de la formation scolaire d’un jeune doit être sa capacité de s’intégrer dans la vie sociale et professionnelle. Il faut apprendre à aider les jeunes à mieux s’adapter pour répondre aux défis actuels, en stimulant leurs compétences non – cognitives. »
Mais avant toute chose, il faut former les enseignants pour qu’ils soient capables d’éveiller ces aptitudes chez leurs élèves. Ensuite, il faut repenser le programme scolaire, de sorte qu’il intègre cet aspect. Vu qu’un nouveau programme scolaire est actuellement en débat pour le collège, les experts estiment que les compétences non – cognitives y trouveront une place et qu’elles pourront se développer, notamment à l’aide de nouvelles méthodes d’enseignement et du travail en équipe. (Trad. Dominique, Valentina Beleavski)