Rentrée universitaire
Ce que l’on recherche et ce que l’on demande sur la marché du travail est devenu leur principale préoccupation. Aussi, le choix d’une profession et d’un domaine d’étude est-il beaucoup influencé par les exigences du marché. Les jeunes ne sont d’ailleurs pas les seuls à en tenir compte, les universités s’y adaptent, elles aussi, pourtant à un rythme plus lent. Quel est, en fait, le rapport entre le système universitaire et le marché de l’emploi ?
Steliu Lambru, 07.10.2015, 14:01
Au micro Gabriela Jitaru, coordinatrice des projets de l’Unité exécutive pour le financement de l’enseignement supérieur, de la Recherche, du Développement et de l’Innovation. : « On pourrait dire que ce rapport n’est pas direct – pas nécessairement, vu que le système d’éducation doit préparer non seulement des diplômés qui puissent s’intégrer sur le marché du travail. Il doit également préparer les jeunes pour la société et pour le développement personnel. Ce lien entre l’université et le marché doit être étroit pour ce qui est du programme universitaire, mais en même temps une certaine flexibilité est nécessaire, car, de nos jours, le marché du travail évolue très rapidement. Au niveau de l’enseignement supérieur, sur le marché de l’éducation – si on peut l’appeler ainsi – les changements sont moins rapides. L’Unité exécutive pour le financement de l’Enseignement supérieur, de la recherche, du développement et de l’innovation a tenté quelques analyses et études nationales sur l’insertion de plusieurs générations de diplômés sur le marché de l’emploi. Cinq années après la fin de leurs études, les diplômés estiment que leur spécialisation répond aux tâches de leur emploi en proportion de 78%. Pour ceux qui répondent une année après la fin de la faculté, la proportion tombe à 70%. C’est que pendant ce laps de temps de 5 ans, ils se sont fait une image plus claire des compétences qu’ils ont utilisées dans la pratique de leur profession.»
Dans le cadre de cette adaptation de l’éducation aux exigences du marché, on parle d’un modèle social d’emploi. Gabriela Jitaru explique : « Si l’on devait définir le modèle social d’un emploi, celui-ci devrait être sans frontières du point de vue de l’endroit où il est pratiqué et beaucoup plus flexible du point de vue des compétences. Le modèle d’un emploi actuel offre à beaucoup de diplômés, qui ne se sont pas préparés pour le domaine propre à cet emploi, la possibilité d’être embauchés, parce qu’ils ont acquis les compétences nécessaires. Une partie des résultats de cette étude montre qu’en fait, le marché du travail n’offre pas d’emplois correspondant au niveau de formation des étudiants. Les diplômés participants à ces recherches ont affirmé que 30% des jeunes ayant terminé leurs études ont un niveau de formation supérieur à celui exigé par leur emploi. »
Le marché de l’emploi est-il plus conservateur? Gabriela Jitaru. : « Le marché du travail n’est pas nécessairement rigide, il est plutôt dynamique. Parfois, ses exigences sont très spécifiques et les spécialistes de l’éducation ne considèrent pas qu’elles doivent faire l’objet d’un programme d’étude, vu que l’expérience acquise sur le lieu de travail est tout aussi importante que les compétences générales. Les recherches prouvent que cette crise a déterminé une augmentation de la période de quête du premier emploi dans le cas des jeunes qui ont fini leurs études en 2009-2010. Cette période a doublé par rapport à 2005-2006.
La Commission européenne tâche d’aider les jeunes à la recherche d’un emploi. Le programme « Garantie pour la jeunesse » est une telle initiative, pourtant ce programme ne s’adapte pas assez vite aux changements survenus sur le marché de l’emploi. Gabriela Jitaru : « Je ne pense pas qu’il existe beaucoup d’adaptations de ce programme, mis en page par la Commission européenne. Celui-ci vise les jeunes âgés de 16 à 25 ans. Ce programme a toutes les chances de produire un impact et donner des résultats, car il offre un soutien à l’employeur qui embauche des jeunes ayant achevé leur formation professionnelle.
La nouveauté et le changement devanceront toujours les institutions – l’université, touchée, elle aussi, par l’inertie institutionnelle. A chaque nouveau commencement, l’édification d’une carrière par des études universitaires doit relever de nouveaux défis. (Aut.: Steliu Lambru; Trad. : Dominique)