Les droits des patients aux services médicaux
L’espérance de vie des Roumains est moindre par rapport à d’autres pays d’Europe. Les Roumains vivent, en moyenne, 7, 8 ou 9 ans de moins que les Allemands, les Espagnols, les Français et respectivement les Suisses. Un rapport élaboré par l’Organisation pour la coopération et le développement économique et la Commission européenne révèle que la Roumanie se porte bien pour ce qui est de l’incidence du diabète et du cancer, mais qu’elle enregistre un taux élevé de mortalité infantile. En milieu rural notamment, où vivent près de 46% de la population du pays et environ 50% des enfants roumains, ce taux s’est chiffré, en 2013, à 10,4 pour mille enfants, contre 6,8 pour mille enfants en milieu citadin. L’accouchement prématuré, qui survient dans 10% des grossesses, en est la cause principale. Les facteurs à l’origine de ce phénomène sont le mode de vie, le manque d’informations, l’attention insuffisante prêtée à la prévention et le sous-financement du système de santé. Beaucoup des décès qui surviennent en milieu rural pourraient être prévenus en mettant en place des programmes support destinés aux mères et aux enfants ou bien en dotant les maternités d’équipements médicaux performants.
România Internațional, 06.05.2015, 13:48
L’espérance de vie des Roumains est moindre par rapport à d’autres pays d’Europe. Les Roumains vivent, en moyenne, 7, 8 ou 9 ans de moins que les Allemands, les Espagnols, les Français et respectivement les Suisses. Un rapport élaboré par l’Organisation pour la coopération et le développement économique et la Commission européenne révèle que la Roumanie se porte bien pour ce qui est de l’incidence du diabète et du cancer, mais qu’elle enregistre un taux élevé de mortalité infantile. En milieu rural notamment, où vivent près de 46% de la population du pays et environ 50% des enfants roumains, ce taux s’est chiffré, en 2013, à 10,4 pour mille enfants, contre 6,8 pour mille enfants en milieu citadin. L’accouchement prématuré, qui survient dans 10% des grossesses, en est la cause principale. Les facteurs à l’origine de ce phénomène sont le mode de vie, le manque d’informations, l’attention insuffisante prêtée à la prévention et le sous-financement du système de santé. Beaucoup des décès qui surviennent en milieu rural pourraient être prévenus en mettant en place des programmes support destinés aux mères et aux enfants ou bien en dotant les maternités d’équipements médicaux performants.
Ce sont là les conclusions du débat intitulé « Les droits des patients, entre théorie et pratique », organisé par la Fondation World Vision România en partenariat avec les commissions spécialisées du Sénat de Bucarest. L’occasion d’appeler tous les décideurs des milieux politique et institutionnel à œuvrer ensemble pour rendre plus faciles d’accès ces services médicaux de qualité dans le cas des familles vulnérables vivant en milieu rural. Les organisateurs de ces débats se sont proposé d’analyser l’écart entre la théorie et la pratique quand il s’agit du droit des patients à de bons services de santé. La Fondation World Vision România prête une attention particulière aux enfants habitant à la campagne, car plus exposés aux inégalités en matière de services médicaux basiques, affirme Daniela Buzducea, directrice exécutive de la fondation.
Daniela Buzducea : « L’étude que nous avons rendue publique l’année passée et qui s’intitule « Le bien-être de l’enfant en milieu rural » constate qu’en 2013, parmi les moins de cinq ans, un enfant sur cinq n’avait pas été examiné par un médecin. Or, il est de notoriété que les petits ont grand besoin de ces consultations médicales, de vaccins et de suivi de leur croissance et développement. En l’absence de l’identification en temps utile des problèmes éventuels de croissance et de développement, les interventions médicales ultérieures risquent de coûter plus cher non seulement au budget public, mais aussi et surtout à la vie de l’enfant, qui voit diminuer sa chance de grandir sainement et de contribuer ainsi au développement social et économique de la société. On n’a pas suffisamment investi dans l’éducation des parents en ce qui concerne la santé de leur progéniture. C’est ce qui explique le nombre important de parents qui ignorent toujours le fait que les enfants ont droit aux services médicaux de base, même si les cotisations d’assurance maladie ne sont pas réglées. Même cas de figure pour les femmes enceintes, assurées ou non, qui devraient bénéficier de soins médicaux. Le courant d’opinion défavorable à la vaccination qui se manifeste, malheureusement, depuis un certain temps, devrait déterminer l’Etat à élaborer une meilleure stratégie de communication au sujet de l’importance des vaccins. Il n’y a aucune étude solide qui puisse justifier le refus d’un si grand nombre de parents de faire vacciner leurs enfants ».
Présent au débat, Vasile Ciurchea, président de la Caisse nationale d’assurances maladie, a parlé, entre autres, des cartes de santé obligatoires depuis le 1er mai. Il a également fait savoir que les soins médicaux à l’étranger sont remboursés annuellement à hauteur de près de 70 millions d’euros.
Vasile Ciurchea a pourtant reconnu que nombre de localités de Roumanie manquent de médecins traitants : « On a recensé, à travers le pays, 300 localités, plus ou moins petites, où il n’y a pas un seul médecin traitant. Elles sont situées dans des régions défavorisées, telle que Vaslui ou les monts Apuseni ou encore dans des endroits difficiles d’accès. Pour encourager les médecins à s’y rendre, nous avons révisé à la hausse les bonus accordés pour le travail en milieu rural. Aux termes d’un contrat-cadre, un nombre supplémentaire de 25% des médecins de campagne touchent désormais un bonus considérable. Pour les conditions plus spéciales, comme c’est le cas dans le Delta du Danube, ce bonus équivaut à 200% du salaire… Ces médecins traitants doivent soigner un très grand nombre de patients, soit environ 4500 personnes. Nous tentons de convaincre les autorités locales et départementales de supplémenter elles aussi les revenus du personnel médical, afin de l’y attirer ».
La tuberculose est une maladie guérissable à condition d’être dépistée à temps et soignée de manière adéquate. Malheureusement, à ce chapitre aussi la Roumanie enregistre le plus grand nombre de cas : un sur cinq ressortissants européens diagnostiqués comme étant atteints de tuberculose provient de Roumanie. En outre, trois décès causés par cette maladie surviennent chaque jour en Roumanie. Par ailleurs, à défaut de traitement, cette affection est une menace à l’adresse de la santé publique, car une seule personne atteinte de tuberculose peut infecter jusqu’à 15 personnes annuellement. La Fondation Romanian Angel Appeal a récemment organisé un débat autour de la nécessité d’impliquer les autorités locales dans l’éradication de la tuberculose par le financement de services gratuits d’accompagnement psychologique et social des patients. Les malades de la tuberculose bénéficient déjà, dans quatre hôpitaux de pneumo-phtisiologie du pays (Bucarest, Bisericani, Baia Mare et Leordeni), de services gratuits de conseil psychologique et social, ainsi que d’appui financier pour le traitement. Il s’agit d’un projet lancé en 2013 par la Fondation Romanian Angel Appeal et qui permet à mille patients de surmonter les désagréments de la maladie.
Cristina Popa travaille comme médecin à l’Institut de pneumo – phtisiologie « Marius Nasta » de Bucarest, un des quatre établissements hospitaliers publics de Roumanie à dispenser ce type de services.
Cristina Popa: « 218 patients sont concernés par ce projet, qui a également supposé 163 enquêtes sociales. 172 personnes ont bénéficié de soutien financier, ce qui signifie que, durant chaque mois de traitement médicamenteux correctement administré, les patients ont reçu 100 lei, tandis que 26 malades ont été inscrits à des cours de formation professionnelle. La plupart des 218 malades pris en compte sont des hommes. Selon mes propres constats relatifs au déroulement de ce projet, lorsque le patient bénéficie d’une approche médicale d’équipe, il recevra des informations pluridisciplinaires, ce qui mène à une meilleure qualité de l’acte médical. J’ai également pu observer la communication directe et ouverte entre les membres de l’équipe médicale et les patients. Je tiens à souligner la portée du rôle de l’infirmière qui travaille dans la salle de traitement, qui a raffermi la confiance dans les services médicaux. Jusqu’ici, deux patients seulement ont abandonné le traitement, soit 1% des personnes inscrites dans le projet. Je dirais que c’est un bon résultat, compte tenu du fait qu’un Programme national de contrôle de la tuberculose accepte un taux d’abandon maximum de 10% ».
La Roumanie a franchi un pas important dans la lutte contre cette maladie en adoptant une Stratégie nationale de contrôle de la tuberculose pour la période 2015-2020. L’enveloppe impartie à cette stratégie se monte à 1,571 milliard de lei. (Trad. Mariana Tudose)