Le défi d’être bénévole
Cest par le biais de programmes éducationnels à longue durée et adaptés à leurs besoins quils peuvent dépasser le trauma du placement dans une telle institution ou de la vie dans des familles désorganisées, où les abus et les injustices sont à lordre du jour. Cest ce que souhaite faire lassociation On grandit, affirme Iarina Stefanescu, fondatrice du programme éducationnel homonyme :
Corina Sabău, 02.09.2015, 13:31
Cest par le biais de programmes éducationnels à longue durée et adaptés à leurs besoins quils peuvent dépasser le trauma du placement dans une telle institution ou de la vie dans des familles désorganisées, où les abus et les injustices sont à lordre du jour. Cest ce que souhaite faire lassociation On grandit, affirme Iarina Stefanescu, fondatrice du programme éducationnel homonyme :
« Ce programme est né après mon implication dans un projet denseignement de la langue anglaise dans les centres sociaux. Et je me suis rendu compte que deux heures déducation par semaine comptent énormément parce quelles se déroulent par le biais de jeux pour les enfants en compagnie de bénévoles qui les encouragent et leur enseignent des choses nouvelles dune manière interactive. Hormis les connaissances et les valeurs acquises, il est extrêmement important de mentionner la confiance et louverture quils obtiennent. »
Depuis leur adhésion au programme « On grandit », Iulia Blaga et Andreea Dumitru ne se sont pas résumées aux ateliers de cinéma et de créativité littéraire. Elles ont emmené les enfants au cinéma, au musée et dans les librairies. Ils ont également planté des fleurs et fait de la peinture, bref ils ont vu une ville que nombre dentre eux navaient pas eu loccasion de découvrir. De lavis des deux bénévoles, la démotivation, tant des enfants que du personnel des centres, figure parmi les problèmes les plus graves du système.
Andreea Dumitru : « Les enfants ne sont pas motivés à faire des pas en avant vers leur avenir, peut-être parce quils ne disposent pas de trop dalternatives, ni au centre daccueil, ni dans le monde. On le sait tous, à 18 ans, ils quittent le centre pour se jeter dans linconnu. Cest ce que nous les bénévoles essayons de montrer, le fait que chacun dentre nous a réussi dans la vie, que chacun dentre nous a finalement choisi son propre chemin dans la vie. Jaimerais que ces enfants comprennent quil ny a rien de prédestiné et quil existe aussi dautres choses hormis celles quils voient dans les institutions, quil peuvent se développer aussi hormis ce système. Souvent nous avons limpression que nous les bénévoles nous constituons une goutte dans locéan et que tout ce que nous faisons le long dune heure avec les enfants sécroule juste après. »
Etre bénévole nécessite beaucoup de qualités. La persévérance en est une, affirme Iulia Blaga: «Il faut beaucoup travailler avec eux, mais à mon avis ils sont très réceptifs. Et je crois parfois que ce que lon dit aujourdhui ils vont sans aucun doute oublier le lendemain. Mais jai limpression aussi que ce que nous leurs disons reste quelque part pour toujours. Je leur ai montré un jour le film The Kid, réalisé par Charlie Chaplin, quils ont beaucoup apprécié. A un moment donné, un dentre eux ma même demandé « madame, vous vous êtes rendue aussi dans le film ? » Je ne savais pas quoi répondre, mais probablement quau moment où on leur montre un film, pour eux on a été nous-mêmes dans ce film, avec Charlot et ceux qui lont filmé ».
Andreea Dumitru :« Moi aussi, cest cette attitude du personnel et des enfants que jai eu le plus de difficulté à contrecarrer, une attitude que lon peut résumer ainsi : « Tu ne sais rien, tu ne peux rien, tu ne deviendras jamais rien.» Et je me suis réjouie à chaque fois que jai pu voir un geste, même infime, allant dans lautre sens. Je me suis fortement attachée à quelques enfants du centre où je fais du bénévolat, notamment à deux enfants qui nont presque pas de famille ; je veux travailler avec eux à long terme, justement parce que cest un défi pour moi de travailler avec un enfant auquel on ne donne aucune chance au début, dont on vous dit, dès le premier jour, quil a un tel quotient intellectuel quil ne sera jamais capable de rien faire. Je souhaite également les entraîner les enfants hors des centres le plus souvent possible, pour les voir sépanouir. Car je suis sûre quils vont sépanouir et récupérer dans quelques années. »
Iulia Blaga :« Même les moindres progrès en grammaire peuvent être considérés comme des progrès. Si on les corrige plusieurs fois, ils comprennent. Et moi, je tâche de focaliser mon attention sur les petites choses qui réussissent. Par exemple, je fais de lalphabétisation avec un garçon que jai prié de respecter lhoraire que nous avons établi ensemble et jai constaté quil a commencé à tenir parole. Nous sommes allés ensemble au Musée national dhistoire naturelle « Grigore Antipa » et à une librairie très chic, Cărtureşti Carusel. En y voyant tant de monde, il a eu peur, il ne savait pas comment réagir, il avait limpression que tous les enfants étaient plus intelligents que lui, plus mignons, plus aimés et plus appréciés. Finalement, nous nous sommes assis quelque part et nous avons feuilleté un album de motos et il a beaucoup aimé ça. Nous choisissions, à tour de rôle, une moto, comme tous les enfants ont lhabitude de faire. Lorsque je lai emmené au Festival international de film NexT Kids, jai constaté quil possédait une grande habileté manuelle. Une artiste apprenait aux enfants à créer de petites robes en fil de fer. Il en a bricolé une, quil ma offerte. Et je souhaite laider à développer ce talent. »
Iarina Ştefănescu, fondatrice et coordinatrice du programme éducatif « On grandit » : « Puisque nous entrons dans les centres et nous connaissons les enfants par lintermédiaire du projet « Partage ta passion », cela me semblerait utile de prévoir aussi des activités dorientation professionnelle pour découvrir leur vocation, leurs habiletés et pouvoir les aider à long terme. Nous nous proposons de démarrer en force le projet « Ose rêver ! » qui consiste à leur faire visiter des fabriques, des compagnies, où ils puissent sentretenir avec des gens appartenant à différents milieux. Dans la plupart des cas, les enfants ne bénéficient pas de modèles et ne connaissent pas grand chose sur la pratique dun métier. Alors, il est difficile pour eux de trouver leur chemin dans la vie. Cest pourquoi ils ont besoin de personnes qui leur disent quils ont traversé, eux aussi, des périodes dincertitude, quils ont eu des difficultés à surmonter, mais quils ont fini par réussir. »
La bonne nouvelle, cest que le programme éducatif « On grandit » gagne dautres villes : les bénévoles sont attendus prochainement à Timişoara, Iaşi, Cluj et Buzău. ( Trad. : Alex Diaconescu, Dominique)