Services de soins infirmiers à domicile pour les personnes âgées
Ces statistiques sont impitoyables et peu connues du grand public, d’où la difficulté de les traiter quand on y est confronté. Les représentants des associations non gouvernementales qui dispensent de tels services affirment que même si plus de 350.000 Roumains ont besoin de se faire soigner à domicile, seules 29.306 personnes se sont vu payer de tels services en 2012 par le budget cumulé de la Sécurité sociale et du ministère de la Santé. Ceci étant, les ONGs ont uni leurs forces afin de combler autant que possible le manque de fonds gouvernementaux.
Christine Leșcu, 08.04.2015, 13:12
Ces statistiques sont impitoyables et peu connues du grand public, d’où la difficulté de les traiter quand on y est confronté. Les représentants des associations non gouvernementales qui dispensent de tels services affirment que même si plus de 350.000 Roumains ont besoin de se faire soigner à domicile, seules 29.306 personnes se sont vu payer de tels services en 2012 par le budget cumulé de la Sécurité sociale et du ministère de la Santé. Ceci étant, les ONGs ont uni leurs forces afin de combler autant que possible le manque de fonds gouvernementaux.
Voici les explications de Doina Crângaşu — directrice exécutive de la Confédération Caritas Roumanie :« Il y a deux ans, Caritas România a eu l’initiative de créer une plate-forme d’ONGs fournissant des servies sociaux et médicaux aux personnes âgées. Nous avons réussi, en un temps record, à réunir 57 ONGs de différents comtés du pays et qui ont adhéré à ce réseau informel. 81% des organisations membres de SeniorNet affirment que les demandes de soins à domicile vont croissant. Malheureusement, toutes ne sont pas satisfaites, en raison de certaines non concordances qui se manifestent dans les services sociaux dispensés en Roumanie ».
Un état des lieux est actuellement en passe d’être réalisé pour voir exactement quels types de services il faudrait fournir et dans quelles zones du pays. Les principaux services offerts par les ONGs spécialisées sont: accompagnement psychologique, assistance sociale, soins médicaux et aide pour l’accomplissement des différentes tâches ménagères. La pauvreté mise à part, la solitude est un autre facteur générateur de problèmes.
Certains seniors sont oubliés par leurs proches, d’autres souffrent du syndrome du « nid vide », parce que leurs enfants sont partis travailler à l’étranger, tout comme les enfants, qui ressentent le même malaise à cause du départ de leur parents. Doina Crângaşu : « Généralement, ce sont des personnes âgées contraintes à vivre seules suite à la mort de leur conjoint, au départ des enfants ou à une maladie qui leur a fait perdre l’indépendance et donc les capacités à assumer les besognes de tous les jours depuis les tâches ménagères jusqu’aux visites chez le docteur. Parallèlement, la Roumanie se confronte de plus en plus à un flux migrateur de la population jeune. Du coup, on constate, notamment en milieu rural, une présence majoritaire des personnes âgées dépourvues de tout soutien aussi bien de la part de leurs proches que des autorités locales. »
Face à cette situation, plusieurs seniors ont fini par assumer leur sort et ont mis sur pied leurs propres structures d’entraide. C’est ainsi qu’a vu le jour la société de secours mutuel pour les retraités Omenia, Humanisme, qui recense actuellement 1.400.000 membres au niveau national dont 35.400 basés à Bucarest et dans les alentours. Cette société fonctionne grâce aux cotisations de ses membres, à des sponsorisations diverses et aux profits résultés de quelques activités commerciales minimales. C’est dans le quartier défavorisé de Rahova que l’un des sièges de la mutuelle Omenia a été fondé. Dans cette banlieue bucarestoise aux maisonnettes délabrées, les retraités ont imaginé une petite ville qui leur soit destinée.
On y trouve du tout: des boutiques, des cabinets médicaux, des ateliers de couture, des salons de coiffure, une pharmacie. Le tout à des prix modiques, pratiqués sans TVA, aux dires de Gheorghe Chioaru, président de la Fédération nationale des mutuelles à destination des retraités de Roumanie. Qu’est-ce que les seniors doivent faire concrètement pour se voir couvrir par une telle mutuelle?
Gheorghe Chioaru: « Chaque adhérent doit verser une cotisation qu’il se voit rembourser s’il ne s’en sert pas, au moment où il décide de se retirer. A part cette cotisation, il verse également une contribution mensuelle de 3 lei, soit quelque 80 centimes d’euro dont 70% sont destinés à l’aide en cas de décès et le reste s’ajoute aux fonds dont dispose la mutuelle. La cotisation est proportionnelle au montant de la pension de retraite. Au début, chaque membre doit déposer 20 lei, soit moins de 5 euros. Par la suite, ils peuvent se voir accorder un prêt dont le montant représente parfois le double ou même le triple de la valeur totale de la cotisation déposée jusqu’à ce moment-là. Et le taux d’intérêt varie entre 1 et 14% ».
Bien que les magasins, les ateliers et les cabinets médicaux soient destinés aux personnes âgées autonomes, la société d’assistance mutuelle pour les retraités Omenia a également initié un programme à l’intention de celles à mobilité réduite ou en perte totale de mobilité. Gheorghe Chioaru : « Nous avons des retraités qui n’ont jamais franchi le seuil d’un cabinet médical et dans ce cas, c’est le médecin de famille qui leur rend visite à domicile. En plus, nous organisons aussi des caravanes médicales qui sillonnent les communes isolées pour soigner notamment les seniors oubliés et abandonnés. On apporte du pain et des denrées alimentaires aux personnes en perte de mobilité. Nous avons un projet qui permet d’offrir à une centaine de retraités défavorisés et en perte d’autonomie des produits alimentaires et d’hygiène, la visite d’une infirmière ou du dentiste et même de l’assistance au domicile. Malheureusement, le nombre d’aides soignants a chuté de beaucoup puisque la plupart d’entre eux préfèrent travailler à l’étranger. Quant à l’Etat, il nous laisse nous débrouiller tout seuls ».
Pourtant, à l’heure actuelle, le gouvernement est en train d’élaborer une stratégie nationale pour la protection des personnes âgées. Une initiative à saluer, mais qui devrait être améliorée, selon Doina Crângaşu. « A présent, on se trouve au cœur d’un débat public que le ministère du Travail et de la Protection sociale a lancé début janvier. Le débat porte justement sur la Stratégie nationale de promotion d’une vieillesse active et de la protection des personnes âgées. Une initiative à saluer, mais qui nécessiterait pourtant certaines modifications. Un seul exemple: on dit favoriser le vieillissement actif sans parler des conditions de vie de la plupart des retraités de Roumanie. »
Jusqu’à la mise en place d’une telle stratégie, les ONGs cherchent des ressources indépendantes de financement ou des fonds communautaires pour offrir un soutien concret aux personnes âgées.