Projets pour l’insertion des communautés rom de Roumanie
Les principales difficultés auxquelles ils sont confrontés concernent leurs maigres revenus, l’absence de toute formation professionnelle et le bas niveau d’instruction, le chômage, l’accès limité aux services publics et la discrimination. La plupart des Roms habitent des logements dépourvus des éléments élémentaires de confort: cuisine, toilettes, salle de bains ou électricité. La communauté ethnique rom enregistre aussi le taux le plus élevé d’illettrés. Enfin, malgré les initiatives mises en place à l’échelle nationale et internationale visant à améliorer leurs conditions de vie et à leur insertion sociale, les Roms restent toujours la communauté la plus discriminée par rapport à d’autres minorités nationales.
România Internațional, 04.03.2015, 13:33
Les principales difficultés auxquelles ils sont confrontés concernent leurs maigres revenus, l’absence de toute formation professionnelle et le bas niveau d’instruction, le chômage, l’accès limité aux services publics et la discrimination. La plupart des Roms habitent des logements dépourvus des éléments élémentaires de confort: cuisine, toilettes, salle de bains ou électricité. La communauté ethnique rom enregistre aussi le taux le plus élevé d’illettrés. Enfin, malgré les initiatives mises en place à l’échelle nationale et internationale visant à améliorer leurs conditions de vie et à leur insertion sociale, les Roms restent toujours la communauté la plus discriminée par rapport à d’autres minorités nationales.
En vue d’un état des lieux plus précis, un projet a récemment été lancé à Bucarest, sous le titre « La Cartographie sociographique des communautés rom de Roumanie pour le suivi communautaire des changements relatifs à leur intégration (SocioRoMap) ». Le projet devrait fournir des informations et des données aux institutions publiques habilitées à élaborer des politiques publiques et à prendre les mesures d’inclusion de ces communautés. En outre, les résultats du projet mentionné sont censés aider les autorités à concevoir des programmes et des schémas de financement des projets visant à l’éradication de la pauvreté, au développement local et à la promotion des chances de réussite de certains groupes marginaux. Le projet SocioRoMap est déroulé par l’Institut pour l’étude des problèmes des minorités nationales, basé à Cluj Napoca, en partenariat avec la Fondation pour une société ouverte et le Centre de recherche sur les relations interethniques.
Plus de 3000 unités administratives rurales et urbaines seront cartographiées pour avoir une idée plus nette des besoins et priorités des communautés rom. Istvan Horvath, président de l’Institut pour l’étude des problèmes des minorités nationale détaille ce projet.« Notre visée va plus loin qu’un simple inventaire. Nous souhaitons que la description de ces communautés soit facilement intelligible, que leurs problèmes soient présentés sous la forme d’une carte. Par ailleurs, nous ambitionnons de mettre sur pied un réseau opérationnel de personnes capables de fournir des informations pertinentes sur la condition de ces communautés. Il y aura le réseau des travailleurs sociaux, celui des ONGs actives auprès des communautés locales, le réseau des institutions et des personnes dédiées à la protection des Roms, tels les médiateurs scolaires ou sanitaires… notre objectif est donc celui d’inventorier ces communautés, d’apprendre ce qui a été fait ou pas en matière d’intervention…, car si dans certains cas on a fait pas mal de choses, dans d’autres on n’a pas fait assez pour différentes raisons, dont l’état de pauvreté ou d’isolement du groupe respectif. »
L’ambassadrice de Norvège en Roumanie et en République de Moldova, Son Excellence Tove Bruvik Westberg, a été présente au lancement du projet « SocioRoMap ». Voici ce qu’elle a déclaré à ce propos: « C’est l’accès plus facile de ces groupes, les Roms compris, à l’éducation et à la santé qui est au cœur de ce projet. Ce programme repose sur ma conviction qu’une société meilleure et juste est celle qui inclut l’intégralité de la population, qui accepte et tolère tout le monde, assure des services pour tous. Tout le monde n’est pas égal en Norvège, mais l’égalité est une norme. Les gens diffèrent par leur origine, leurs revenus, mais ils sont égaux en droits, ce qui est très important. Nous devons saisir la réalité au sein des communautés rom de Roumanie et c’est ce que nous allons faire au travers de ce projet. Il est nécessaire de fournir aux décideurs les informations utiles et révélatrices dont ils ont besoin pour concevoir les politiques publiques. Pour différentes raisons, peu d’informations relatives aux Roms sont disponibles au niveau du gouvernement. Voilà pourquoi il faut créer le lien manquant entre la réalité de ces communautés et ceux qui légifèrent, recueillir des informations sur les conditions de vie, le niveau d’éducation et l’accès des membres de ces groupes ethniques aux services sociaux et médicaux. »
Un autre projet a trait à la promotion de la culture et les arts dans les milieux défavorisés des Roms. Lancé par les Associations T.E.T.A., ADO, REPER 21 et Urbanium, le projet intitulé « Maskar », qui met le théâtre au service de l’éducation, sera accueilli par Alexandria et Turnu Măgurele, villes du comté de Teleorman, dans le sud de la Roumanie où vivent d’importantes communautés de Roms. 10 mois durant, 40 jeunes et 60 adultes participeront à toute sorte d’activités: programmes artistiques, ateliers, expositions et spectacles sur la culture et les traditions rom. Partager des expériences positives, apprendre aux jeunes à mieux communiquer avec des personnes issues de leur communauté ou de milieux différents, à cultiver la confiance en eux-mêmes et leur potentiel créatif, à jouir des mêmes droits, voilà les visées de ce projet.
Nous écoutons Ana Maria Pălăduş, qui travaille à l’Association « L’art au service des droits humains (ADO) ». « Nous touchons à une problématique sensible, celle de la discrimination des Roms vivant dans ces deux communautés. Notre approche est pourtant très inédite, parce qu’elle repose sur des moyens artistiques. Elle propose de faire du théâtre un moyen de jeter des ponts entre les cultures roumaine et rom. Nous allons constituer deux groupes de jeunes, des deux villes, qui participeront, plusieurs mois durant, à des ateliers de développement personnel et de théâtre communautaire. Les histoires racontées permettront de déceler leur perception de la discrimination et des problèmes de leurs communautés respectives. Nous envisageons aussi de les faire dialoguer avec des jeunes qui n’appartiennent pas à leur ethnie. Ces ateliers devraient déboucher sur deux pièces de théâtre, l’une à Turnu Măgurele, l’autre à Alexandria, qui seront par la suite présentées aussi à Bucarest et à Cluj Napoca. »
Le projet « Maskar » comporte aussi deux expositions. Elles proposeront la découverte de l’histoire et de la culture rom des deux villes du sud de la Roumanie, par le biais des objets vestimentaires et d’artisanat, des photos et décorations, des mélodies, des légendes ou des symboles. Les organisateurs ont été agréablement surpris de constater combien grand a été l’enthousiasme des enfants roms participants à ce projet. Ana Maria Pălăduş: « Notre projet a joui d’une incroyable ouverture dans les écoles et les lycées considérés comme les plus faibles. Quand on a présenté aux jeunes nos intentions, ils voulaient tous s’inscrire aux ateliers. Par contre, dans les lycées de renom l’attitude a été plus réservée, voire même raciste à l’égard de la communauté rom. »
Les deux projets destinés aux ethniques rom sont financés par le Mécanisme financier norvégien. (trad. Mariana Tudose)