La face dangereuse du réseau Internet
Réalité virtuelle offrant de grandes possibilités de communication et d’information, Internet a un côté dangereux, bien caché derrières des termes qui surprennent. Harcèlement en ligne, cyberintimidation, sexting ou séduction d’enfant, voilà des mots nouvellement entrés dans le langage et la vie des jeunes — et de leurs parents, d’ailleurs, depuis que les mineurs fréquentent de plus en plus la Toile.
Christine Leșcu, 05.08.2015, 13:15
Durant les 5 dernières années, l’âge moyen auquel un enfant commence à naviguer sur Internet a baissé de 10 ans en 2010 à 8 ans actuellement. Comment les parents et les éducateurs s’adaptent-ils à cette réalité et surtout comment protègent-ils les jeunes des dangers qui les menacent en ligne ? — voilà des questions que l’organisation « Sauvez les enfants » a abordé dans une étude nationale concernant l’utilisation d’Internet dans les familles. La même organisation a également lancé un « Guide pour naviguer sur Internet en toute sécurité ». Selon cette étude, 90% des enfants sont présents sur un réseau social — notamment Facebook, mais il arrive souvent qu’un seul utilisateur ait des profils sur plusieurs réseaux.
Le coordinateur de l’étude sur l’utilisation de la Toile, Ciprian Grădinaru, explique: « Pour ce qui est de la confidentialité du profil Internet, nous avons constaté une baisse de 10% des profils privés, par rapport à 2013. Les filles semblent utiliser davantage les profils privés que les garçons, alors que les enfants en milieu rural utilisent plutôt les profils publics ou partiellement privés. Qu’est-ce que les jeunes publient sur ces profils ? Des photos, leur nom de famille, leur âge, le nom de leur école. 16% des enfants affirment avoir publié leur adresse et 10% leur numéro de téléphone. La grande majorité des jeunes affirment utiliser Internet pour se faire des amis. »
55% des enfants déclarent avoir ajouté des inconnus à leur liste d’amis et 10% avoir envoyé à des inconnus des informations personnelles. 47% des enfants affirment avoir contacté des inconnus sur Internet et plus de la moitié de ceux qui l’ont fait ont rencontré ces personnes. Dans la plupart des cas, ces rencontres ont été désagréables, mais la plupart des enfants choisissent de ne pas dire pourquoi. Ceux qui en parlent mentionnent le langage violent de ces personnes. L’agressivité — du langage ou visuelle — est d’ailleurs de plus en plus présente sur la Toile.
Ciprian Grădinaru: « 33% des jeunes affirment avoir vu, depuis un an, des images à caractère sexuel — la plupart sur Internet. Et ce n’est pas tout. 22 % déclarent avoir reçu ou vu, dans différents contextes, des messages à contenu sexuel — ce que l’on a appelé le « sexting ». La moitié de ces 22% affirment avoir été les destinataires d’un message ou d’une photo à contenu explicite et 8% déclarent qu’on leur a demandé de parler d’actes sexuels. Seule une infime partie des jeunes déclarent qu’on leur a demandé un clip vidéo ou une photo montrant leur organes intimes. 5% seulement des enfants avouent avoir envoyé eux-mêmes des messages de ce genre. »
Comment ces enfants sont-ils surveillés par leurs parents? Plus de la moitié de ces derniers déclarent qu’ils leur permettent d’utiliser à n’importe quel moment la messagerie instantanée et de télécharger de la musique ou des films. 65% d’entre eux les autorisent à avoir leur profil sur un réseau social, tandis que 8% donnent aux mineurs la permission de fournir leurs données personnelles.
Qu’en est-il de la prise de conscience des risques qu’encourent les enfants qui surfent sur la Toile? Voici la réponse de Ciprian Grădinaru: « A la question de savoir quels sont ces risques, 41% des parents indiquent l’exposition aux images violentes, 15% racontent que leur fils ou leur fille s’étaient donné rendrez-vous avec une personne dont ils avaient fait la connaissance via Internet, 13% que leurs enfants avaient été exposés à des images sexuelles, tandis que dans 10% des cas ils affirment que les enfants auraient reçu des sextos. A comparer ces chiffres avec les données fournies par les enfants, on constate que les activités de ces derniers sur la Toile sont plutôt méconnues des parents. La plupart des adultes déclarent que le principal instrument de contrôle dont ils se servent est l’antivirus”. Un tiers d’entre eux ignore l’existence des logiciels de contrôle parental et les modalités de blocage de certains sites. »
Certains parents semblent non seulement ne pas maîtriser l’ordinateur, mais aussi et surtout avoir des difficultés à établir une relation avec leurs propres enfants, estime Adina Codreş, qui travaille à l’Autorité nationale pour la protection des droits de l’enfant et l’adoption: « Le défi à relever actuellement est celui de ne pas savoir être parents de ces enfants qui nous surpassent. Nous n’y sommes pas suffisamment préparés. On parle d’éducation parentale, mais peu nombreux sont ceux qui savent ce que cela veut dire. Si l’on dit à un parent qu’il néglige son enfant, il le nie du coup et se défend en énumérant tout ce qu’il lui met à disposition: argent, nourriture, tout, sauf une heure de bonne relation. On parle de négligence même lorsque, par ignorance, le parent croit à la sécurité de l’enfant qui ne décolle pas ses yeux d’Internet, du téléphone mobile ou de l’ordinateur portable.»
Afin de remédier à cette carence de l’éducation des parents et des enfants liée au comportement sur Internet, la Fondation « Sauvez les enfants”, en partenariat avec le ministère de l’Education de Bucarest, a publié le Guide d’utilisation d’Internet en conditions de sécurité”. Ce guide sera inclus dans le futur programme scolaire pour l’enseignement de l’informatique à l’école primaire et au collège, affirment les représentants du ministère. Il aidera à apprendre aux enfants comment éviter les pièges de la Toile. (Trad. : Dominique, Mariana Tudose)