L’histoire du rapatriement volontaire des migrants
La migration est un phénomène ancien qui s’est manifesté sur tous les continents. Les gens à la recherche d’une vie meilleure font le choix de partir pour un autre pays où ils se voient obliger de s’adapter à des situations inattendues. Parfois, le nouveau contexte de vie est tel qu’ils finissent par regretter leur décision initiale et souhaiter retourner au pays d’origine. L’Organisation internationale pour la migration appuie les migrants qui ne peuvent pas s’adapter au pays accueil par le biais du programme de rapatriement volontaire assisté. Depuis 1993, les migrants arrivés en Roumanie peuvent demander le rapatriement volontaire, mais ce n’est qu’en 2002 que le gouvernement de Bucarest a signé avec l’OIM un mémorandum qui met en place un cadre optimal de rapatriement volontaire assisté et de réintégration.
Ana-Maria Cononovici, 25.06.2014, 14:23
La migration est un phénomène ancien qui s’est manifesté sur tous les continents. Les gens à la recherche d’une vie meilleure font le choix de partir pour un autre pays où ils se voient obliger de s’adapter à des situations inattendues. Parfois, le nouveau contexte de vie est tel qu’ils finissent par regretter leur décision initiale et souhaiter retourner au pays d’origine. L’Organisation internationale pour la migration appuie les migrants qui ne peuvent pas s’adapter au pays accueil par le biais du programme de rapatriement volontaire assisté. Depuis 1993, les migrants arrivés en Roumanie peuvent demander le rapatriement volontaire, mais ce n’est qu’en 2002 que le gouvernement de Bucarest a signé avec l’OIM un mémorandum qui met en place un cadre optimal de rapatriement volontaire assisté et de réintégration.
Maria Voica, coordonnatrice des programmes à l’OIM, nous en fournit davantage de détails: «Le programme de rapatriement volontaire assisté et de réintégration offre la chance d’un nouveau commencement ; il est ciblé sur les migrants en situation irrégulière ou devenue irrégulière en Roumanie, qui peuvent ainsi regagner leurs pays d’origine, dans la dignité et en sécurité, munis aussi d’un petit bagage qui les aide à se lancer dans quelque chose de constructif et d’utile à leur famille et à leur communauté. »
Les migrants peuvent recevoir de l’aide pour acheter leurs tires de transport, ainsi que de l’assistance jusqu’à leur arrivée à destination. Les représentants de l’OIM dans les pays d’origine les accueillent à l’aéroport, les accompagnent jusqu’à domicile et leur offrent ensuite du conseil pour qu’ils puissent réintégrer les communautés respectives. Le conseil à la réintégration est une étape très importante, qui assure la dimension durable du projet.
Quel est le bilan au bout de deux années d’application de ce projet ? Maria Voica: « 280 personnes informées et conseillées au sujet du rapatriement volontaire ; notre cible avait été de 400 personnes, mais le nombre de migrants en situation irrégulière a beaucoup baissé. 32 suivent des formations professionnelles ou au management, mises en places par nos collègues de l’Association « Serviciul Apel », partenaire officiel de l’OIM dans la mise en œuvre de ce projet. 109 rapatriés volontaires, 20 bénéficiaires de paquets sociaux, produits alimentaires et vêtements, et 43 personnes ayant reçu du soutien et de l’assistance à la réintégration, dont 30 ont reçu les 1.200 dollars d’allocation — réintégration sous forme de biens et services. »
Le montant de 1200 dollars que le migrant peut toucher, lui sert pour acheter des biens et des services après son retour au pays. Avec cet argent il peut monter une affaire, soit une autre activité génératrice de revenus à long et moyen terme, s’inscrire à des cours de vocation et de réorientation professionnelle, afin de démarrer une nouvelle vie chez soi. Les rapatriements volontaires ont débuté assez lentement en 2006, avec une vingtaine de personnes par an, avant d’arriver à environ 300 personnes par an. L’inspection de la migration affirme que l’option du rapatriement volontaire offre au citoyen étranger en situation illégale une plus grande protection.
Mariana Dumitrache, officier chargé des immigrations: « Pour nous, c’est mieux de savoir qu’un ressortissant étranger décide de quitter le pays en tant que rapatrié volontaire. On ne doit plus le rechercher, parce que toute sorte de choses peuvent arriver à un migrant illégal en Roumanie. Il est confronté à l’insécurité ».
Adele a utilisé les services d’une agence de recrutement de Manilla pour trouver un emploi de nounou en Roumanie. Ecoutons son témoignage : « Je suis venue en Roumanie en octobre dernier, parce que je suis une mère seule et je dois payer l’éducation de ma fille. Je souhaitais travailler aux pays arabes, mais les gens de l’agence m’ont demandé : « pourquoi ne pas travailler en Roumanie ? C’est un pays européen, quand même » C’était une opportunité pour moi d’arriver en Europe, d’accomplir mon rêve ».
Ruby est également venue en Roumanie depuis les Philippines grâce à un contrat de nounou. Sur le marché roumain de l’emploi, les femmes philippines ont la réputation de remplir beaucoup de tâches dans la maison, puisqu’elles sont en même temps baby-sitters et femmes de ménage. Malheureusement, les agences de recrutement leur promettent parfis des conditions de travail et des salaires supérieurs à la situation sur le terrain.
Voici le témoignage de Ruby, une autre rapatriée philippine : « Au début, ils étaient très gentils, mais peu après mon employeur a changé d’attitude envers moi. Ils m’ont assuré que je n’avais à faire que du baby-sitting, après quoi ils m’ont demandé aussi de cuisiner, de nettoyer la maison, de faire la lessive, toute seule. C’était ok pour moi de travailler davantage, mais ils auraient dû me traiter mieux. C’est tout ce que j’ai demandé, mais ils n’ont pas voulu m’écouter. C’est pourquoi j’ai décidé de partir. »
Ce qui plus est, Adèle et Ruby n’ont même pas reçu les salaires promis. Au lieu de 400 euros, elles ont reçu 200 au premier mois, puis seulement 100 euros. C’est ce qui les a poussées à quitter les familles pour lesquelles elles travaillaient, devenant ainsi des migrantes illégales. Elles ont intégré le programme de rapatriement volontaire assisté. Aujourd’hui, elles sont à nouveau aux Philippines. Avec l’argent offert par l’OIM, Adèle a choisi de s’acheter une moto, afin de transporter des marchandises pour l’école de la localité qu’elle habite. Elle peut désormais payer les frais de scolarité de sa fille. (trad. Ileana Taroi, Alexandru Diaconescu)