Etre différent dans le système roumain d’enseignement
Il ne se passe presque pas un jour sans recevoir des informations sur toutes sortes de cours destinés aux enfants surdoués ou bien à ceux que les parents espèrent pouvoir faire intégrer cette catégorie. Et ce parce que depuis plusieurs dizaines d’années déjà, la Roumanie s’enorgueillit des résultats remarquables obtenus par les enfants surdoués à différents concours internationaux. C’est l’argument suprême invoqué pour soutenir le système roumain d’enseignement et pour minimiser les faibles performances des enfants normaux.
Ana-Maria Cononovici, 02.07.2014, 13:54
Pire encore, le système roumain d’enseignement s’avère vulnérable quand il s’agit de l’intégration des enfants atteints de déficiences. Selon les données 2013 fournies par la Direction Générale d’Assistance sociale et de protection de l’enfance, en Roumanie, sur les 72 mille 700 enfants présentant des déficiences près 24 mille 100, soit moins d’un tiers, fréquentent des écoles normales. Bien que la Roumanie ait adopté la législation européenne sur la protection de l’enfance et des personnes porteuses de déficiences et se soit engagée à assurer toutes les facilités nécessaires aux personnes handicapées, leur mise en place nécessite trop de temps et s’avère déficitaire.
Plusieurs organisations non-gouvernementales ont heureusement mis en place différents programmes d’intégration des enfants ayant des besoins particuliers. Parmi eux, celui intitulé « Redécouvrons l’école ». Démarré il y a trois ans, le programme est à l’heure du bilan, comme nous l’explique Daniela Visoianu, manager de projet : «A présent, on recense 1860 enfants qui ont participé aux colonies de vacances, ateliers, écoles d’été organisés dans le cadre du projet. Ils y ont pris part aux côtés de leurs parents. Le projet se donne pour but de montrer que les enfants à besoins particuliers peuvent réaliser eux aussi bien des choses de leur propres mains et en se servant uniquement de leur savoir. L’occasion également pour les parents d’avoir une autre perception de leurs enfants. On est très contents des résultats obtenus ».
Et comme le système d’enseignement devrait favoriser l’inclusion et l’apprentissage tout au long de la vie pour tous les enfants et les jeunes, quelle que soit leur situation, le projet « Redécouvrons l’école » s’est aussi attaché à trouver des solutions en vue de l’intégration sociale des enfants porteurs d’une déficience. Ainsi, des spécialistes étrangers et roumains ont-ils travaillé dans le cadre du programme avec les enfants et les parents, l’information étant réunie dans un manuel. Daniela Visoianu: « En effet, en 2013 nous avons lancé un manuel d’éducation alternative où l’on s’attarde longuement sur les enfants aux besoins éducationnels spéciaux et où l’on présente différents types d’activités et d’exercices à mettre en place en dehors du cursus traditionnel. Ce sont des méthodes adaptées à n’importe quel contexte scolaire afin d’améliorer l’interaction entre les pédagogues et les enfants. Elles s’avèrent également très utiles pour les parents. Le manuel contient aussi différentes recommandations issues des pédagogies alternatives reconnues en Roumanie. Des experts travaillant dans des établissements réputés du pays, tels celui de Simeria ou de Corabia et avec des enfants atteints de déficiences sévères y parlent de leur expérience et de la manière dont les pédagogies alternatives peuvent profiter à ces enfants. Il s’agit de 6 enseignements alternatifs autorisés par le ministère roumain de l’éducation, dont le plus connu est Step by Step. S’y ajoutent entre autres Waldorf, la pédagogie curative, le plan Jena, Montessori. »
La formation de pédagogues et de spécialistes de l’éducation en vue de l’inclusion des enfants aux besoins particuliers– c’est un autre objectif atteint dans le cadre du projet: 400 spécialistes accrédités par l’Autorité nationale pour les Qualifications peuvent déjà mettre en œuvre les méthodes de travail apprises et destinées aux enfants aux besoins spéciaux. A noter aussi linauguration à Bucarest d’une salle sensorielle.
Daniela Visoianu: «Il s’agit d’une chambre spéciale, idéale pour les thérapies destinées aux enfants aux besoins éducationnels spéciaux: le mobilier y est prévu de coussins et doté de différents équipements sonores vibrants, les enfants à dishabilités auditives pouvant capter les sons grâce aux vibrations. Le système d’éclairage lui aussi spécial –parce que fait d’ombres et de pénombres il est censé stimuler les enfants porteurs de déficiences visuelles. Autant d’éléments qui aident l’enfant à mieux travailler avec le thérapeute ».
Bref, toute initiative de ce type est la bienvenue et contribue à l’intégration des enfants déficients. (trad. : Alexandra Pop)