Les enfants les plus vulnérables de Roumanie
En Roumanie, 47,2% de la population vit à la campagne. A première vue, on pourrait penser que dans les zones rurales, les gens peuvent se procurer plus facilement de quoi vivre, en cultivant leur potager et en élevant des volailles et du bétail. Aussi, ne devraient-ils pas être très touchés par la pauvreté. Pourtant, les statistiques ne confirment pas cette idée. Le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté est 6 fois plus grand en milieu rural qu’en milieu urbain. Et, comme on pouvait s’y attendre, les enfants représentent la catégorie la plus vulnérable face à ce fléau — et pas uniquement en milieu rural — hélas : plus de la moitié des enfants roumains sont menacés de pauvreté ou d’exclusion sociale — ils en étaient 52,2% en 2011 — soit le chiffre le plus élevé dans l’UE. Cette situation se traduit par un grand nombre d’enfants qui souffrent de malnutrition et qui, de ce fait, ont des problèmes de santé ou abandonnent l’école. La situation est évidemment plus dramatique dans les villages – affirme Daniela Buzducea, chargé des activités de promotion au sein de la fondation « World Vision » de Roumanie. « Les enfants de Roumanie souffrent de malnutrition. Un grand nombre d’études confirment le fait qu’un enfant sur 10 est mal nourri jusqu’à l’âge de 3 ans. Cette situation s’explique par le fait que la mère ne se nourrit pas bien et ne nourrit pas son enfant non plus — d’où d’importantes carences en fer chez les deux. Dans le cadre d’une étude que nous avons réalisée, nous avons voulu savoir si les enfants étaient bien nourris. Nous avons constaté qu’un enfant sur 10 se couchait sans avoir dîné. De telles carences alimentaires détermineront, des années après, des problèmes de santé, chez tous ces jeunes, même à l’âge adulte.
Christine Leșcu, 15.01.2014, 14:33
L’abandon scolaire est un problème tout aussi sérieux, car il diminue les chances des ces enfants de trouver un emploi, plus tard dans la vie. Daniela Buzducea : « Nous assistons, ces dernières années, à une augmentation constante du nombre d’enfants qui ne sont pas scolarisés. Environ 40 mille enfants quittent l’école chaque année pendant la période de scolarité obligatoire. La situation est encore plus grave en milieu rural, où, selon une étude de « World Vision », la distance que les enfants doivent parcourir pour aller à l’école est une des principales causes de l’abandon scolaire. Aux examens nationaux, ces enfants obtiennent des résultats inférieurs à ceux des enfants du milieu urbain. Ce qui traduit également une différence de qualité entre l’éducation scolaire dispensée dans les deux milieux.
Que faut-il faire pour améliorer la situation de ces jeunes ? Les organisations non-gouvernementales — dont la fondation « World Vision » – déroulent des programmes au bénéfice des enfants pauvres, en leur offrant de l’aide par le biais aussi bien des petites communautés où ils sont nés que de la grande communauté dont ils font également partie. « Donneur d’avenir » est un tel programme. Oana Şerban, attachée de presse de la fondation « World Vision » nous le présente: « Par le programme «Donneur d’avenir», nous essayons de déterminer un retour de l’esprit civique dans nos vies. Nous collaborons avec les autorités locales, avec d’autres ONGs et même avec des partenaires commerciaux. Il est très simple de rejoindre ce programme. La contribution mensuelle de chaque donneur s’élève à 68 lei — soit quelque 15 euros. Les enfants que le donneur choisit, ainsi que toute la communauté bénéficient de cette aide. Réunies dans un fonds commun, les sommes versées servent à financer des projets pour la communauté respective. Par exemple: doter les écoles de laboratoires ou d’ordinateurs, ou de fournitures scolaires ou les connecter au réseau d’eau potable ou d’électricité. Il existe nombre de choses que l’on peut faire pour ces jeunes. 600 enfants sont inscrits dans ce programme et nous avons déjà trouvé des donneurs pour 160 d’entre eux. Nous avons donc encore du travail devant nous. »
Le programme « Donneur d’avenir » encourage la relation entre le donneur et l’enfant auquel son aide est destinée. Ils entretiennent une correspondance et, le plus souvent, le donneur se rend sur place pour voir de quelle façon la communauté vient en aide aux enfants, en utilisant les fonds qu’il lui offre. Cela encourage l’esprit d’entreprise dans les villages, autrement dit, on apprend aux gens à pêcher — estime le pianiste Nicolae Dumitru, qui compte parmi les donneurs. « Le programme «Donneur d’avenir» est censé tirer les gens de l’apathie, les secouer un peu. Cela se distingue des donations habituelles. On ne se contente pas d’envoyer une somme d’argent dont on va acheter des livres d’école ou des chaussures ou préparer des colis contenant de petits vêtements. Je pense qu’en voyant ce qui s’y passe, nous pouvons exercer un impact beaucoup plus grand sur les personnes avec lesquelles nous entrons en contact. Ces enfants ont besoin, de temps à autre, d’une impulsion, d’un flot d’énergie qui les pousse à agir pour changer leur destin. »
Pour l’instant, le programme «Donneur d’avenir» est appliqué uniquement dans quelques communautés rurales du département de Dolj — zone du sud du pays où se trouve le plus grand nombre d’enfants vivant dans des conditions de pauvreté extrême. Si des donneurs intéressés sont dépistés, le programme sera élargi à d’autres zones du pays. (Trad. : Dominique)