La consommation d’alcool chez les Roumains
La Roumanie fait partie des pays européens les plus grands consommateurs d’alcool. Il serait difficile d’observer un profil exact de l’alcoolique, mais les experts affirment que le facteur génétique y est pour beaucoup. Les personnes avec des parents du premier degré ayant eu une addiction risquent de développer elles-mêmes une telle dépendance. Selon les données de l’Alliance pour la lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies (ALIAT), les Roumains consomment annuellement environ 9 litres d’alcool pur par habitant.
România Internațional, 08.01.2014, 13:16
La Roumanie fait partie des pays européens les plus grands consommateurs d’alcool. Il serait difficile d’observer un profil exact de l’alcoolique, mais les experts affirment que le facteur génétique y est pour beaucoup. Les personnes avec des parents du premier degré ayant eu une addiction risquent de développer elles-mêmes une telle dépendance. Selon les données de l’Alliance pour la lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies (ALIAT), les Roumains consomment annuellement environ 9 litres d’alcool pur par habitant.
Par ailleurs, l’OMS met en garde contre la tendance ascendante de la consommation d’alcool chez les adolescents et les jeunes du monde entier. N’empêche. Les autorités roumaines ne disposent pas d’un programme solide de prévention de la consommation d’alcool ou de récupération de dépendance à l’alcool, opine Dan Prelipceanu, psychiatre et président d’honneur de l’Alliance pour la lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies (ALIAT): « C’est un gros problème irrésolu en Roumanie et en Europe. On constate depuis longtemps un manque d’intérêt, voire une sorte d’indifférence de la société et des responsables envers le problème de l’alcool qui du point de vue des coûts sociaux est extrêmement important. Il s’agit de dizaines de milliards d’euros représentant des dépenses liées à l’abus d’alcool. Il s’agit des coûts directs des complications médicales et des coûts indirects des décès prématurés, des retraites, des années perdues, des traumas subis par les mineurs des familles alcooliques, de la violence domestique. »
Pour ce qui est du mythe selon lequel un verre de vin par jour est bénéfique pour la santé, les spécialistes affirment que cela est valable uniquement dans le cas des non-fumeurs. Les statistiques relèvent que la Roumanie compte près de 2 millions de consommateurs d’alcool en excès, 70% des cas de violence domestique et près de 50% des crimes étant provoqués par l’ivresse. En clair, 7 personnes subissent les conséquences de la dépendance à l’alcool d’une autre.
Selon les données de l’OMS, l’usage nocif de l’alcool entraîne plus de décès que le SIDA et la tuberculose pris ensemble. En Roumanie, la consommation excessive de boissons alcoolisées tue une centaine de personnes par an. Dan Prelipceanu : « Cette situation est à retrouver dans tous les pays, mais chez nous elle est plus accentuée. L’alcool est une drogue légale et beaucoup de personnes en profitent pour développer des affaires prospères. C’est la culture dans laquelle nous vivons ».
L’Alliance pour la lutte contre l’Alcoolisme et les Toxicomanies, est une association de professionnels fondée en 1993. C’est elle qui a ouvert, il y a trois ans, deux centres de soins intégrés, à Bucarest et à Târgoviste. C’est le premier projet de traitement gratuit de la dépendance à l’alcool de Roumanie, financé de fonds européens.
Ces trois dernières années, les spécialistes ALIAT ont oeuvré bénévolement auprès de 1200 patients, la plupart entre 25 et 54 ans. Parmi ceux-ci, 66% étaient titulaires d’un certificat d’études moyennes ou supérieures, tandis que 42% avaient un emploi au moment où ils ont eu recours aux services mis à leur disposition par l’association. C’est depuis une vingtaine d’années qu’ALIAT donne un coup de main aux victimes de la consommation de drogues ou d’alcool. Passons le micro à Gabriela Bondoc, directrice médical de l’alliance: « Au bout de vingt ans d’activité, je peux affirmer qu’ALIAT a offert le traitement à plus de 18.300 personnes souffrant de différents troubles provoqués par l’alcool et la drogue. En tant que l’organisation de lutte contre l’addiction à l’alcool la plus grande de Roumanie, nous sommes intervenus dans tous les domaines d’action contre l’alcoolisme. On a déroulé des activités allant de programmes de prévention mis en place dans les écoles jusqu’aux programmes de prise de conscience des effets de la consommation d’alcool. Notre association a également formé plus de 800 spécialistes alcoologues et puis c’est toujours à nous que le marché roumain du livre doit les principaux titres de la littérature de spécialité, qui est d’importation ».
A 40 ans, Adrian Mihai figure parmi les bénéficiaires des programmes menés par ALIAT. Cela fait déjà huit mois qu’il n’a plus touché à l’alcool, malgré un job qui implique justement le rangement des bouteilles dans un supermarché. Il s’est mis à boire à l’époque de son service militaire. Au début, par pur plaisir. Ensuite, par addiction. Exaspérée par ses longues absences de plus en plus répétées, son épouse lui a conseillé de voir un médecin. C’est à peine au moment où il s’est rendu compte qu’il buvait 7 litres de bière par jour qu’Adrian a compris que son problème était sérieux. « Je buvais jour et nuit. Mes capacités de travailler diminuaient petit à petit. Les scandales en famille se multipliaient. Je jetais l’argent par la fenêtre. Ma famille m’a poussé à renoncer à l’alcool. Au début, j’avais des tentatives de reboire après deux à trois mois. J’ai même été hospitalisé dans des centres privés où j’ai pas mal déboursé pour me faire soigner, mais en vain. La chance m’a finalement souri au moment où j’ai rencontré l’équipe ALIAT qui a su comment m’aider à ouvrir les yeux. J’ai réussi à renaître ».
Adrian Mihai est l’un des 1200 patients ayant bénéficié des soins gratuits offerts par ALIAT. Malheureusement, depuis décembre dernier, l’alliance est restée dépourvue de financement européen, ce qui pousse les patients à couvrir entièrement la facture: presque 1500 euros pour trois mois de soins. Or, une étude récente nous apprend que rien qu’en 2013, les hôpitaux roumains ont déboursé plus de 550.000 euros pour soigner les alcooliques dans les services d’accueil des Urgences…(trad. : Ioana Stancescu, Alexandra Pop)