Le programme SHE en Roumanie
Bien que la Roumanie ait fait des progrès importants dans la lutte contre l’infection par le VIH, le besoin d’information et d’éducation dans ce domaine n’est pas comblé.
România Internațional, 21.08.2013, 15:33
Bien que la Roumanie ait fait des progrès importants dans la lutte contre l’infection par le VIH, le besoin d’information et d’éducation dans ce domaine n’est pas comblé.
Un programme spécial destiné aux femmes séropositives a récemment été lancé. SHE — un sigle en anglais qui vient de Strong, HIV Positive, Empowered Women – est en fait un programme européen élaboré et appliqué, depuis 2010, par des médecins spécialistes du SIDA et qui s’occupent aussi des femmes infectées par ce virus. Le programme est censé soutenir les quelques 5.200 femmes séropositives de Roumanie, qui ont besoin d’informations, de conseils, de chances égales sur le marché de l’emploi, mais aussi de respect et de confiance.
Selon le chef de l’Institut national des maladies infectieuses “Matei Balş” de Bucarest, le professeur Adrian Streinu Cercel, quelque 250 mille tests de séropositivité sont effectués annuellement en Roumanie, dont plus de 25% à l’initiative des patients. Toutes les personnes dépistées séropositives bénéficient d’un traitement gratuit par le programme national de lutte contre le SIDA, lancé en 1997.
L’infection par le virus du SIDA est de nos jours une maladie chronique contrôlable sur le long terme, si les patients suivent le traitement à la lettre et ne l’abandonnent pas. C’est peut-être pourquoi la Roumanie enregistre le taux le plus élevé de survie des personnes séropositives au niveau européen depuis que cette maladie sévit sur le continent.
Les médecins de Roumanie préconisent des tests pour toutes les femmes enceintes, pour que les futures mères dépistées séropositives puissent prendre à temps des mesures de protection de leur enfant. Selon les médecins, le risque qu’une femme séropositive mette au monde un enfant séropositif peut être complètement écarté.
Le professeur Adrian Streinu Cercel explique: « Il y a des années déjà, en 1997-1998, la Roumanie a eu une position très claire en ce qui concerne ce programme et proposé que les femmes enceintes fassent des tests de dépistage du virus de l’immunodéficience humaine. Les données recueillies au fil du temps prouvent que les chances d’une femme séropositive de mettre au monde un bébé sain approchent les 100%. C’est bien notre responsabilité de faire ces tests qui sont gratuits, mais il faut aussi que la personne les accepte. 40% des femmes enceintes qui refusent ce test et qui ignorent qu’elle sont séropositives mettront au monde des enfants séropositifs. »
Quelque 11.500 personnes séropositives sont recensées en Roumanie, dont plus de 5.200 femmes. La moitié d’entre elles sont âgées de 20 à 24 ans, âge auquel, la plupart envisagent d’avoir un enfant. C’est pourquoi le programme est tellement nécessaire et important: « Nous avons un grand nombre de femmes nées à la fin des années ’80 et au début des années ’90 qui sont séropositives et qui non seulement souhaitent, mais ont vraiment la chance de mener une vie normale, vu qu’actuellement l’espérance de vie des séropositifs est proche de celle des personnes qui ne le sont pas. Le traitement que nous appliquons, depuis 1995 déjà, a porté ses fruits. Après la déclaration de New York en 2001, lorsque les représentants de tous les Etats du monde se sont réunis pour discuter de l’accès universel à la thérapie, la Roumanie a été un des premiers pays au monde à le mettre en place, dès 2002. Des mesures que la Roumanie applique depuis 1998, les Etats-Unis se proposaient de les adopter en 2012-2013. »
754 nouveaux cas d’infection par le virus du SIDA ont été dépistés l’année dernière en Roumanie, dont 213 femmes et 541 hommes. 19 étaient des enfants de moins de 14 ans. Pour 18 d’entre eux, l’infection s’est le plus probablement transmise de la mère au bébé.
En Roumanie, la transmission de l’infection de la mère au fœtus pendant la grossesse a connu une baisse importante, descendant à 5% – taux qui compte parmi les plus bas d’Europe — affirment les médecins.
Le docteur Mariana Mardarescu de l’Institut national des maladies infectieuses “Matei Balş” de Bucarest précise: « Fait important et intéressant à signaler, en Roumanie le nombre de nouveaux cas dépistés chez les adultes a enregistré une hausse très lente. Depuis une vingtaine d’années l’incidence et la prévalence sont faibles. La Roumanie compte actuellement un grand nombre de survivants séropositifs à long terme, des personnes nées entre 1988 et 1990. Plus de 8000 malades sur les 9.800 enregistrés bénéficient d’une thérapie antirétrovirale. Nous essayons de gérer la situation du point de vue non seulement du traitement, mais aussi de la prévention — notamment par des tests appliqués aux femmes enceintes, des discussions avec les couples et toute prophylaxie s’adressant à la femme en général, à la femme enceinte en particulier, ainsi qu’au bébé après sa naissance. Quant à la transmission de la maladie, dans la plupart des cas, la voie est hétérosexuelle, aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Pourtant, il est important de souligner une augmentation du nombre de cas d’infections chez les consommateurs de drogues injectées par voie intraveineuse — augmentation plus importante chez les hommes que chez les femmes. »
Des événements seront organisés ce printemps dans le cadre du programme SHE dans 3 grandes villes roumaines : Bucarest, Constanţa et Iaşi, afin d’informer les femmes séropositives et de faciliter la création de groupes de support psychologique. Des activités sont également prévues dans les principaux hôpitaux et cliniques de ces villes, destinées aux professionnels de la santé qui assurent le diagnostic, le traitement et la suivi des femmes séropositives.
Plus de 34 millions de cas d’infection par le virus du SIDA sont actuellement recensés dans le monde – soit 30 millions d’adultes, dont 16 millions sont des femmes. (trad. : Dominique)