Des femmes, rue de Mătăsari
Un festival déjà traditionnel à Bucarest.
Ana-Maria Cononovici, 13.06.2023, 06:16
Le
dernier weekend du mois de mai a été bien rempli d’événements, rue Mătăsari, à
Bucarest. Tee-shirts avec des messages originaux, glace artisanale, barbe
à papa multicolore, plats exotiques indiens ou asiatiques, burgers délicieux,
boissons faites maison, cocktails inédits mais aussi du Prosecco véritable,
voici les ingrédients d’un festival urbain très apprécié, appelé « Des
femmes, rue de Matasari ». Cela fait 11 ans déjà que cette rue de la
capitale roumaine accueille de tels événements, qui ont contribué à changer sa
réputation plutôt négative des décennies passées, comme lieu de trafic de la
drogue et de prostitution. Ce festival urbain, qui y est organisé depuis une
décennie, a changé, donc, la signification de l’expression « Des femmes,
rue de Mătăsari ». Dès les premières éditions, cette manifestation a radicalement
changé l’aspect de cet endroit. Depuis, les jardins et les maisons des
riverains accueillent des ateliers de peinture, de couture et de bijoux faits à
la main. S’y ajoutent des espaces consacrés aux antiquaires et aux conférences.
Parmi
les participants au festival, nous avons rencontré : Marius Chirca, le
vice-président de l’Association Kola Kariola, qui facilite l’adoption des
chiens. Pourquoi était-il venu au festival ? Marius Chirca répond :
« Nous venons ici pas forcement pour collecter
des fonds, mais plutôt pour socialiser avec les gens qui nous soutiennent en
ligne, surtout des gens de Bucarest ou du département d’Ilfov (qui l’avoisine).
Nous avons, en fait, plus de 400 000 abonnés en ligne et c’est une bonne occasion
de partager des histoires. D’ailleurs, sur Facebook ou Instagram, où nous
promouvons notre activité, on ne peut pas tout raconter. Ici, nous leurs
offrons des matériels promotionnels et même des chiens à adopter. Quand on travaille sans cesse dans l’intérêt des
animaux, dans un domaine plein de tristesse et de douleur, un tel festival est
aussi une occasion de nous divertir. Nous avons déjà fait la connaissance de
personnes qui souhaitent adopter des chiens.»
Ilinca
Andrei est une autre participante au Festival. Elle y est venue pour faire la
promotion de bracelets écrits en code Morse. Ilinca Andrei explique :
« Chaque bracelet que nous
créons porte un mot écrit en code Morse. La petite carte qui accompagne le
bracelet contient tant le mot en code Morse, avec des lignes et des points, que
le mot correspondant en langage normal. Notre idée était d’avoir un message
personnalisé, mais en même temps secret. J’ai exploré plusieurs variantes et le
code Morse m’a paru la plus ingénieuse pour codifier un message, surtout sur un
bracelet. Les mots que nos clients recherchent le plus souvent sont ceux du
champ lexical de la famille, donc « mère », « père »,
« frère », « sœur », mais nous avons aussi des mots anglais
très recherchés, tels « love »/ « amour »
« hug »/ « embrassade », « hope »/«espoir » ,
ou bien « faith »/ « foi ».
Plein
de gens ont parcouru ce weekend-là la fameuse rue de Matasari de Bucarest, si
bien qu’elle était devenue archipleine. Des enfants s’y amusaient aussi en se
mettant, espace de quelques secondes, dans des ballons ressemblant à d’énormes
bulles de savon. Nous avons découvert aussi un atelier pour apprendre aux
enfants à fabriquer des bougies. Nous avons discuté avec Andreea Şerpe, qui
tenait un stand original, proposant une variété impressionnante de bougies en
forme de pâtisseries. Des formes et des couleurs plus ravissantes les unes que
les autres, qui donnaient davantage l’impression d’être dans un salon de thé. Andreea
Şerpe nous lance son invitation :
« Je fabrique des bougies en
cire de soja et en forme de pâtisserie. Je propose plusieurs styles de bougies,
en pot, des bougies pour l’aromathérapie, nous utilisons des parfums et des
ingrédients naturels autant que possible. Nous organisons aussi des ateliers
pour les enfants. Nous disposons de pots qu’ils peuvent décorer avec des
fleurs, des fruits, des morceaux de chocolat, des bonbons, le tout – en cire
bien évidemment. Pour cela nous utilisons de la cire froide, afin d’éviter les
risques de brûlure. Il est déjà arrivé à deux ou trois enfants de croquer dans
nos macarons et ils ont été très déçus de constater qu’ils étaient en cire, ils
se sont mis à pleurer même. »
D’ailleurs les produits naturels, faits main ou faits maison, sont le plus souvent
présents dans de tels festivals urbains, en Roumanie. C’est une bonne occasion
pour les petits producteurs locaux de présenter leurs créations. Il en va de
même pour Cezar Proca, lui aussi présent sur le festival, où il proposait des
produits naturels, ornés de décorations faisant aussi référence à la nature. Il
nous a les a présentés :
« Je suis venu sur le festival
avec des produits de soin pour la peau, bio, des produits bien-être, des huiles
obtenues grâce à un mélange de plantes et de graines biologiques pressées à
froid. On les récupère goutte à goutte et on en fait des produits de soin pour
la peau. Pour ce qui est de la décoration, nous avons ramené des terrariums
contenant des plantes, du bois, parfois les deux, ainsi que des pots en
céramique peints à la main. Nos digestifs et eaux toniques sont fabriqués à
partir de plantes macérées dans de la Palincă (une eau-de-vie) de Satu Mare
(nord), nos thés sont à base de plantes pressées. Un seul sachet permet de
faire infuser 2 litres de thés. L’un de nos digestifs permet, par exemple,
d’apaiser le système nerveux grâce aux vertus de la menthe et à la colophane
qu’il contient. Il aide à la digestion, après le dîner par exemple. Il permet
aussi de désinfecter la bouche et de faciliter le sommeil. Notre boisson amère
est fabriquée selon une recette de la docteure – ingénieure Iuliana Barbu de la
pharmacie Nature, une recette testée et approuvée depuis plus de 20 ans ! »
Comme
chaque année, la rue Matasari s’est animée dès 18h avec des concerts live dont
le public a pu profiter pleinement et ce malgré quelques épisodes de pluie à
intervalle régulier. (Trad. Andra Juganaru, Charlotte Fromenteaud)