Projets pour les mères et les enfants
Ana-Maria Cononovici, 21.06.2022, 13:30
Chaque
année, en Roumanie, le mois de juin est l’occasion de célébrer l’enfance et les
enfants, notamment le 1er du mois, avec la « Journée de
l’enfance ». Cette journée a été instaurée en 1925, après que se soient
réunis à Genève les représentants de 54 Etats dans le cadre de la Conférence
internationale pour la protection et le bien-être des enfants, à l’issue de
laquelle ils adoptèrent la Déclaration sur les droits des enfants. Depuis, de
nombreux pays fêtent la « Journée de l’enfance ».
Nous
nous sommes rendus dans l’un des centres communautaires de Bucarest, dans
lequel le bien-être des enfants et des parents est une priorité. Nous avons
assisté à une série d’ateliers auxquels parents et enfants ont participé, et
avons constaté les résultats.
Melania
Medeleanu, l’une des fondatrices du centre, nous raconte : « Initialement, le Centre communautaire Zi de
bine a ouvert ses portes pour les Ukrainiens. Mais le 1er juin, à
l’occasion de la Journée de l’enfance, nous avons aussi choisi d’accueillir des
Roumains. Nous avons accueilli des enfants accompagnés de leurs mères. Le
matin, nous avons organisé un atelier de gymnastique pour les mères et leurs
nourrissons. C’était vraiment chouette, les enfants n’ont presque pas pleuré.
Ensuite, nous avons organisé un atelier de tambours africains. Mihai Axinte
joue du tambour africain, et les enfants sont très impatients de jouer à leur
tour. C’est le premier évènement de ce genre que nous organisons, même si le
centre fonctionne sur ce modèle depuis déjà trois mois avec les réfugiés
d’Ukraine. Ici ils peuvent suivre des cours de roumain, d’anglais, de yoga, et
les enfants faire de l’art thérapie et prendre des cours de danse. Ils viennent
au centre 4 fois par semaine et passent la journée ici. Nous accueillons plus
de 500 Ukrainiens avec leurs enfants, et nous sommes vraiment ravis qu’ils se
sentent bien chez nous, qu’ils disposent d’un lieu accueillant où se retrouver,
où participer aux ateliers et, si besoin, où exprimer leurs émotions
librement. »
Alexandra
Axinte, organisatrice du « Lundi du bien-être » rajoute : « Aujourd’hui
nous organisons plusieurs ateliers. Nous sommes lundi, et nous avons décidé de
commencer la semaine du bon pied, c’est pour cette raison que nous avons appelé
ça le « Lundi du bien-être » et le Centre communautaire Zi de bine. Nous cherchons à jeter les bases pour
construire ensemble une communauté, dont nous avons commencé à semer les
graines avec les parents et les enfants. Nous avons organisé plusieurs
évènements pour apprendre à nous connaître. Un peu plus tôt aujourd’hui les
mères et leur nourrisson sont venus danser et faire de la gymnastique. Nous
avons ensuite accueilli un atelier autour du partage des émotions, pendant
lequel nous avons construit ensemble une « carte des émotions » avec
les enfants âgés de 5 à 8 ans. Maintenant vous pouvez entendre les sons de
notre atelier de tambour africain, qui accueille petits et grands, tous âges
confondus, et qui vont découvrir ensemble toutes sortes de rythmes. L’objectif
est de créer du lien, de trouver des moyens de se réunir, au-delà des mots, en
passant par le mouvement, la musique ou les émotions. Ensuite, de chercher
ensemble quels sont les besoins de chacun à ce moment-là, et de choisir ce
qu’il y a de mieux pour construire ensemble ce centre communautaire. »
Nous
avons demandé à Alexandra Axinte quels retours elle a eu au sujet de cette
journée : « Les mères qui sont
venues le matin étaient ravies comme tout. Lorsque l’on vient tout juste de
donner naissance à son enfant, c’est super de pouvoir rencontrer d’autres
femmes dans la même situation, pour faire connaissance et échanger sur son
expérience. Elles en ont vraiment besoin d’ailleurs ! Celles qui ont
participé à l’atelier suivant, sur les émotions, ont pu se détendre pendant que
nous prenions en charge leurs enfants. Elles ont pu profiter de la terrasse. Et
maintenant on entend les applaudissements, les gens sont debout et semblent
s’amuser, donc les retours jusqu’ici sont plutôt très positifs ! »
Alina
Tofan, actrice et éco-performer, a partagé avec nous son expérience : « J’ai animé un atelier d’art-thérapie.
Nous avons travaillé autour de ce que j’appelle « la carte des
émotions », qui permet aux enfants de prendre conscience des contours de
leur corps. Ils sont encore petits, et commencent à appréhender l’espace, les
limites de leur corps. Je les ai fait travailler avec leur imagination, en les
encourageant à être créatifs et spontanés. L’atelier a été adapté aux besoins
et aux exigences de chaque enfant. Aujourd’hui ils étaient quatre à participer.
Souvent ils sont jusqu’à douze. C’est mieux d’être moins nombreux, cela permet
de mieux les accompagner. Travailler avec un petit groupe présente des
avantages. Car les enfants apprennent plus vite des uns des autres. Nous avons
fait un autre exercice avec des pochettes cadeaux recyclées. Les enfants ont fabriqué
un personnage en papier qui s’exprimait ensuite à leur place pour parler de ses
émotions. Ils ont tout collé et monté ensemble. Cela leur a aussi permis
d’apprendre à travailler en équipe, d’être attentifs aux besoins des autres, de
s’inspirer du travail de leurs camarades. Ensuite chacun s’est présenté, en
racontant l’histoire du personnage qu’il avait construit : son parcours,
sa vie, ce qu’il représente de l’enfant, quelles sont ses peurs et ses
préoccupations. C’est la partie créative, celle qui s’exprime par le langage.
C’est fascinant de voir la vitesse à laquelle on apprend à se découvrir par ce
biais, à découvrir comment chaque enfant créée des liens, à comprendre leur
univers. C’est un très bon exercice pour apprendre à se faire confiance, mais
aussi à faire confiance aux autres. C’est plus facile pour eux de travailler ça
en groupe. »
Alina
Tofan ajoute : « Nous avons observé
que les enfants étaient très disponibles. Chaque groupe est différent, mais
ceux que j’ai rencontrés aujourd’hui connaissent très bien leurs propres
limites : ce qu’ils veulent et ne veulent pas. Je pense qu’ils peuvent
encore être encouragés à exprimer davantage leur créativité. J’ai remarqué quelques blocages dans
l’expression de leur créativité. Elle existe dans le discours, dans
l’intention, mais dès qu’il s’agit de passer à la pratique, j’ai observé
beaucoup de blocages. Cela m’a beaucoup surprise car c’était le contraire avec
les autres groupes avec lesquels j’avais travaillé auparavant. Ils sont souvent
plus à l’aise dans la pratique, mais moins avec le langage. Chaque groupe a
donc ses spécificités, et je pense que les enfants aujourd’hui connaissent et
savent exprimer leurs besoins et leurs envies, et l’avenir leur tend les
bras. »
Nous
sommes ravis d’avoir découvert ce beau projet qui apporte la joie dans le cœur
des enfants et des parents. Un projet qui permet aux petits et aux grands de se
retrouver, d’échanger, de créer des liens et d’avoir un lieu pour exprimer des
émotions parfois difficiles à gérer. (Trad. Charlotte Fromenteaud)