Însoţitul de Sântoader
Nous nous rendons aujourd’hui dans le sud-est de la
Transylvanie, dans le département d’ Hunedoara, dans le comté de Hațeg, un lieu
à l’empreinte historique et ethnographique marquée, respectueux des coutumes
traditionnelles. C’est là bas que se trouve le « Géoparc des dinosaures de
la contrée de Haţeg », classé au patrimoine de l’UNESCO, qui met à
l’honneur la culture et les valeurs locales.
Ana-Maria Cononovici, 29.03.2022, 13:40
Nous nous rendons aujourd’hui dans le sud-est de la
Transylvanie, dans le département d’ Hunedoara, dans le comté de Hațeg, un lieu
à l’empreinte historique et ethnographique marquée, respectueux des coutumes
traditionnelles. C’est là bas que se trouve le « Géoparc des dinosaures de
la contrée de Haţeg », classé au patrimoine de l’UNESCO, qui met à
l’honneur la culture et les valeurs locales.
Un tel exemple de traditions est « Însoţitului de Sântoader » (l’accompagnement de Sântoader) ,
développé récemment par l’Association des femmes de Sântămăria Orlea, en
partenariat avec le Géoparc. Silvia Szakacs
Mikes, présidente de l’association nous donne de plus amples
informations :
« La plus part de nos projets ont été mis sur pied en partenariat avec
le Géoparc. Ce dernier permet de catalyser les énergies et de promouvoir tout
ce qui se passe dans la contrée de Haţeg, tout ce qui mérite d’être mis en
avant sur le plan naturel ou culturel. L’un des objectifs du Géoparc est l’éducation.
Celle-ci se fait dans un cadre organisé. Chaque école accueille un club de géo-explorateurs
qui vont mettre en place de superbes projets tout au long de l’année. Cela
permet aux enfants d’apprendre ce qu’est un géoparc, d’avoir des informations
sur leur région, de prendre conscience de l’importance de la nature, mais aussi
des patrimoines naturels et culturels. Apprendre à les connaître, d’une part,
mais aussi à les mettre en valeur. L’un de ces projets était justement celui de
« Însoţitul de
Sântoader ». »
Silvia Szakacs Mikes, présidente de l’Association des
femmes de Sântămăria Orlea nous explique en quoi consiste exactement cette
coutume :
« C’est une coutume très ancienne, consacrée au bonheur des enfants,
mais qui est en train de se perdre. Le terme « Însoţitul » veut dire
« se lier d’amitié », mais c’est aussi un concours. Au cours des
dernières années, nous avons réussi à redonner un souffle nouveau à cette
tradition. De quoi s’agit-il exactement : c’est une très belle tradition,
une occasion pour laquelle nous préparons des gâteaux de Sântoader, faites en
pâte à pain, une pâte que l’on étire et que l’on tresse pour en faire des
galettes. Elles se distinguent par leur croute en forme de fleur, faite elle
aussi avec la pâte. Même si la pâte utilisée dans ce cas est un peu plus dense,
car on y ajoute un peu plus de farine afin de pouvoir lui donner la forme
désirée. On l’étire ensuite, avant de la couper, de l’enrouler et de la
disposer sur les galettes. Après quoi on enfourne le tout, on fait cuire et
lorsqu’elles sont prêtes on les garde jusqu’au dimanche matin, au moment de la
célébration. Les fleurs en pâtes sont ensuite retirées des galettes avec soin,
et sont ornées de fleurs, de violettes, de jacinthes, de perce-neiges, selon ce
que l’on va trouver ce jour-là. Elles doivent être légères afin de pouvoir
flotter sur l’eau. Cette célébration génère beaucoup d’énergie ! Les
enfants sont absolument ravis. Vous devriez voir la joie irradier leurs
visages, ils sont contents comme tout ! »
Comme chaque année, les enfants ont préparé ces galettes
dans la joie et la bonne humeur. Ils ont pu les faire cuire chez les différents
organisateurs, car il n’existe malheureusement plus de four à pain
traditionnel. Après la cuisson, les enfants ont eu la joie de déguster les
galettes. Les petits rouleaux de pâtes ornés de fleurs ont quant à eux été
déposés sur un ruisseau, comme le veut la tradition. Silvia Szakacs Mikes nous
donne les détails.
« C’est un peu comme un concours. On dépose les rouleaux de pâte sur
une planche ou un battoir à linge, puis on les coule. Ceux qui remontent à la
surface gagnent ! on les appelle les « grands maris ». Il y a de
quoi être fier ! Mais d’autres aiment aussi suivre les rouleaux le long du
cours d’eau, c’est comme une course, la position des rouleaux change en
fonction du cours de l’eau. Nous avons réussi à transmettre aux enfants l’art
de préparer ces rouleaux. Ils mettent la main à la pâte dès le début. Ils
apprennent à lever la pâte, à la pétrir, et à fabriquer seuls les petits
rouleaux. Ca les rend très heureux ! Pour moi c’est une expérience
extraordinaire, nous parvenons à leur transmettre ces traditions, pour qu’ils
puissent un jour les transmettre à leur tour, je suis certaine qu’ils en auront
envie. C’est aussi une joie de faire cette activité ensemble, cela créée du
lien. Je me souviens de ma grand-mère, qui, jusqu’à un âge très avancé, continuait
à appeler « ma femme » ses amies qu’elle côtoyait depuis l’enfance.
C’est une coutume formidable qui mérite d’être perpétuée. »
L’enfant dont le rouleau de pâte voyage le plus vite sur le ruisseau est
appelé « le grand mari » ou « la grande épouse ». Mais la
première obligation des vainqueurs pour honorer leur titre est d’offrir aux
autres enfants du jus de fruits et des friandises ou des gâteaux. On dit même
que les amitiés forgées pendant la fête de Sântoader durent toute la vie.
Notre interlocutrice nous a raconté qu’elle avait elle-même participé à des
festivités similaires dans son enfance. Et que la seule différence entre les
fête d’autrefois et celles d’aujourd’hui, c’est que les enfants sont maintenant
moins nombreux dans les villages. La joie reste immense malgré tout, et il est
possible de partager ces traditions avec les plus petits, qui, il faut
l’espérer, auront eux aussi envie de les partager plus tard avec les
générations futures. (Trad : Charlotte Fromenteaud)